C'est désormais
certain : d'ici quelques jours Julie et sa mère
Mireille ne seront plus chez nous. Ah la la que
c'est dommage
Je devrais être contente
pour elles car cela signifie qu'elles vont pouvoir
vivre leur vie, mais je suis un peu déçue
quand même de les voir partir. Mireille
va commencer à travailler lundi, elle va
donc toucher une paye, elle s'est donc mise à
la recherche d'un logement et d'ici peu de temps
elle quittera la maison avec sa fille.Je sens
déjà que Julie va me manquer. Depuis
qu'elle était chez nous, c'était
un peu comme ma sur, et de savoir que je
la verrai beaucoup moins souvent me chagrine un
peu. Je sais bien que c'est mieux pour elle qu'elle
aille vivre avec sa mère dans un appartement
de la ville, mais si elle avait pu rester encore
un peu ça aurait été chouette.
Nous avons visité trois appartements hier.
Après avoir noté quelques annonces
dans le journal, on est toutes montées
dans la voiture (ma mère, la mère
de Julie, Julie et moi), et je tiens à
préciser que c'est moi qui conduisais (première
fois avec ma mère). Nous sommes d'abord
allées à la cité de Mireuil.Il
faut dire ce qui est : Mireuil est une banlieue.
Bien sûr ce n'est pas une banlieue du genre
de celles qu'il y a à Paris ou à
Chicago, il ne s'y passe jamais rien de vraiment
grave, mais c'est quand même horriblement
moche : de grands buildings un peu partout et
du béton. C'est là que se trouvaient
les deux premiers appartements que nous devions
visiter.
On monte à l'étage pour le premier
et là surprise : il y avait déjà
une vingtaine de visiteurs qui patientaient pour
la visite ! C'est stupide, cette manière
de faire : le propriétaire convoque tous
les locataires potentiels à la même
heure pour ne faire qu'une seule visite. Il fallait
voir ça : tous ces êtres humains
réduits à leurs fonctionnements
instinctifs. Car tous ces gens n'avaient qu'une
envie : louer cet appartement. Et comme ils étaient
plus de vingt, ils étaient tous à
essayer de prendre un air dégagé
et hautain par rapport aux autres, à essayer
de faire croire au propriétaire qu'ils
étaient les meilleurs locataires possibles,
bref ils essayaient de sortir du lot. C'est nul.Ils
ont mis un temps fou pour le visiter, cet appartement.
Pourtant il n'y avait que trois pièces,
mais tous ces gens tournaient autour du proprio
et lui posaient des milliers de questions sur
les charges, les éventuels travaux, etc
etc
Quand on a vu ça avec Julie on
a rapidement jeté un coup d'il dans
chacune des pièces et après on est
resté dans notre coin à attendre
que la visite se termine. Le loyer de cet appartement
était très faible, mais ça
se comprend vu l'état des moquettes et
des tapisseries. On sentait qu'il n'avait pas
été bien entretenu jusqu'à
maintenant. Une demi-heure après on est
sorti de là un peu déprimées,
surtout la mère de Julie qui venait de
réaliser que la recherche d'un logement
n'allait pas être une chose facile.On a
traversé une espèce de plate-forme
en béton pour rejoindre un deuxième
immeuble et visiter l'autre appartement. Déjà
c'était beaucoup mieux car nous étions
les seuls visiteurs. La propriétaire vivant
à Paris, c'est le concierge qui nous a
fait la visite. Ce concierge est un homme adorable,
très serviable, très gentil, et
la visite fut un plaisir. L'appartement se trouve
au dix-huitième étage, j'espère
que l'ascenseur ne tombe pas trop souvent en panne
! Le bon point de ce logement c'est la vue : de
là-haut on voit la mer. C'est important
d'avoir une belle vue non ? On voyait une grande
partie de la ville s'étaler devant nous.
On a cherché si on voyait notre maison
mais dans toute cette étendue on ne l'a
pas trouvée. Et puis il y a les autres
buildings de la cité qui cachent une partie
de la vue. Cet appartement-là était
plus propre, mais le concierge a noté quelques
points qui demanderont à être améliorés
: par exemple la salle de bain, les carreaux sur
le sol sont presque tous cassés, il faudraen
placer de nouveaux. Le loyer était légèrement
plus élevé que pour le premier appartement,
mais hormis ces point négatif, tout semblait
impeccable.
Comme le concierge était vraiment très
aimable, il nous a proposé de venir prendre
un café chez lui après la visite.
Ma mère n'était pas trop d'accord
mais moi j'ai tout de suite dit " oui "
avant qu'elle ne refuse définitivement,
et au bout du compte on s'est retrouvé
dans l'appartement du concierge, au rez-de-chaussée.
Sa femme était là, très aimable
aussi. Chez eux on se serait cru chez la mère
à Titi (la chanson de Renaud) : tout semblait
vieux et bien en place. Une coquille St Jacques
en guise de cendrier, une photo des petits-enfants
sur la commode, quelques revues et magazines dispersés
ça et là
Mais l'ambiance était
détendue grâce à la gentillesse
du concierge et de sa femme, et finalement on
a mis une heure et demi à le boire ce café
!
Mais en sortant la décision de Mireille
était presque prise : elle allait contacter
la propriétaire pour lui dire que l'appartement
l'intéressait.
Mais cela ne nous empêchait pas de poursuivre
nos visites et d'aller jeter un coup d'il
au troisième appartement, situé
dans la cité des Salines. Je vais être
directe : c'est un mauvais quartier. Là
encore des buildings, mais l'ambiance y est plus
lourde, plus angoissante. On est monté
voir l'appartement, il y avait à l'entrée
du bâtiment deux jeunes qui devaient avoir
dix ou onze ans et qui fumaient un pétard
dans la cage d'escalier. Ils nous ont même
demandé une pièce quand on est passé
à côté d'eux. L'appartement
était minable, des murs sales, des plafonds
tachés de moisie un peu partout, en plus
c'était au rez-de-chaussée avec
vue sur le building d'en face : une vraie catastrophe.
On est vite ressorti.
Dans la soirée, Mireille a appelé
la propriétaire du deuxième appartement
pour lui signaler qu'elle était intéressée.
La proprio a noté ses coordonnées
et promis de rappeler rapidement. On n'a pas encore
reçu le coup de fil, mais je sais que Mireille
compte beaucoup dessus.
Ah la la
dire que d'ici quelques jours l'ancienne
chambre de ma chère sur sera de nouveau
vide
Julie va me manquer.
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