journal intime
22 _ Mercredi 9 octobre 2002

Après-midi avec Alain

La journée d'aujourd'hui fut longue. D'abord les cours ce matin, quatre heures à se tourner les pouces, couronnées par un fameux devoir d'anglais auquel personne n'a rien compris. Puis à midi la liberté.
J'ai retrouvé Alain vers 14H00 près de chez moi. Je voulais qu'on aille en ville se balader mais il ne semblait ne pas trop en avoir envie, je n'ai pas su pourquoi… Alors on a pris la voiture et on a longé la côte. J'aurais bien voulu la conduire, la voiture, et Alain m'a dit que ça aurait été un plaisir pour lui aussi de se laisser emmener, mais que ce n'était pas possible car son métier de moniteur ne l'autorisait à donner des leçons de conduite que pendant ses heures de travail, ce qui peut se comprendre. Il va donc falloir attendre que je l'aie, ce fichu permis…
On est allé à la plage de Pampin, une plage de caillasse. Je veux dire par-là qu'il n'y a pas de sable sur cette plage, ou peu, et qu'il y a surtout des cailloux. Plein de jolis galets ronds et plats, l'idéal pour faire des ricochets, d'autant que l'eau est généralement assez calme à cet endroit. C'est ici que j'ai appris à en faire, des ricochets, des conseils experts de mon grand-père. Avec ma grande sœur on faisait des concours : à celle qui ferait rebondire le plus de fois le galet sur l'eau, et souvent c'est elle qui gagnait. Puis une fois que mon petit frère a eu l'âge de bien se débrouiller lui aussi, on a arrêté les concours de ricochets car il nous battait à plat de couture, ce n'était même plus marrant…
On se serait bien assis sur les cailloux mais le sol était mouillé. Il faut dire que le temps aujourd'hui était assez moyen, il faisait gris, pas mal de vent, il mouillassait un petit peu…Moi j'aime bien ce temps là, quand il fait trop chaud je ne suis pas à l'aise. Un peu de pluie et de vent je trouve ça agréable (je sais ça étonne toujours quand je dis ça, mais on ne se refait pas). Alors on a marché le long de l'eau et mon chien en a profité pour prendre un bon bain. Ca a étonné Alain que j'emmène mon brave Adonis avec moi aujourd'hui… Ben oui mais c'est comme ça, je l'emmène toujours partout avec moi, que je sois seule ou accompagnée. D'ailleurs je lui ai dit en rigolant que s'il me prenait moi, il devait aussi prendre mon chien. Eh eh…
Après deux bonnes heures de marche on est revenu en ville et on est allé directement dans un petit bistrot boire un café. On a parlé un peu… Il m'a posé quelques questions sur moi, des questions assez superficielles, et mes réponses n'avaient pas l'air de le passionner énormément. Je le comprends d'un autre côté, ma vie n'a rien de palpitant. Alors que la sienne l'est, ou du moins l'a été. Il me l'a racontée dans les grandes lignes.
Il est parisien de naissance, ça ne fait que quelques années qu'il s'est installé à La Rochelle. A seize ans, c'est à dire à l'âge ou étudier à l'école n'est plus obligatoire, il a décidé d'arrêter les cours pour faire un apprentissage et il s'est fait enrôler dans les compagnons du tour de France. Il paraît que c'est excellent ça, les compagnons. J'en ai souvent entendu parler, toujours en bien. Les jeunes qui font ça apprennent un métier en voyageant de ville en ville à travers la France. On dit que ceux qui font ça en reviennent avec une excellente expérience du terrain et de leur métier, et que ce sont souvent de bons gars. Alain a ainsi appris le métier de chaudronnier. Puis il a exercé son savoir dans un vieil atelier d'un vieux quartier du vieux Paris pendant plusieurs années, puis l'ennui l'a de nouveau repris alors il a commencé à exercer divers petits boulots : décharger un camion par-ci, emballer un carton par-là, etc… Puis il s'est posé comme barman dans un bistrot bien réputé de Paris. Plusieurs années après le hasard a fait qu'il a passé le concours de moniteur d'auto-école, et le voilà maintenant à me donner des leçons. Pas mal comme parcours je trouve…
Je lui ai demandé comment c'était Paris. " Beaucoup de monde, beaucoup de stress, mais au moins tu ne t'ennuies jamais ", qu'il m'a répondu. Alors je lui ai demandé pourquoi il l'avait quitté : " Pour changer d'air ". C'est vrai que ça a dû le changer de venir ici, dans notre petite ville au bord de l'océan… N'empêche que moi j'aimerais bien y aller un jour à Paris. C'est vrai, je n'y ai jamais les pieds, c'est pourtant la capitale du pays… Quand j'étais petite mes parents m'ont promis mille fois de m'y emmener mais jamais il ne l'ont fait. Sur ma table de nuit j'avais une petite tour Eiffel en plastique : j'étais très impressionnée quand j'imaginais la hauteur qu'elle faisait. Dans mon imagination elle était sans doute bien plus haute qu'elle ne l'est vraiment… J'ai demandé à Alain s'il m'y emmènerait un jour, à Paris, et il m'a répondu " on verra "… Ben merde alors ! Ca veut dire quoi ce " on verra " ! ? Je sais bien qu'il y a encore peu de temps que nous sommes ensemble, qu'on ne peut donc pas faire de beaux projets d'avenir, et d'ailleurs moi je ne fais jamais de projets d'avenir, mais quand même il aurait pu me répondre que oui, qu'un jour il m'emmènerait à Paris… Ca m'aurait fait plaisir ça. Même si c'était pas vrai. Ce " on verra ", il me donne l'impression qu'il ne veut rien prévoir avec moi. Peut-être que je me fais des idées. Enfin, on verra, comme il dit…
Après ça on est allé chez lui et on fait l'amour. C'était plus rapide que l'autre jour mais toujours aussi chouette. Mais c'est vrai que l'effet de surprise est passé maintenant…
Puis je suis rentrée chez moi à pied. Il voulait me raccompagner mais j'avais envie de marcher un peu avec mon chien. Sans savoir pourquoi je ne me sentais pas à l'aise, comme si quelque chose me gênait dans l'après-midi que je venais de passer… Je me suis arrêtée dans le parc Charruyer où je me suis allongée sur l'herbe qui n'était plus mouillée, et j'ai regardé le ciel en ne pensant plus à rien, comme je le fais parfois. C'est vraiment agréable comme sensation, j'ai l'impression que tous les petits soucis de la vie s'envolent en fumée le temps d'une minute. Ca me donne toujours un bon coup d'énergie dans le sang.
Puis j'ai accueilli Mathieu et Noémie. Mes parents n'étant pas là ce soir, on a pu en profiter vraiment. Noémie est partie il y a peu de temps et Mathieu est allé se coucher dans la chambre d'amis. J'aurais bien voulu raconter cette soirée mais il faut hélas que j'aille me coucher. C'est pas que j'en ai envie, mais si je ne le fais pas je vais être fatiguée demain et ce n'est pas agréable, ça, d'être fatigué.
Alors à demain pour ceux que ça intéresse, et à jamais ou à plus tard pour ceux qui n'en ont rien à foutre.

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