journal intime
39 _ Lundi 4 novembre 2002

Deuxième rentrée

Le réveil fut difficile, ce matin. Dix jours de vacances, c'est largement suffisant pour prendre l'habitude de ne pas se lever tôt. Il faut dire que je me suis réveillée en pleine nuit, à 5H00 du matin je crois. J'aime bien cet horaire, mais pas quand je dois me lever deux heures plus tard ! Mais je n'arrivais pas à me rendormir alors je me suis couverte, j'ai ouvert la fenêtre et j'ai fumé une cigarette. Comme tout est calme à cette heure-là… Pas une voiture, pas un bruit, rien. Juste le ronron des vagues. Selon le volume qui parvient à mes oreilles, je peux deviner si la marée est haute ou basse, et si la mer est agitée ou non. Ce matin elle était calme et haute. Enfin… il a bien fallu se recoucher et se rendormir…
7H00, le réveil sonne… dur dur ! Mais j'aime ce moment où je suis bien au chaud dans mon lit, les dix minutes qui précèdent le moment où je me lève. J'essayais d'écouter les bruits dans la chambre à côté pour deviner si Julie était déjà levée ou non. Effectivement elle était levée, et je l'ai entendue descendre. Mais moi j'étais trop bien alors j'ai attendu encore un peu. Puis je l'ai rejointe, elle et mon frère, dans la cuisine. Ils étaient en train de touiller les céréales dans leur bol de lait chocolaté. J'aime bien ça moi aussi, mais le matin il me faut du café… Alors je n'y suis pas allée de main morte : un bol rempli à raz bord de café bien corsé, et je l'ai bu tout d'une traite. Pouh ! ! Dix minutes après je pétais la forme. C'est bien moi, ça : incapable de me modérer, toujours dans les extrêmes.
Ensuite une bonne douche. J'adore rester debout les yeux fermés sous l'eau tiède, c'est agréable… Puis je fais les adieux à mon chien, ce qui prend bien dix minutes les jours de rentrée, suite je mets mon bonnet, et on sort…
Il y a maintenant une grosse différence avec le début de l'année dans mon trajet le matin : c'est que je suis accompagnée. Julie et moi faisons la route ensemble, ce qui est normal vu qu'on est au même lycée. On descend l'avenue Guiton, les voitures, le bruit, le brouillard, et on arrive au parc, un peu de calme… Les canards sont déjà debout. Il y a un mois ils se réveillaient avant moi, puis les jours se raccourcissant ils ont fini par se réveiller après moi, et maintenant, depuis le changement d'heure ce sont de nouveau eux les premiers debout. Petits canards, vous ne savez pas la chance que vous avez de vivre sur un rythme qui ne vous est pas imposé…
Et enfin, le lycée. On a retrouvé Noémie dans la cour, et toutes les trois on a accompagné Julie jusqu'à la salle où elle avait cours. C'est son premier jour ici, je tenais à ce qu'elle ne soit pas perdue. Peu à peu les autres sont arrivés, et Julie les regardait du coin de l'œil. Elle est un peu timide, et donc un peu craintive, alors je suppose que dans sa tête elle devait déjà essayer de prendre des repères parmi eux. Puis une des filles est venue la voir en lui demandant " c'est toi qui es nouvelle ? " En moi-même je me rappelais que Julie m'avait dit qu'elle n'aimait pas être appeler " la nouvelle " chaque fois qu'elle débarquait dans une nouvelle école. Mais elle a souri en faisant oui, et l'autre a commencé à lui parler gentiment. Elle a l'air sympa cette fille, elle était très attentionnée vis-à-vis de Julie, elle l'a même rassurée sur le cours qui allait venir, comme quoi le prof était un peu bizarre mais très sympa, et d'autres petites phrases comme ça qui peu à peu ont dissipé les inquiétudes de Julie. J'étais vraiment très contente pour elle qu'elle se fasse une copine si rapidement, quand je l'ai quittée pour aller à mon cours, je lui ai fait la bise et j'ai vu dans ses yeux qu'elle n'était plus aussi inquiète qu'au début, et je suis partie le cœur léger.
Ensuite les cours, aucun intérêt.
A midi on s'est retrouvé et on a mangé à cinq au réfectoire : il y avait Noémie, Julie, la fille du matin, une copine à la fille du matin, et pis moi. Julie n'est pas très causante, surtout quand elle ne connaît pas, mais je voyais bien que même sans rien dire elle appréciait la compagnie des deux autres, et ça me faisait plaisir. Après manger on s'est séparé, et Julie a hésité un peu entre nous suivre Noémie et moi, ou bien rester avec ses deux collègues. J'ai remarqué cela et comme je pensais qu'il valait mieux pour elle qu'elle reste avec les deux autres, je lui ai fait un petit signe de la tête, elle a compris et elle a souri.
La journée de cours s'est terminée normalement, sans encombres. A 17H00 passées on reprend donc le chemin du retour, où tout est plus agréable. Tout est plus léger, on se dit qu'on a toute une soirée à s'occuper comme on veut, à promener le chien, à écouter Jim Morrisson chanter, bref à vivre vraiment. Pas comme toutes ces heures perdues sur les bancs du lycée.
Julie a l'air aussi peu portée que moi sur les devoirs scolaires. En arrivant elle a posé son sac dans sa chambre, et n'y a plus retouché par la suite.
Ce soir à table, sa mère Mireille voulait tout savoir de la journée de sa fille. Alors Julie a tout raconté en détails, plus pour faire plaisir à sa Maman que pour son plaisir personnel. Dans son récit de temps en temps elle faisait appel à moi pour que je précise certains détails, ou bien tout simplement pour faire passer l'attention ailleurs que sur elle. Sa mère était aux anges, tout s'était bien passé ! Il y a des gens qui sont plus étonnés quand tout se passe normalement, que quand il y a des problèmes… D'ailleurs à propos de Mireille, elle va apparemment se mettre à travailler ! C'est génial ! Le piston du collègue de mon père a marché. Elle devrait à priori effectuer des petits travaux à la base militaire de Rochefort à partir de lundi prochain… en fait, c'est bête à dire mais il y a quelque chose qui me chagrine un petit peu dans tout ça, c'est que quand elle commencera à travailler, elle trouvera un appartement et partira avec sa fille… C'est dommage, la maison est si gaie avec Julie… Enfin, c'est aussi bien pour tout le monde…

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