Eh ben voilà,
c'est fini, bien fini
Encore une page de
tournée. Mais non c'est vrai, la page il
y a déjà plusieurs jours qu'elle
était tournée dans ma tête,
déjà plusieurs jours que je me suis
fait une raison, Alain et moi ça ne peut
pas marcher, c'est tout, c'est la " faute
à la fatalité " comme disait
Bruant. C'est comme ça. Alain et moi on
s'est séparé, sans éclat,
sans colère et sans larmes, et ça
craint.
J'ai déjà presque oublié
comment ça s'est passé, c'était
pourtant il y a quelques heures
Je sais
que c'est moi qui l'ai quitté, mais de
toutes façons lui ou moi peu importe, ça
ne change rien à l'histoire. C'était
juste après la leçon de conduite,
on a parlé pendant une bonne heure, il
était déçu, il a vraiment
cherché à comprendre pourquoi et
je sais qu'il ne faisait pas semblant. Je sais
qu'il m'aime bien et qu'il aurait bien voulu que
ça dure un peu plus longtemps. Mais pour
moi " un peu plus longtemps " ça
ne suffit pas, je veux que ça dure très
longtemps ou bien que ça s'arrête
tout de suite. Je ne vois pas l'intérêt
de rester avec quelqu'un quand on sait que
quand on sait quoi ? Je ne finis même pas
mes phrases, je dois quand même avouer que
j'écris toujours tête baissée,
sans réfléchir à ce que je
vais dire, et parfois je suis obligée de
reprendre mes phrases. Mais ce soir je veux tout
écrire d'une traite, et rien corriger.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression
d'avoir le don de toujours choisir les disques
qui me parlent le plus à un instant donné.
Daniel Guichard, jamais j'écoute ça
moi ! Il est à mon père le disque,
j'ai dû l'entendre deux fois dans ma vie.
Et pourtant dans la première chanson il
dit " Faut pas pleurer comme ça, pleurer
pour qui pourquoi ? Pour quelques mots d'amour
jetés dans une cour et qui s'en vont mourir
" Pffff
C'est vrai ça merde,
voilà ce qu'il m'a fait Alain, il m'a jeté
quelques mots d'amour comme ça, des mots
d'amour qui m'ont fait tant plaisir mais qui ne
valaient rien dans le fond. On ne devrait jamais
dire qu'on aime quelqu'un quand ce n'est pas entièrement
sincère. Je ne suis même pas triste.
C'est vrai ça fait plusieurs jours que
je sais que c'est fini, alors ma peine est déjà
noyée. Enfin quand même tout à
l'heure j'ai pleuré. Je sais, je pleure
tout le temps comme une petite fille, pour un
oui ou pour un non, mais bon ça fait du
bien de pleurer quand même. Plutôt
que de nous donner des conseils, certaines personnes
feraient mieux de nous aider à pleurer
un bon coup. Alors Daniel Guichard il peut toujours
dire que " pleurer ça sert à
rien ", moi je suis pas d'accord, malgré
tout le respect que j'ai envers sa chanson, pleurer
ça sert à libérer ce qu'on
a sur le cur. Mais pleurer seule c'est pas
marrant. Si ma sur était encore là,
c'est sûr que j'aurais pu tout lui raconter.
Ca sert aussi à ça une grande sur
je crois. Parfois je lui parle, dans ma tête
ou tout bas, en me disant que peut-être
là haut elle m'entend, mais j'ai du mal
à y croire quand même. Putain
comme ce serait magnifique si après la
vie on pouvait tous se retrouver là haut.
J'imagine ça parfois, je me vois en train
de monter au ciel, et je vois ma sur qui
m'attend bras ouverts, et je lui tombe dans les
bras en pleurant de joie. Ce trip !
Mais bon en attendant j'ai personne. J'ai bien
Noémie à qui je parle de tout ça
mais je ne sais pas, c'est pas pareil
Y
a bien mon petit frère mais il n'a que
treize ans, il ne pourrait pas comprendre. Mais
si, y a pas d'âge pour comprendre ces choses-là,
mais bon je ne veux pas l'embêter avec ça.
Heureusement j'ai mon chien. Il le sent quand
je ne suis pas bien, et quand je pleure il prend
ses petits yeux tristes et il vient poser sa tête
sur ma cuisse et ça me fait du bien. Alors
je le prends dans mes bras, il pose sa tête
sur mon épaule et je me serre joue contre
joue avec lui. Il est génial.
Je suis allée me promener avec lui ce soir
après mangé, on est allé
sur la plage de la Concurrence, c'est une petite
plage où je viens très souvent,
surtout hors période touristique, car elle
est à deux pas du port et à deux
pas de chez moi, elle est charmante, surtout le
soir car il n'y a personne, et on entend à
peine le bruit de la ville derrière. C'est
là que j'étais venue le soir où
j'avais quitté Olivier, finalement cette
plage elle est témoin de tous mes petits
morceaux de vie. Mais ma vie c'est quoi ? Pfff
des petits bouts de rien mis les uns à
la suite des autres sans aucune logique. Ca ne
ressemble à rien. Mais bon je suppose que
c'est pour tout le monde pareil.
J'aime bien aussi cette plage pour la mer (normal
d'ailleurs pour une plage). C'est beau la mer
quand on y pense, moi ça me fait rêver.
Surtout quand j'étais petite , moins maintenant
mais un peu quand même. D'habitude elle
me remonte le moral mais là elle m'a rappelé
que mon père prenait le bateau mercredi
pour six mois. Eh ben ! Moi je partirais bien
avec lui ! Six mois loin de cette société,
loin de tout, de ces amours ridicules, de tous
nos petits soucis. Remarquez l'homme est tellement
con que si ça se trouve, même toute
seule sur l'océan sur un bateau en fer,
je trouverais quand même le moyen de me
créer des soucis. C'est vrai, quelqu'un
qui n'est pas heureux ici, je vois pas pourquoi
il le serait ailleurs. N'empêche que je
partirais bien quand même, j'emmènerais
juste mon chien, et c'est tout. Ah si, j'emmènerais
aussi Mathieu et Noémie car ils sont formidables.
D'ailleurs quelque chose me dit qu'ils sont amoureux.
Hier Mathieu a appelé Noémie car
il avait un truc à lui demander, comme
par hasard
Eh eh
Ce serait chouette
qu'ils sortent ensemble, je serais super contente,
et en plus ce serait un peu grâce à
moi
A défaut d'être heureuse,
rendre les autres heureux ce n'est déjà
pas mal. Comme le disait le Père Jesaisplusqui,
un médecin sans frontières catholique
venu faire une conférence dans mon lycée
l'année dernière : " moi je
ne connais pas trente-six façons d'être
heureux, je n'en connais qu'une : c'est de rendre
les autres heureux "
C'est joli comme
phrase. Je ne sais pas trop quoi en penser mais
c'est joli.
J'ai repensé à Mireille et à
sa fille Julie qui vont arriver chez nous vendredi
et qu'on va héberger pour deux ou trois
semaines. J'ai fouillé dans mes souvenirs
pour essayer de me rappeler d'elles, mais je n'y
arrive pas. Ma mère m'a dit qu'elles étaient
venues ici en novembre 1990
Hou la c'est
loin ! J'avais cinq ans ! Je me rappelle du 11
novembre de cette année-là, de la
célébration de l'Armistice (il y
avait un vieil ancien combattant qui avait la
mâchoire déboîtée).
En creusant dans mes souvenirs j'arrive à
me rappeler du lendemain de ce jour-là
(le 12) et du surlendemain (le 13, donc). Avec
un peu de chance je vais remonter jusqu'au jour
où Julie et sa mère sont arrivées.
Ne me prenez pas pour une folle, j'adore faire
des recherches dans ma mémoire comme ça.
D'ailleurs pour ça la nuit est excellente,
elle porte vraiment conseil, alors je vais aller
me coucher.
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