journal intime
8 _ Jeudi 12 septembre 2002

Téléphone

Hier, on était le 11 septembre…Ils nous ont bien gavés toute la journée avec leurs vidéos des attentats sur New-York de l'année dernière. Franchement tout ça, ça me donne envie de faire un truc à la Thiéfaine quand il parle de mai 68 :
Le 11 septembre dernier, un chinois de Casablanca, en vacances à Londres, glisse sur une pièce russe de cinq kopeks à l'effigie du président de la Nouvelle-Guinée. Alors qu'il se retrouve nez-à-nez avec la pièce, il se dit : " zut j'ai oublié de sortir les poubelles ! ". Et ce fut le seul évènement marquant de cette journée du 11 septembre…
Ce matin j'ai fait une bêtise : mon réveil a sonné deux heures trop tôt. Donc en fait c'est pas ce matin que je l'ai faite la bêtise, mais hier soir, quand j'ai réglé le réveil en oubliant que mon cours de philo de ce matin était annulé. Bien…j'ai ouvert les volets et me suis recouchée. Mais moi quand je suis réveillée je ne peux plus me rendormir, alors je me suis levée pour de bon.
L'idée m'est venue comme ça d'aller promener mon chien à la plage. En effet il y avait très longtemps que je n'étais pas allée à la mer à une heure aussi avancée de la matinée. Pourtant j'aime beaucoup ça : la petite lumière du matin, les mouettes qui se lèvent elles aussi, le roulis des vagues sur le brouhaha de la ville derrière… Wow c'est romantique tout ça, il ne manque plus que les vases qui se cassent au ralentis comme dans les clips de Bambino. Mais en fait non, ce n'est pas mon genre ce type de romantisme, comme par exemple de composer des poésies devant le soleil qui se lève sur l'océan. Pis d'abord c'est même pas possible ce que je dis : le soleil se lève à l'est et La Rochelle est située à l'ouest. Donc si tu viens ici et que tu vois le soleil se lever sur l'océan à 8H00 du matin, c'est que tu as trop fumé ! Non, mais j'apprécie le vent frais du matin et marcher dans le sable, alors j'y suis allée histoire de prendre l'air avant une journée de travail.
Je suis restée cinq minutes et j'en ai eu marre. C'est bien moi ça : quand j'ai envie de faire quelque chose, au bout de cinq minutes je me lasse et j'arrête. Alors je suis rentrée. Mon chien avait eu le temps de se baigner entièrement : il est revenu tout trempé de la tête aux pattes.
Il me restait encore une heure à attendre et je ne savais pas quoi faire. J'aurais pu résoudre mes exercices de maths mais non franchement, il ne faut pas abuser des bonnes choses. Alors je me suis mise à penser. Y a rien de pire que de penser. En ce moment je ne sais pas pourquoi mais j'ai un cafard pas possible. Ca me fait toujours ça au mois de septembre, à cause de la rentrée, tout ça…Mais cette année j'ai l'impression que c'est pire que d'habitude, il ne se passe pourtant rien de triste dans ma vie… Bien sûr ces embrouilles avec mon copain me turlupinent un peu l'esprit, mais y a quand même pas de quoi se flinguer.
Alors j'ai craqué : j'ai appelé mon copain. J'aurais pas dû. J'ai hésité entre l'appeler lui et appeler Noémie, mais j'avais envie d'entendre une voix d'homme donc j'ai opté pour la première solution. Zut !
On a bien parlé, c'était chouette. Il m'a réconfortée avec de très jolies paroles qui, je le sais, étaient sincères. Et devant tant de sincérité moi j'avais honte, dire que je le quitte dans quelques jours. Il m'a même fait rire, et à la fin il m'a dit " je t'aime " et j'ai répondu " moi aussi ". Quelle conne… Je vais lui dire que c'est fini entre nous d'ici peu de temps, et je n'ai jamais été aussi gentille avec lui que ce matin… J'y ai repensé toute la journée en me disant que mon attitude était très malhonnête.
J'ai réussi à arriver en retard en cours. C'est pas mal, il fallait le faire, sachant que je m'étais réveillée deux heures en avance… Mais c'est le coup de téléphone qui m'a retardée. En plus c'était un cours de maths, avec notre pire prof (la plus sévère, la plus motivée…) Quand je suis entrée elle m'a demandé pour quelle raison j'étais en retard. C'est bête, j'avais pas eu le temps d'en chercher une, de raison. Alors je lui ai dit comme ça sans réfléchir : " je ne sais pas, j'ai traîné…j'ai aucune excuse ". Apparemment ça lui a plu, ça lui a même décroché un petit sourire (le premier que je vois sur son visage). Finalement, elle n'est pas si méchante que ça…
A la fin du cours, elle m'a demandé de passer au tableau pour corriger les exercices que je n'avais pas faits. Heureusement que c'était la fin du cours et que je n'ai pas eu le temps d'aller au tableau, parce qu'à mon avis, ça n'aurait pas marché deux fois le coup du " j'ai pas d'excuses ".
J'ai mangé avec Noémie et je lui ai parlé du coup de téléphone du matin. Je pense qu'elle comprend bien ce que je ressens en ce moment, même si elle a du mal à comprendre pour quelle raison exactement je vais quitter Olivier. Mais à vrai dire moi non plus je n'en sais trop rien. Ca s'embrouille dans ma tête en ce moment et plus je réfléchis moins je comprends. Je suppose que ça ira mieux quand tout cela sera réglé.
En attendant ce week-end je vais retrouver Olivier à Bordeaux et j'en suis contente : je vais pouvoir visiter cette ville que je ne connais pas. Ce soir je suis passée à la bibliothèque chercher des renseignements : il paraît qu'il y a là-bas la plus grande rue piétonnière d'Europe. Je suis pressée de voir ça.
Je rentre dimanche soir, j'espère que tout va bien se passer. Je ferai le compte-rendu de tout ça dans mon journal pas intime si je ne suis pas trop fatiguée. Sinon lundi.

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