Mon copain Olivier
est là en ce moment, chez moi
J'avais
oublié qu'il venait ce week-end, c'est
dire si j'y attache de l'importance
En ce
moment il travaille dans la pièce à
côté (le bureau de mon père),
je dois préciser qu'il a envie de se constituer
un bon dossier scolaire pour intégrer une
bonne école l'année prochaine, alors
il bosse comme un furieux. Ce qui fait d'ailleurs
une différence de taille entre lui et moi
qui me fous complètement de ce que je ferai
l'an prochain.
Hier soir je suis allée l'accueillir à
la gare de La Rochelle. L'an dernier il habitait
ici mais il a déménagé avec
ses vieux sur Bordeaux, on ne peut donc plus se
voir que le week-end. Et je pense qu'on ne se
verra plus très longtemps d'ailleurs, car
j'ai de moins en moins de joie à le retrouver,
à le revoir et à l'embrasser.
Hier soir, donc, j'étais à la gare.
Il était 21h00, à cette heure là
dans notre ville, qui est loin d'être géante,
la gare est bien vide, bien silencieuse, et j'attendais
tranquillement qu'il arrive. Et l'heure est venue
et son train est entré en gare. Comme d'habitude
je lui ai souri et on s'est embrassé. Il
était sans doute plus heureux que moi j'imagine.
Ca se voyait qu'il était content à
plein de détails : son sourire (qui n'était
pas forcé comme le mien j'imagine), ses
yeux, etc
J'aurais bien voulu que ce soit comme dans la
chanson de Brassens, La Marine, dans laquelle
il parle de tous ces petits moments éphémères
quand deux amoureux sont longtemps séparés
puis se retrouvent. Tout ce que les autres font
au fil des semaines, les amoureux qui se retrouvent
pour un ou deux jours le font en quelques heures
: ils se font rire, ils fêtent leurs retrouvailles,
ils s'offrent des cadeaux, ils font l'amour, tout
ça en boucle le temps d'une journée.
Mais nous non. Avant oui mais plus maintenant.
Ca ne fait pourtant que quatre mois qu'on est
ensemble lui et moi. Et c'est le premier week-end
qu'on passe tous le deux après un long
moment sans se voir. Il faut dire que maintenant
les cours ont repris, on termine le vendredi soir
pour recommencer le lundi matin
ça
aide pas. En attendant j'avais honte, moi, de
l'embrasser et de lui sourire. Comment peut-on
être aussi malhonnête envers soi-même
et envers quelqu'un
Le pauvre il va tomber
des nues quand je lui annoncerai que je le quitte.
C'est sûr qu'il n'aura rien vu venir. Surtout
que je n'aurai aucune raison valable à
lui fournir. Je n'ai rien à lui reprocher,
je n'aime pas quelqu'un d'autre
Enfin si
j'en ai une raison, c'est que je ne me plais plus
avec lui, mais tout le monde n'accepte pas facilement
ce genre de raisons, et je pense que lui il aura
du mal à l'encaisser.
Quatre mois avec une personne ce n'est pas rien
quand même, je ne peux pas dire qu'il m'est
indifférent. C'est peut-être pour
ça que j'ai envie de parler de lui aujourd'hui.
Je vis chez mes parents comme je l'ai déjà
dit, et comme hier il était tard quand
il est arrivé on est resté manger
à la maison. Mes parents me font rire quand
il y a un invité, ils sont plus attentionnés
que d'habitude, ma mère soigne d'avantage
sa cuisine, mon père fait moins de blagues
nulles
Et mon petit frère parle trois
fois plus, je crois qu'il aime bien être
aimé des personnes que je fréquente,
il doit s'en sentir " grandi " vue la
différence d'âge qui nous sépare
(4 ans). Enfin bref il y a toujours une ambiance
particulière dans la maison quand il y
a un nouveau, et comme Olivier est très
apprécié par ma famille ça
se passe très bien. Trop bien apprécié
même, mes parents me demandent souvent comment
il va, et ce qu'il fait, et si sa nouvelle vie
lui plaît, etc
Parfois c'est relou,
j'ai pas toujours envie de leur en parler à
eux. Mais je suppose que s'ils ne me posaient
jamais aucune question je trouverais ça
bête aussi
On a quitté la table
à minuit enchantés, plein de nouvelles
les uns sur les autres. Dans ma famille aussi
ils vont tomber des nues quand ils apprendront
que je le quitte. C'est parfois chiant d'être
le point de mire comme ça. Enfin heureusement
qu'on est deux cibles avec mon petit frère,
j'ose pas imaginer ce que ce serait si j'étais
fille unique
Le grand défaut d'Olivier, c'est qu'il
travaille trop. Sérieux y a des limites
quand même ! Je sais bien que moi je suis
dans l'extrême opposée, fervente
partisane du moindre effort, mais faut pas pousser
Ca fait trois jours qu'il a commencé et
il travaille déjà tous les jours,
même ce week-end alors qu'il est chez moi
! Je lui ai dit hier soir " eh mon gars c'est
le bac que tu passes c'est qu'un diplôme
comme les autres y a pas de quoi se tuer au travail
pour ça ! " Mais non, lui il veut
l'avoir avec une mention son diplôme, et
qui plus est la mention bien voire très
bien. Y en a vraiment qui aiment se compliquer
la vie franchement
Il veut faire ingénieur
plus tard. Ingénieur en quoi ça
il ne sait pas mais ingénieur. Comme quoi
il est plus motivé par les honneurs ou
par le fric que par une activité précise.
J'ai du mal à comprendre ça d'ailleurs.
Y en a qui au contraire sont passionnés
par un domaine particulier, et font tout pour
l'intégrer, et se moquent bien de savoir
quel poste ils y occuperont. Je trouve cette attitude
plus respectable.
Pour ma part je n'ai aucune idée de ce
que je veux faire plus tard. Je suis comme un
poisson rouge moi : je n'envisage jamais l'avenir
à plus de trois secondes à l'avance.
Par contre c'est fou ce que je peux penser au
passé
Enfin peu importe.
Ca fait maintenant trois jours que j'ai repris
les cours et j'en ai déjà marre.
C'est dommage, d'habitude je suis plus longue
avant de commencer à m'ennuyer
Je
connais désormais tous les profs à
qui j'aurai affaire cette année et franchement
je ne suis pas gâtée. Ils sont tous
très motivés, et il n'y a rien de
pire que des profs motivés : ce sont ceux-là
qui vous donnent le plus de devoirs, de contrôles,
d'interros surprise, etc... Je mettrai quand même
une nuance sur mon prof d'histoire qui est excellent.
Quant à ma prof de sport je ne peux pas
en parler puisque pendant le cours de jeudi soir
je me suis retournée un ongle au bout de
cinq minutes en essayant d'attraper en plein vol
un ballon de basket. Je saignais légèrement
du petit doigt mais le règlement est formel
: à la moindre goutte de sans c'est direct
à l'infirmerie. L'avantage c'est que j'ai
débauché deux heures plus tôt
que tout le monde, l'inconvénient c'est
qu'avec un ongle cassé c'est pas évident
de jouer de la guitare (et oui je joue de la guitare,
et je chante aussi, c'est mon petit plaisir ça).
En attendant que mon copain termine sagement ses
devoirs, je vais me passer un peu de musique.
Le week-end prochain c'est moi qui descendrai
le voir et j'en suis très contente. Pas
pour lui mais pour sa ville, Bordeaux, je n'y
ai jamais mis les pieds et j'adore visiter de
nouvelles villes. Il m'a dit que c'était
pas mal, un peu bordélique à cause
des travaux mais pas mal quand même. Je
suis impatiente de voir ça. Mais je pense
que ce seront mes derniers moments avec lui.
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