Hier soir j'ai
invité Mathieu et Noémie, je ne
les avais pas vus des vacances et ça me
manquait un peu, et puis je pense toujours que
tous les deux, ils ont une petite chance de bien
s'entendre, alors je ne veux pas lâcher
l'affaire. Comme d'habitude Noémie est
arrivée en retard. Mathieu était
là sur le coup des 9H00, alors je l'ai
présenté à Julie et on est
monté en haut. Il m'a demandé où
il allait dormir, puisque Julie était là,
il supposait que la chambre d'amis n'était
pas libre, alors je lui ai dit " ben justement
viens la voir, la chambre d'amis ". Et je
lui ai même rajouté " d'abord
c'est plus la chambre d'amis, c'est la chambre
de Julie ". C'est vrai, c'est bizarre mais
cette chambre, qui appartenait autrefois à
ma chère sur, je considère
maintenant qu'elle appartient à Julie.
Une semaine que je la connais et j'ai l'impression
que je pourrais lui confier tout ce que j'ai de
plus précieux.
En entrant dans la chambre il s'est exclamé,
bien sûr. La dernière fois qu'il
l'a vue elle était sombre, du parquet noir,
de vieux meubles, une sale tapisserie
et
maintenant une jolie moquette, des murs clairs
et un mobilier très joli
Encore une
fois je n'ai pas pu m'empêcher de lui montrer
le poster des dauphins sautant sur l'océan,
et de lui faire ma blague avec la vue sur la mer,
je le sais bien, pourtant, qu'elle ne fait jamais
rire personne
Noémie est arrivée, on est descendu
en bas et on s'est mis tous les quatre autour
de la petite table dans le salon. On a parlé
de tout et de rien en écoutant des disques,
les Doors, Noir Désir, et pis Jacques Brel
parce que j'adore les vielles chansons, et tant
pis pour ceux qui n'aiment pas. Et c'est à
ce moment-là que nous avons sombré
dans l'oisiveté. Le proverbe dit que c'est
la " mère des vices ", l'oisiveté.
Peut-être, mais qu'est-ce que c'est bon
! Ne plus rien foutre, glander, sommeiller
Ca fait du bien parfois, ça repose l'esprit.
On a allumé la télé, une
chaîne quelconque. Au début on se
marrait bien car on n'arrêtait pas de se
moquer des gens qui passaient à l'écran.
C'était une émission sur le câble,
il n'y avait dedans que des premiers de la classe
bien coiffés, bien habillés, humour
fin et paroles correctes. On a surtout bien rigolé
sur un jeune homme blond, jeune cadre dynamique
avant l'âge, la parole facile, des idées
sur tout, sans doute promis à un bel avenir
c'est nul
Et on s'est endormi. Eh oui, on a roupillé
devant la télé allumée. Ca
doit être à cause de la fin des vacances,
petit à petit on se relâche, et quand
les derniers jours arrivent eh bien la pression
est complètement retombée, et on
n'a plus de force pour quoi que ce soit. J'étais
la première à me réveiller,
une heure après. La télé
ronronnait toujours, et les trois autres dormaient
à point fermé. Je n'osais pas me
lever car Julie avait la tête posée
sur mon épaule et je ne voulais pas la
réveiller, elle avait l'air si bien
Alors j'ai attendu, j'ai vaguement regardé
l'écran en fumant une ou deux cigarettes
j'avais l'impression que le temps était
arrêté, et je m'en sentais toute
légère. Et je me disais que si le
temps pouvait effectivement s'arrêter pour
de bon, ne serait-ce qu'une heure, eh bien je
serais éternelle une heure durant. Pendant
soixante minutes, il n'y aurait plus de contraintes,
plus de projets, plus rien à envisager,
plus aucun devoir matériel ou moral, plus
rien, plus rien, plus rien. Et alors je serais
heureuse, j'en suis sûre, pendant une heure
je serais dans une autre dimension. J'en suis
persuadée.
C'est Mathieu qui s'est réveillé
en deuxième, et quand il a vu Julie qui
dormait sur mon épaule il a souri doucement.
Puis les deux autres se sont réveillées
à leur tour.
Noémie était complètement
dans les vaps, alors elle est rentrée chez
elle aussitôt. Julie aussi était
très fatiguée, elle est montée
se coucher. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais
en lui faisant la bise je lui ai dit " bonne
nuit p'tite sur ". Ca m'a surprise
aussitôt, j'ai dit ça sans réfléchir,
et ça m'a fait drôle. Ca fait juste
une semaine que je la connais et pourtant, je
crois l'avoir toujours eue à mes côtés.
Mais de là à l'appeler " p'tite
sur "
Enfin peu importe, ça
lui a fait plaisir je crois.
Moi je voulais aller promener mon chien avant
de dormir alors je suis sortie, et Mathieu m'a
accompagnée. On est allé se balader
dans le parc, et on a discuté un peu. J'ai
réussi à lui parler discrètement
de Noémie, et d'après ce qu'il m'a
dit je suis désormmais certaine qu'il a
un petit faible pour elle. Alors dès lundi,
j'essaierai d'avoir la même conversation
avec Noémie, et si je sens qu'elle aussi
elle des regards sur lui, eh bien je n'hésiterai
pas à essayer de forcer les choses un petit
peu.
On est rentré vers trois heures du matin.
Je n'avais plus du tout envie de dormir, et Mathieu
non plus, alors on est resté dans le salon
à parler encore et à rigoler, car
il faut dire que sous ses airs de garçon
déprimé, il a vraiment de l'humour.
En tous cas moi il me fait bien rire. Il devait
dormir dans le salon, alors je lui ai dit bonne
nuit et je suis partie pour le laisser se coucher.
Mais comme finalement j'avais envie de l'embêter
un peu je suis revenue aussitôt, et je me
suis plantée devant lui pour le regarder
se coucher. Evidemment il était un peu
gêné, mais ça m'amusait. Il
n'est pas resté très longtemps en
caleçon, il s'est vite fourré sous
les draps l'air de rien, et une fois couché
il a retrouvé son petit humour. On a encore
parlé et je suis montée avec mon
chien m'endormir à mon tour.
Il est deux heures du matin, en ce moment. Ce
soir je n'ai rien fait de spécial, si ce
n'est que mon frère nous a appris à
jouer aux échecs, à Julie et à
moi, et qu'on a d'énormes progrès
à faire. Une fois que mon frère
nous eut expliqué les règles, on
a essayé de faire une partie toutes les
deux, mais finalement il y a eu match nul car
au bout d'un moment, on s'est aperçu que
nos deux rois étaient en échec depuis
au moins un quart d'heure et qu'on ne s'en était
même pas aperçu. En plus on n'était
pas très sûres de la façon
dont il faut déplacer le cavalier, alors
si ça se trouve on a fait n'importe quoi.
Je vais de suite me coucher, peut-être que
mes rêves m'en apprendront un peu plus
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