journal intime
50 _ Jeudi 21 novembre 2002

Bisou !

Hier soir, l'évènement tant attendu est arrivé : Mathieu et Noémie sont sortis ensemble ! J'aime mieux vous dire que j'étais contente...
Je me suis rendue à la soirée toute seule, je veux dire sans mon chien, et je n'aime pas trop ça, marcher la nuit dans les rues sans mon Adonis. Ma mère non plus d'ailleurs n'aime pas trop, et elle ne dort pas tant que je ne suis pas rentrée... Elle est adorable...
J'ai eu une surprise en arrivant là-bas : il y avait beaucoup plus de monde que je ne l'avais prévu, on était bien une trentaine de personnes... Et l'autre surprise c'est que la plupart étaient des étudiants, et non des lycéens. Ce sont mes futurs collègues de l'année prochaine en quelque sorte, enfin si j'ai mon bac... Par contre je ne suis pas pressée d'y être car la plupart étaient des gamins, il faut bien le dire... Mais bon je suppose que quel que soit l'age, il y en aura toujours qui seront restés enfants dans leur tête, au mauvais sens de l'expression.
Mathieu et Noémie étaient déjà arrivés, alors je suis allée leur dire bonjour chacun leur tour. J'étais contente qu'il y ait tant de monde : il est plus facile de passer inaperçu dans la foule. Je ne dis pas ça pour moi mais pour Mathieu et Noémie, parce qu'hier soir ils avaient besoin d'un minimum d'intimité... Alors après être allée leur dire bonjour, je ne leur ai plus adressé la parole de la soirée, afin de laisser les choses se faire d'elles-mêmes. Il y avait Audrey qui était là, Audrey c'est cette fille chez qui j'avais passé une fameuse soirée début septembre, avec les punks, peut-être que certains l'ont lu et s'en rappellent…
Je me suis faite draguer par un gars, mais franchement ce n'était pas une affaire. Le genre jeune cadre dynamique avant l'age : parole facile, la tchatche, une blague (mauvaise) par phrase, un faux sourire accroché sur les lèvres... ah la la ça finira ingénieur chez Microsoft tout ça, ou représentant pour une grosse société ! Il ne m'a pas lâchée de la soirée, j'écoutais d'une oreille distraite ce qu'il me racontait, le plus ennuyeux c'est quand il me posait des questions sur moi, alors que je n'avais pas trop envie d'en parler. Mais apparemment il ne s'en rendait pas compte, il y a des gens comme ça chez qui la conversation ne fonctionne qu'à sens unique... Mais tout en l'écoutant vaguement je surveillais
Mathieu et Noémie et ils étaient désormais en train de causer l'un et l'autre dans un coin de la pièce. Alors là je savais que le plus dur était fait, et que ce n'était plus qu'une question de minutes.
A ce moment j'ai entendu de la musique provenant d'une autre pièce de l'appartement. Intriguée, je me suis laissée guider par le son, suivie de près hélas par mon futur jeune cadre dynamique. C'était dans la chambre, il y avait une batterie et une guitare, et deux gars en jouaient. Celui qui était à la guitare chantait en même temps. Mais il chantait très mal, et il a reconnu lui-même que la guitare sèche ce n'était pas son truc, que lui il faisait du hard rock ( heavy métal machin ) et que chanter des chansons à la guitare acoustique n'était pas ce qu'il savait le mieux faire. En gros, il savait gueuler mais pas chanter. Mais après lui un autre type a pris la guitare et là c'était génial. Il chantait vraiment très bien, avec une belle voix, bien soutenue et très entraînante. En plus il chantait les Ecorchés Vifs de Noir Désir, une de mes chansons préférées, qui figure sur le fameux album que m'avait offert ma sœur il y a de ça de nombreuses années. Malheureusement, le spectacle était gâché par mon futur jeune cadre dynamique qui n'arrêtait pas de faire des commentaires. Il m'a expliqué que lui aussi il jouait de la musique, du synthétiseur, et même qu'il avait un home studio d'installé sur son ordinateur, je n'en avais strictement rien à faire, en plus il gâchait tout ! Il y a des gens comme ça qui passent plus de temps à parler de musique qu'à l'écouter... et le pire c'est qu'ils se disent musiciens ! En moi-même je pensais à une petite chanson dont je lui aurais bien récité les paroles si j'avais été malpolie : " Ca fait deux heures que tu m'déballes / Ta galerie / J'm'en barbouille le pourtour anal / De tes conneries ! "
En retournant dans la salle j'ai eu un éclair de joie : Mathieu et Noémie étaient en train de s'embrasser ! Aaaaaah ! Enfin ! Il leur en aura fallu du temps !
Alors tout le reste de la soirée s'est déroulé tranquillement, toujours en compagnie du jeune cadre dynamique qui ne cessait de me soûler, le seul avantage c'est que comme je n'avais plus de cigarettes, je lui ai taxé toutes les siennes ! En partant il m'a demandé mon numéro de téléphone alors je lui en ai donné un faux... mais je regrette, c'est malhonnête de faire ça, j'aurais du lui dire carrément que je ne voulais pas. Je me promets de ne pas recommencer, ce n'est pas bien de mentir, même quand c'est pour se débarrasser de gens ennuyeux.
Je suis rentrée avec Noémie. Elle serait bien restée, évidemment, mais Mathieu devait lui aussi rentrer car ce n'est pas lui qui conduisait et j'ai cru comprendre que son copain s'était profondément ennuyé durant la soirée (au moins je n'aurai pas été la seule lol) . Alors on a fait le trajet du retour ensemble, vu qu'elle habite tout près de chez moi. Elle était toute contente ! Ses yeux brillaient, elle avait le sourire, elle qui était si silencieuse depuis quelques semaines... Hier soir j'ai retrouvé la Noémie que je connais, celle qu'elle est vraiment. Toute excitée, elle marchait très vite et j'étais sans cesse obligée de la rappeler : " Eh y a pas le feu au lac ! " Alors elle ralentissait mais elle avait du mal. Elle n'arrêtait pas de répéter : " T'es géniale, c'est grâce à toi, merci, t'es géniale. " Moi je lui disais " mais non… je n'y suis pour rien… ", même si en fait j'y suis pour beaucoup... Elle m'a aussi dit : " quand j'ai vu que tu avais invité Mathieu, je me suis dit putain elle abuse quand même... mais en fait t'as eu raison, t'es géniale... " ah la la...
On s'est séparées sur l'avenue en bas de chez moi et quand je suis rentrée il était une heure et demi, aujourd'hui ce fut dur, avec si peu de sommeil. Mais ce n'est pas bien grave, ça n'a aucune importance à côté de ce qui s'est passé hier soir.

A l'écoletexte précédent texte suivant La patinoire