journal intime
122 _ lundi 17 mars 2003

Jardin du Luxembourg

Il y a des lieux à Paris qui sont tout chargés de vie et d'histoire et on ne le sait même pas. L'autre jour je suis entrée dans une église dans le quartier du Marais. De l'extérieur elle ne payait pas vraiment de mine, elle était plutôt vieille et sale. A la limite elle aurait été présentable s'il n'y avait pas eu une énorme affiche collée au-dessus de la porte. Mais certaines personnes manquent gravement de goût.
Je suis entrée car j'aime bien le silence des églises. Il y règne toujours une ambiance douce et reposante, ce qui est bien agréable, surtout à Paris où tout le monde est si agité dehors. A l'intérieur, les gens marchent doucement autour de l'autel, ils chuchotent entre eux, et on voit quelques vieilles dames qui récitent des prières à voix si basse qu'on voit juste leurs lèvres bouger. Des prières, j'en connais des tonnes. Mais je ne récite rien, je ne trouve pas ça vraiment utile. Déjà que je ne crois pas en Dieu, je ne vais pas m'adresser à lui. Je préfère garder le silence, y compris dans ma tête.
D'où vient cette douce ambiance typique aux églises ? Ma sœur y voyait presque une preuve de l'existence de Dieu, à mon avis c'est surtout dû à l'architecture. Mais le fait est là : on s'y sent bien.
Et en sortant, je me suis attardée à lire la plaque à côté de la porte. Que de grands noms, à commencer par Richelieu et Louis XIII. Ce sacré Richelieu, qui a tant fait souffrir mes ancêtres rochelais, aura au moins fait ça de bon. Je crois que c'est lui qui fait bâtir cette église, ou bien reconstruire, puis il y a donné la première messe. Tout ça pour dire que j'ai marché sur les pas du cardinal et du roi.
Hier, j'étais au jardin du Luxembourg. Et encore une fois, voici un lieu chargé d'histoire. Combien de fois ai-je pu le voir citer dans des bouquins, et pas des moindres ! A commencer par les rencontres furtives entre Cosette et Marius dans les Misérables… J'y suis allée avec David et mon chien. Il fait décidément très beau en ce moment, c'est presque louche pour un mois de mars. David n'était qu'à moitié d'accord pour aller jusque là-bas, mais c'est vrai qu'il avait un match de foot dans les jambes. Tandis que moi, hier matin, j'ai accompagné mon père à la gare. Mais j'en parlerai demain, aujourd'hui c'est le jardin du Luxembourg que j'ai en tête.
Ca nous a bien pris une bonne heure de marche pour relier Saint Lazare et le jardin. Mais ça fait du bien à mon chien. Mine de rien il va sur ses dix ans, et s'il a toujours sa pleine forme c'est sûrement grâce à toutes ces balades que je lui fais faire. Surtout que quand je relie un point à un autre, il parcourt bien quatre fois plus de distance que moi vu qu'il est toujours rendu à droite à gauche.
Le jardin est très beau, peut-être un peu surfait… Certaines personnes n'aiment que ce qui est sauvage. Moi aussi, mais parfois un peu d'artifice ne fait pas de mal. J'ai donc bien aimé le jardin. Il est entouré de grilles, et tout proche du Panthéon, autre lieu mythique qu'il faudra que je visite un de ces quatre. En face on a le lycée Montaigne, qui a connu bien des grands hommes, Renaud en tête. Et bien sûr le palais, qui est le siège du sénat. Très luxueux, ils ne s'en font pas les politiques… Il paraît qu'il faut avoir au moins vingt cinq ans pour devenir sénateur. Dans huit ans je me présente.
La première chose qu'on a faite arrivés là-bas, c'est d'aller nous étaler dans l'herbe. Allongés sur la pelouse du Luxembourg, si ça c'est pas romantique, dites-moi ce qui l'est ! On s'est embrassé un bon quart d'heure comme ça, mais il faisait si chaud qu'on est allé se réfugier à l'ombre. On a discuté un peu, c'était chouette…
J'ai posé une question stupide à David. Oui, stupide, et je le savais très bien qu'elle était stupide, mais bon elle me démangeait. C'est vrai, il y a un petit quelque chose qui me complexe avec lui, c'est mon âge. Dans un mois et demi j'aurai dix-huit ans, et à vrai dire je ne suis pas pressée. Mon seul réconfort, c'est que la différence avec David sera moins grande. Je sais bien qu'on aura toujours trois ans et demi de différence, mais ça se verra moins peut-être. Alors je lui ai demandé carrément s'il me trouvait pas un peu trop jeune dans ma tête. Il a souri, il m'a répondu que non, qu'au contraire, qu'il me trouvait bien plus évoluée que ses collègues étudiantes par exemple. Je lui ai parlé d'Alain, ce que je n'avais encore jamais fait. A moins que j'aie oublié, parce que je dis parfois des choses sans y penser. Je lui ai raconté qu'avant je sortais avec mon moniteur d'auto-école, trente-huit ans… Ben il n'a même pas été surpris. Rien, il n'a même pas écarquillé les yeux, j'étais presque déçue de ne lui faire aucun effet avec ma révélation. Alors je lui ai demandé " ça te choque pas ? " Il a dit " beh non pas du tout ". Bon… Ensuite il m'a dit comme ça : " moi l'an dernier je sortais avec une femme de quarante ans ". Là j'avoue que ça m'a fait drôle. Mais je n'ai rien dit, et je n'ai même pas écarquillé les yeux, même si je brûlais de lui demander plein de détails. Il m'a demandé " ça te choque pas ? " J'ai répondu " beh non pas du tout ". Alors il m'a fait " mais non c'est des conneries c'est pas vrai "… Eh eh… Le pire c'est que j'y ai cru. Enfin quand même, ça m'aurait beaucoup étonnée…
On est rentré un peu plus tard, tranquillement.
Mercredi est un grand jour : l'anniversaire de Julie ! Seize ans, elle va avoir. Je lui ai préparé un petit colis que je posterai demain. Mais chaque chose en son temps, ce sera l'objet de mon prochain texte.
A part ça, j'ai donné le mot de passe de mon site à mon cousin. Nous sommes en train de mettre en place un nouveau répertoire qui sera presque un site à part entière. Je ne sais pas encore de quoi je parlerai dedans, mais je sais qu'il sera basé sur un système qui m'a beaucoup séduite : SPIP.

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