journal intime
40 _ Mardi 5 novembre 2002

Dieu existe-t-il ?

Dieu existe-t-il ? Moi qui croyais énormément en lui il y a quelques années, je n'y crois plus du tout aujourd'hui. Mais la conversation que j'ai eue l'autre jour avec Julie m'a de nouveau confrontée à la question. Depuis qu'elle est chez nous je me sens bien dans me tête, sereine. Je la regarde passer doucement, elle parle si peu mais a l'air si sûre d'elle en même temps… " sûre d'elle " au bon sens du terme, je veux dire par-là qu'elle semble avoir découvert en elle des choses fabuleuses, que rien ne pourrait détruire, et qui m'échappent complètement à moi. On reconnaît vraiment les gens sûrs d'eux à ce qu'ils ne cherchent pas systématiquement à imposer leur opinion aux autres. Quelqu'un qui sait quelque chose au fond de lui n'a pas besoin de le crier sur les toits. Mais si peu de gens sont ainsi… Avec ses quinze ans j'ai l'impression qu'elle est comme ça. Peut-être que je me trompe car il faut bien dire ce qui est, c'est quand même une fille comme les autres, parfois elle est inquiète, parfois elle a un peu de chagrin, parfois elle rit, elle aime s'amuser, enfin voilà elle est comme moi, et comme tout le monde. Mais quand même, elle a un petit quelque chose de différent… Mais en même temps je crois que je lui fais la même impression, alors peut-être tout simplement que je l'aime bien et que je me fais une fausse image d'elle…
Hou la ! Je m'emporte et je m'éloigne de la question de départ : Dieu existe-t-il ? A vrai dire cette question n'a aucun sens, et ceux qui débattent là-dessus sont plus marrants qu'autre chose. Aucun sens car d'abord, il y une infinité de manières de concevoir Dieu. Certains en font tout un culte, d'autres le voient partout, dans la nature, dans les choses qui nous entourent etc, d'autres l'associent aux beaux sentiments tels que l'amour,… et puis d'autres sont convaincus que Dieu est une pure invention humaine. Mais finalement nous les humains on est si peu de chose, on est si minuscule dans cet univers, comment peut-on affirmer que Dieu existe ou pas ? Celui qui affirme des choses pareilles ne peut pas être quelqu'un qui a vraiment réfléchi.
Dans mes petites réflexions, je me dis que l'être humain a forcément besoin de s'accrocher à quelque chose, d'avoir des repères… Sans repère on est perdu. Alors bien souvent on s'accroche à des choses matérielles : l'argent, un toit, la famille… c'est très bien mais le problème c'est que cela peut disparaître en fumée du jour au lendemain. C'est si fragile… Alors je me dis que l'idéal est de s'accrocher à des choses qui ne sont pas matérielles, car alors ces choses seront indestructibles toute notre vie. Mais des choses pas matérielles c'est quoi ? Ce qu'on a dans la tête ? Mais c'est un bordel immense, notre tête… Tant d'images, tant de symboles, tant de tromperies, tant de mensonges qu'on se fait soi même… Mais tout de même, dans ce flot d'idées il y en a quelques-unes qui se dégagent et qui sont communes à tout le monde : le besoin d'être aimé, le besoin d'aimer, le besoin d'être reconnu un minimum… Toutes ces choses-là, finalement, elles existent et on peut s'y accrocher et les développer. Et on peut même leur donner un nom : " Dieu " par exemple. Je suis en plein délire non ?
Dans le petit bouquin religieux de Julie il y a de très jolies images. Elle me l'a prêté et il y en a une qui m'a marquée : un dessin de la Vierge Marie. Il n'avait rien à voir avec ceux que l'on voit dans les églises et qui sont souvent très austères et pas agréables à l'œil, non celui-là il était vraiment pur et simple. On l'aurait cru dessiné de la main d'un enfant à qui on aurait demandé " dessine-moi une Maman qui regarde son fils ". C'était vraiment ça, cette femme-là elle avait dans son regard et dans son sourire la douceur d'une mère. Et je me dis que ce genre d'images, ça réconforte, ça permet de rêver un peu, d'imaginer que quelqu'un nous aime vraiment, que quelqu'un croit en nous…
Je lui ai dit à Julie que je trouvais cette image très jolie et elle m'a répondu qu'elle aussi c'était une de ses préférées. Elle était toute contente que je m'y intéresse et elle m'a dit en me montrant Marie : " tu vois elle nous prend toutes les deux dans ses bras et elle nous berce tendrement… " Ah la la, si elle continue de me dire des phrases comme ça, elle va me faire pleurer pour de bon. N'empêche que j'aimerais bien redevenir petite fille et me faire bercer dans les bras d'une femme qui serait ma mère. Me faire bercer sans réfléchir, juste le plaisir du contact, du son de sa voix, et ne plus penser à rien…
Changement de sujet.
A midi j'ai mangé avec Noémie, et la conversation est venue sur Mathieu. Je ne savais pas trop comment l'amener sur ce sujet, et finalement il se trouve que c'est elle qui l'a abordé. Et j'étais vraiment contente car je sais désormais qu'elle l'aime bien, ce Mathieu. Beaucoup, même. Je pense qu'il ne suffit plus de grand chose pour qu'ils se mettent ensemble. Il faudrait qu'ils se retrouvent seuls un de ces jours, comme ça ils pourraient se parler tranquillement et les choses se feront d'elles-mêmes. En plus connaissant Mathieu, ce n'est pas le genre à laisser traîner les affaires, il saura prendre les choses en mains si elles se présentent.
Ce soir j'ai conduit la voiture avec ma mère pour la première fois. C'est bon, elle n'était pas trop stressée de me voir au volant. Moi non plus, j'étais à l'aise, je me sentais bien, le seul regret que j'avais c'était de ne pas être toute seule dans la voiture mais pour cela je vais devoir encore attendre quelques mois…

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