La journée
d'aujourd'hui fut longue. D'abord les cours ce
matin, quatre heures à se tourner les pouces,
couronnées par un fameux devoir d'anglais
auquel personne n'a rien compris. Puis à
midi la liberté.
J'ai retrouvé Alain vers 14H00 près
de chez moi. Je voulais qu'on aille en ville se
balader mais il ne semblait ne pas trop en avoir
envie, je n'ai pas su pourquoi
Alors on
a pris la voiture et on a longé la côte.
J'aurais bien voulu la conduire, la voiture, et
Alain m'a dit que ça aurait été
un plaisir pour lui aussi de se laisser emmener,
mais que ce n'était pas possible car son
métier de moniteur ne l'autorisait à
donner des leçons de conduite que pendant
ses heures de travail, ce qui peut se comprendre.
Il va donc falloir attendre que je l'aie, ce fichu
permis
On est allé à la plage de Pampin,
une plage de caillasse. Je veux dire par-là
qu'il n'y a pas de sable sur cette plage, ou peu,
et qu'il y a surtout des cailloux. Plein de jolis
galets ronds et plats, l'idéal pour faire
des ricochets, d'autant que l'eau est généralement
assez calme à cet endroit. C'est ici que
j'ai appris à en faire, des ricochets,
des conseils experts de mon grand-père.
Avec ma grande sur on faisait des concours
: à celle qui ferait rebondire le plus
de fois le galet sur l'eau, et souvent c'est elle
qui gagnait. Puis une fois que mon petit frère
a eu l'âge de bien se débrouiller
lui aussi, on a arrêté les concours
de ricochets car il nous battait à plat
de couture, ce n'était même plus
marrant
On se serait bien assis sur les cailloux mais
le sol était mouillé. Il faut dire
que le temps aujourd'hui était assez moyen,
il faisait gris, pas mal de vent, il mouillassait
un petit peu
Moi j'aime bien ce temps là,
quand il fait trop chaud je ne suis pas à
l'aise. Un peu de pluie et de vent je trouve ça
agréable (je sais ça étonne
toujours quand je dis ça, mais on ne se
refait pas). Alors on a marché le long
de l'eau et mon chien en a profité pour
prendre un bon bain. Ca a étonné
Alain que j'emmène mon brave Adonis avec
moi aujourd'hui
Ben oui mais c'est comme
ça, je l'emmène toujours partout
avec moi, que je sois seule ou accompagnée.
D'ailleurs je lui ai dit en rigolant que s'il
me prenait moi, il devait aussi prendre mon chien.
Eh eh
Après deux bonnes heures de marche on est
revenu en ville et on est allé directement
dans un petit bistrot boire un café. On
a parlé un peu
Il m'a posé
quelques questions sur moi, des questions assez
superficielles, et mes réponses n'avaient
pas l'air de le passionner énormément.
Je le comprends d'un autre côté,
ma vie n'a rien de palpitant. Alors que la sienne
l'est, ou du moins l'a été. Il me
l'a racontée dans les grandes lignes.
Il est parisien de naissance, ça ne fait
que quelques années qu'il s'est installé
à La Rochelle. A seize ans, c'est à
dire à l'âge ou étudier à
l'école n'est plus obligatoire, il a décidé
d'arrêter les cours pour faire un apprentissage
et il s'est fait enrôler dans les compagnons
du tour de France. Il paraît que c'est excellent
ça, les compagnons. J'en ai souvent entendu
parler, toujours en bien. Les jeunes qui font
ça apprennent un métier en voyageant
de ville en ville à travers la France.
On dit que ceux qui font ça en reviennent
avec une excellente expérience du terrain
et de leur métier, et que ce sont souvent
de bons gars. Alain a ainsi appris le métier
de chaudronnier. Puis il a exercé son savoir
dans un vieil atelier d'un vieux quartier du vieux
Paris pendant plusieurs années, puis l'ennui
l'a de nouveau repris alors il a commencé
à exercer divers petits boulots : décharger
un camion par-ci, emballer un carton par-là,
etc
Puis il s'est posé comme barman
dans un bistrot bien réputé de Paris.
Plusieurs années après le hasard
a fait qu'il a passé le concours de moniteur
d'auto-école, et le voilà maintenant
à me donner des leçons. Pas mal
comme parcours je trouve
Je lui ai demandé comment c'était
Paris. " Beaucoup de monde, beaucoup de stress,
mais au moins tu ne t'ennuies jamais ", qu'il
m'a répondu. Alors je lui ai demandé
pourquoi il l'avait quitté : " Pour
changer d'air ". C'est vrai que ça
a dû le changer de venir ici, dans notre
petite ville au bord de l'océan
N'empêche
que moi j'aimerais bien y aller un jour à
Paris. C'est vrai, je n'y ai jamais les pieds,
c'est pourtant la capitale du pays
Quand
j'étais petite mes parents m'ont promis
mille fois de m'y emmener mais jamais il ne l'ont
fait. Sur ma table de nuit j'avais une petite
tour Eiffel en plastique : j'étais très
impressionnée quand j'imaginais la hauteur
qu'elle faisait. Dans mon imagination elle était
sans doute bien plus haute qu'elle ne l'est vraiment
J'ai demandé à Alain s'il m'y emmènerait
un jour, à Paris, et il m'a répondu
" on verra "
Ben merde alors !
Ca veut dire quoi ce " on verra " !
? Je sais bien qu'il y a encore peu de temps que
nous sommes ensemble, qu'on ne peut donc pas faire
de beaux projets d'avenir, et d'ailleurs moi je
ne fais jamais de projets d'avenir, mais quand
même il aurait pu me répondre que
oui, qu'un jour il m'emmènerait à
Paris
Ca m'aurait fait plaisir ça.
Même si c'était pas vrai. Ce "
on verra ", il me donne l'impression qu'il
ne veut rien prévoir avec moi. Peut-être
que je me fais des idées. Enfin, on verra,
comme il dit
Après ça on est allé chez
lui et on fait l'amour. C'était plus rapide
que l'autre jour mais toujours aussi chouette.
Mais c'est vrai que l'effet de surprise est passé
maintenant
Puis je suis rentrée chez moi à
pied. Il voulait me raccompagner mais j'avais
envie de marcher un peu avec mon chien. Sans savoir
pourquoi je ne me sentais pas à l'aise,
comme si quelque chose me gênait dans l'après-midi
que je venais de passer
Je me suis arrêtée
dans le parc Charruyer où je me suis allongée
sur l'herbe qui n'était plus mouillée,
et j'ai regardé le ciel en ne pensant plus
à rien, comme je le fais parfois. C'est
vraiment agréable comme sensation, j'ai
l'impression que tous les petits soucis de la
vie s'envolent en fumée le temps d'une
minute. Ca me donne toujours un bon coup d'énergie
dans le sang.
Puis j'ai accueilli Mathieu et Noémie.
Mes parents n'étant pas là ce soir,
on a pu en profiter vraiment. Noémie est
partie il y a peu de temps et Mathieu est allé
se coucher dans la chambre d'amis. J'aurais bien
voulu raconter cette soirée mais il faut
hélas que j'aille me coucher. C'est pas
que j'en ai envie, mais si je ne le fais pas je
vais être fatiguée demain et ce n'est
pas agréable, ça, d'être fatigué.
Alors à demain pour ceux que ça
intéresse, et à jamais ou à
plus tard pour ceux qui n'en ont rien à
foutre.
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