Dieu existe-t-il
? Moi qui croyais énormément en
lui il y a quelques années, je n'y crois
plus du tout aujourd'hui. Mais la conversation
que j'ai eue l'autre jour avec Julie m'a de nouveau
confrontée à la question. Depuis
qu'elle est chez nous je me sens bien dans me
tête, sereine. Je la regarde passer doucement,
elle parle si peu mais a l'air si sûre d'elle
en même temps
" sûre d'elle
" au bon sens du terme, je veux dire par-là
qu'elle semble avoir découvert en elle
des choses fabuleuses, que rien ne pourrait détruire,
et qui m'échappent complètement
à moi. On reconnaît vraiment les
gens sûrs d'eux à ce qu'ils ne cherchent
pas systématiquement à imposer leur
opinion aux autres. Quelqu'un qui sait quelque
chose au fond de lui n'a pas besoin de le crier
sur les toits. Mais si peu de gens sont ainsi
Avec ses quinze ans j'ai l'impression qu'elle
est comme ça. Peut-être que je me
trompe car il faut bien dire ce qui est, c'est
quand même une fille comme les autres, parfois
elle est inquiète, parfois elle a un peu
de chagrin, parfois elle rit, elle aime s'amuser,
enfin voilà elle est comme moi, et comme
tout le monde. Mais quand même, elle a un
petit quelque chose de différent
Mais en même temps je crois que je lui fais
la même impression, alors peut-être
tout simplement que je l'aime bien et que je me
fais une fausse image d'elle
Hou la ! Je m'emporte et je m'éloigne de
la question de départ : Dieu existe-t-il
? A vrai dire cette question n'a aucun sens, et
ceux qui débattent là-dessus sont
plus marrants qu'autre chose. Aucun sens car d'abord,
il y une infinité de manières de
concevoir Dieu. Certains en font tout un culte,
d'autres le voient partout, dans la nature, dans
les choses qui nous entourent etc, d'autres l'associent
aux beaux sentiments tels que l'amour,
et
puis d'autres sont convaincus que Dieu est une
pure invention humaine. Mais finalement nous les
humains on est si peu de chose, on est si minuscule
dans cet univers, comment peut-on affirmer que
Dieu existe ou pas ? Celui qui affirme des choses
pareilles ne peut pas être quelqu'un qui
a vraiment réfléchi.
Dans mes petites réflexions, je me dis
que l'être humain a forcément besoin
de s'accrocher à quelque chose, d'avoir
des repères
Sans repère on
est perdu. Alors bien souvent on s'accroche à
des choses matérielles : l'argent, un toit,
la famille
c'est très bien mais le
problème c'est que cela peut disparaître
en fumée du jour au lendemain. C'est si
fragile
Alors je me dis que l'idéal
est de s'accrocher à des choses qui ne
sont pas matérielles, car alors ces choses
seront indestructibles toute notre vie. Mais des
choses pas matérielles c'est quoi ? Ce
qu'on a dans la tête ? Mais c'est un bordel
immense, notre tête
Tant d'images,
tant de symboles, tant de tromperies, tant de
mensonges qu'on se fait soi même
Mais
tout de même, dans ce flot d'idées
il y en a quelques-unes qui se dégagent
et qui sont communes à tout le monde :
le besoin d'être aimé, le besoin
d'aimer, le besoin d'être reconnu un minimum
Toutes ces choses-là, finalement, elles
existent et on peut s'y accrocher et les développer.
Et on peut même leur donner un nom : "
Dieu " par exemple. Je suis en plein délire
non ?
Dans le petit bouquin religieux de Julie il y
a de très jolies images. Elle me l'a prêté
et il y en a une qui m'a marquée : un dessin
de la Vierge Marie. Il n'avait rien à voir
avec ceux que l'on voit dans les églises
et qui sont souvent très austères
et pas agréables à l'il, non
celui-là il était vraiment pur et
simple. On l'aurait cru dessiné de la main
d'un enfant à qui on aurait demandé
" dessine-moi une Maman qui regarde son fils
". C'était vraiment ça, cette
femme-là elle avait dans son regard et
dans son sourire la douceur d'une mère.
Et je me dis que ce genre d'images, ça
réconforte, ça permet de rêver
un peu, d'imaginer que quelqu'un nous aime vraiment,
que quelqu'un croit en nous
Je lui ai dit à Julie que je trouvais cette
image très jolie et elle m'a répondu
qu'elle aussi c'était une de ses préférées.
Elle était toute contente que je m'y intéresse
et elle m'a dit en me montrant Marie : "
tu vois elle nous prend toutes les deux dans ses
bras et elle nous berce tendrement
"
Ah la la, si elle continue de me dire des phrases
comme ça, elle va me faire pleurer pour
de bon. N'empêche que j'aimerais bien redevenir
petite fille et me faire bercer dans les bras
d'une femme qui serait ma mère. Me faire
bercer sans réfléchir, juste le
plaisir du contact, du son de sa voix, et ne plus
penser à rien
Changement de sujet.
A midi j'ai mangé avec Noémie, et
la conversation est venue sur Mathieu. Je ne savais
pas trop comment l'amener sur ce sujet, et finalement
il se trouve que c'est elle qui l'a abordé.
Et j'étais vraiment contente car je sais
désormais qu'elle l'aime bien, ce Mathieu.
Beaucoup, même. Je pense qu'il ne suffit
plus de grand chose pour qu'ils se mettent ensemble.
Il faudrait qu'ils se retrouvent seuls un de ces
jours, comme ça ils pourraient se parler
tranquillement et les choses se feront d'elles-mêmes.
En plus connaissant Mathieu, ce n'est pas le genre
à laisser traîner les affaires, il
saura prendre les choses en mains si elles se
présentent.
Ce soir j'ai conduit la voiture avec ma mère
pour la première fois. C'est bon, elle
n'était pas trop stressée de me
voir au volant. Moi non plus, j'étais à
l'aise, je me sentais bien, le seul regret que
j'avais c'était de ne pas être toute
seule dans la voiture mais pour cela je vais devoir
encore attendre quelques mois
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