Le réveil
fut difficile, ce matin. Dix jours de vacances,
c'est largement suffisant pour prendre l'habitude
de ne pas se lever tôt. Il faut dire que
je me suis réveillée en pleine nuit,
à 5H00 du matin je crois. J'aime bien cet
horaire, mais pas quand je dois me lever deux
heures plus tard ! Mais je n'arrivais pas à
me rendormir alors je me suis couverte, j'ai ouvert
la fenêtre et j'ai fumé une cigarette.
Comme tout est calme à cette heure-là
Pas une voiture, pas un bruit, rien. Juste le
ronron des vagues. Selon le volume qui parvient
à mes oreilles, je peux deviner si la marée
est haute ou basse, et si la mer est agitée
ou non. Ce matin elle était calme et haute.
Enfin
il a bien fallu se recoucher et se
rendormir
7H00, le réveil sonne
dur dur ! Mais
j'aime ce moment où je suis bien au chaud
dans mon lit, les dix minutes qui précèdent
le moment où je me lève. J'essayais
d'écouter les bruits dans la chambre à
côté pour deviner si Julie était
déjà levée ou non. Effectivement
elle était levée, et je l'ai entendue
descendre. Mais moi j'étais trop bien alors
j'ai attendu encore un peu. Puis je l'ai rejointe,
elle et mon frère, dans la cuisine. Ils
étaient en train de touiller les céréales
dans leur bol de lait chocolaté. J'aime
bien ça moi aussi, mais le matin il me
faut du café
Alors je n'y suis pas
allée de main morte : un bol rempli à
raz bord de café bien corsé, et
je l'ai bu tout d'une traite. Pouh ! ! Dix minutes
après je pétais la forme. C'est
bien moi, ça : incapable de me modérer,
toujours dans les extrêmes.
Ensuite une bonne douche. J'adore rester debout
les yeux fermés sous l'eau tiède,
c'est agréable
Puis je fais les adieux
à mon chien, ce qui prend bien dix minutes
les jours de rentrée, suite je mets mon
bonnet, et on sort
Il y a maintenant une grosse différence
avec le début de l'année dans mon
trajet le matin : c'est que je suis accompagnée.
Julie et moi faisons la route ensemble, ce qui
est normal vu qu'on est au même lycée.
On descend l'avenue Guiton, les voitures, le bruit,
le brouillard, et on arrive au parc, un peu de
calme
Les canards sont déjà
debout. Il y a un mois ils se réveillaient
avant moi, puis les jours se raccourcissant ils
ont fini par se réveiller après
moi, et maintenant, depuis le changement d'heure
ce sont de nouveau eux les premiers debout. Petits
canards, vous ne savez pas la chance que vous
avez de vivre sur un rythme qui ne vous est pas
imposé
Et enfin, le lycée. On a retrouvé
Noémie dans la cour, et toutes les trois
on a accompagné Julie jusqu'à la
salle où elle avait cours. C'est son premier
jour ici, je tenais à ce qu'elle ne soit
pas perdue. Peu à peu les autres sont arrivés,
et Julie les regardait du coin de l'il.
Elle est un peu timide, et donc un peu craintive,
alors je suppose que dans sa tête elle devait
déjà essayer de prendre des repères
parmi eux. Puis une des filles est venue la voir
en lui demandant " c'est toi qui es nouvelle
? " En moi-même je me rappelais que
Julie m'avait dit qu'elle n'aimait pas être
appeler " la nouvelle " chaque fois
qu'elle débarquait dans une nouvelle école.
Mais elle a souri en faisant oui, et l'autre a
commencé à lui parler gentiment.
Elle a l'air sympa cette fille, elle était
très attentionnée vis-à-vis
de Julie, elle l'a même rassurée
sur le cours qui allait venir, comme quoi le prof
était un peu bizarre mais très sympa,
et d'autres petites phrases comme ça qui
peu à peu ont dissipé les inquiétudes
de Julie. J'étais vraiment très
contente pour elle qu'elle se fasse une copine
si rapidement, quand je l'ai quittée pour
aller à mon cours, je lui ai fait la bise
et j'ai vu dans ses yeux qu'elle n'était
plus aussi inquiète qu'au début,
et je suis partie le cur léger.
Ensuite les cours, aucun intérêt.
A midi on s'est retrouvé et on a mangé
à cinq au réfectoire : il y avait
Noémie, Julie, la fille du matin, une copine
à la fille du matin, et pis moi. Julie
n'est pas très causante, surtout quand
elle ne connaît pas, mais je voyais bien
que même sans rien dire elle appréciait
la compagnie des deux autres, et ça me
faisait plaisir. Après manger on s'est
séparé, et Julie a hésité
un peu entre nous suivre Noémie et moi,
ou bien rester avec ses deux collègues.
J'ai remarqué cela et comme je pensais
qu'il valait mieux pour elle qu'elle reste avec
les deux autres, je lui ai fait un petit signe
de la tête, elle a compris et elle a souri.
La journée de cours s'est terminée
normalement, sans encombres. A 17H00 passées
on reprend donc le chemin du retour, où
tout est plus agréable. Tout est plus léger,
on se dit qu'on a toute une soirée à
s'occuper comme on veut, à promener le
chien, à écouter Jim Morrisson chanter,
bref à vivre vraiment. Pas comme toutes
ces heures perdues sur les bancs du lycée.
Julie a l'air aussi peu portée que moi
sur les devoirs scolaires. En arrivant elle a
posé son sac dans sa chambre, et n'y a
plus retouché par la suite.
Ce soir à table, sa mère Mireille
voulait tout savoir de la journée de sa
fille. Alors Julie a tout raconté en détails,
plus pour faire plaisir à sa Maman que
pour son plaisir personnel. Dans son récit
de temps en temps elle faisait appel à
moi pour que je précise certains détails,
ou bien tout simplement pour faire passer l'attention
ailleurs que sur elle. Sa mère était
aux anges, tout s'était bien passé
! Il y a des gens qui sont plus étonnés
quand tout se passe normalement, que quand il
y a des problèmes
D'ailleurs à
propos de Mireille, elle va apparemment se mettre
à travailler ! C'est génial ! Le
piston du collègue de mon père a
marché. Elle devrait à priori effectuer
des petits travaux à la base militaire
de Rochefort à partir de lundi prochain
en fait, c'est bête à dire mais il
y a quelque chose qui me chagrine un petit peu
dans tout ça, c'est que quand elle commencera
à travailler, elle trouvera un appartement
et partira avec sa fille
C'est dommage,
la maison est si gaie avec Julie
Enfin,
c'est aussi bien pour tout le monde
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