Hier soir, j'ai
assisté à une séance de l'atelier
théâtre sur lequel je dois rédiger
un petit article pour le journal. Et j'ai adoré.
J'ai surtout été très impressionnée
par la responsable, Cécile. Voilà
une héroïne de la vie de tous les
jours, quelqu'un qui fait avancer le monde à
sa manière, à petits pas. Elle est
terrible. Déjà elle a vingt et un
ans, ce qui est bien jeune pour diriger une association.
Mais elle déborde d'énergie et d'enthousiasme.
Et puis je ne sais pas si c'est grâce au
théâtre ou quoi, mais elle a une
façon de parler parfaitement claire, audible,
placée comme il faut, qui fait que quand
elle parle, eh ben forcément, on écoute.
Et malgré toutes ces qualités elle
ne se prend pas une seule seconde au sérieux.
Bien au contraire, elle est très gentille.
Je suis arrivée au lieu expliqué
à huit heures du soir, comme convenu. J'ai
composé le code qui m'a permis de franchir
le porche, et j'ai rejoint un petit groupe de
personnes qui patientaient devant une porte fermée
à clé, dans l'arrière-cour.
A coup sûr il s'agissait de la troupe. Je
leur ai demandé, ils m'ont confirmé.
Ils ont cru que j'étais une nouvelle venue,
alors j'ai expliqué que non, que j'étais
là pour rédiger un petit article
sur leur travail. Alors ils étaient contents
! Eh oui, c'est bien agréable d'entendre
parler de soi, même venant d'une petite
journaliste bénévole qui en est
à son tout premier article. En tous cas
ils étaient très aimables.
Puis Cécile est arrivée, et l'image
que je m'étais faite d'elle au téléphone
s'est confirmée, ce qui est rare. Nous
sommes entrés. La salle était assez
petite et toute encombrée d'objets divers,
tabourets, chaises, tables, armoire de déguisements
plutôt vilains, etc. Et plutôt vieille,
tant mieux, je préfère. Il y avait
une estrade, elle aussi très encombrée,
mais elle n'a pas servi car il y avait suffisamment
de place devant. On a attendu un peu que les autres
arrivent, au final on était une bonne douzaine.
Cécile m'a présentée, puis
m'a proposée de m'asseoir pour observer
la séance, et de ne surtout pas hésiter
si j'avais la moindre question à poser.
J'avais emmené avec moi un petit carnet
pour prendre des notes, mais je l'ai posé
dans un coin et je l'ai complètement oublié.
D'ailleurs il doit toujours y être car je
n'ai pas pensé à le reprendre en
partant, toute étourdie que je suis. Enfin
c'est pas bien grave.
Alors là je dois dire quelque chose : je
m'étais complètement trompée
sur le théâtre. Sur toute la ligne.
J'en avais bien fait quelques séances au
collège, mais rien de très sérieux,
et puis ça ne me plaisait pas tant que
ça. Il faut dire qu'à l'époque
je n'étais pas très bien dans ma
tête, pas suffisamment bien pour en profiter.
Mais là, hier encore, si on me disait théâtre,
eh bien je pensais à comédie dramatique,
sentiments, discours et monologues emportés
et flamboyants. J'exagère un peu mais à
peine. Eh bien pas du tout ! Pendant une heure,
Cécile leur a fait faire des choses incroyables
auxquelles je n'aurais jamais pensé. Par
exemple le coup des chaises. Ils devaient marcher
à travers la salle, comme ça, l'air
de rien, et quand elle frappait dans ses mains,
chacun devait s'approcher d'une chaise et s'y
installer dans la position la plus incongrue qui
soit. Pas forcément assis d'ailleurs. Et
certains faisaient preuve de beaucoup d'imagination.
Plus tard, ils avaient tous le dos tourné
à Cécile et à moi. Puis ils
devaient se retourner et prendre l'attitude la
plus vulgaire possible. Eh eh
il y a une
fille qui expliquait qu'elle ne pouvait pas, elle,
prendre une attitude vulgaire, que ce n'était
pas dans sa nature, et donc perdu d'avance. Mais
Cécile lui expliquait que c'était
tout l'intérêt du théâtre,
justement, de jouer des rôles différents
de ce que l'on est.
Cécile m'a proposé de participer
moi aussi. Oh non
je suis trop timide. Je
préférais regarder. Tout ceci a
bien duré une heure, puis ils ont attaqué
la répétition de leur pièce,
pendant deux heures. Eh oui, la séance
fut très longue mais c'était exceptionnel
: lundi soir prochain, ce sera la représentation.
Trois fois rien, simplement dix minutes, car les
troupes seront nombreuses à donner un petit
bout de leur pièce. Mais rien que dix minutes
c'est déjà énorme et ça
se prépare, alors hier soir ils répétaient
leurs rôles. C'est un ensemble de sketches
écrits par Rolland Dubillard. Ne me demandez
pas qui est ce Rolland Dubillard, hier encore
je ne le connaissais pas. Et ses sketches sont
très nuls et pas franchement drôles.
Mais Cécile expliquait : " Ah oui
ils sont nuls ces textes. Il n'y a rien dedans
! C'est creux ! Mais justement, c'est à
vous de les rendre drôles dans votre façon
de les interpréter. " Dur dur, pensais-je
Mais finalement ils se débrouillaient bien
et même moi, qui pourtant observais cela
d'un il professionnel et exercé,
objectif et expert, beh j'ai bien rigolé
:)
Pour se décontracter, en fin de séance,
chacun devait s'exprimer devant les autres pendant
une minute ou deux, et expliquer pourquoi il faisait
du théâtre. Il y a fort à
parier que je n'étais pas innocente dans
cette hisoire : Cécile a dû penser
que les différentes réponses à
la question "pourquoi fais-tu du théâtre"
m'intéressaient. Et là je vais parler
plus précisément de l'un des comédiens
qui m'a bien intriguée. Il était
assez timide, et c'est bien dommage car bourré
d'imagination. Sur le coup des chaises, c'est
toujours lui qui trouvait la position la plus
incongrue, celle qui me faisait le plus sourire.
Idem pour le coup de l'attitude vulgaire. Seulement
voilà, il n'allait pas au bout de ses idées.
Comme si quelque chose le retenait. Je vais le
nommer Alban, car c'est le nom qu'il porte dans
la pièce. Quand ce fut au tour d'Alban
d'expliquer ses motivations théâtrales,
il a été très franc. Il a
expliqué que son but était de se
prouver qu'il était capable de s'exprimer
devant un public, et de surmonter sa timidité.
Alors bravo pour cette honnêteté.
Ce qui n'est vraiment pas de chance, c'est que
son stress le fait oublier son texte. Et ça
doit être dramatique, pour un acteur, d'oublier
ses répliques sur scène. Pourtant
il est étudiant en histoire, alors de la
mémoire, il doit en avoir. Il était
un peu inquiet à l'idée de se produire
en public lundi soir. Peur du trou de mémoire.
Cécile a essayé de le rassurer tant
bien que mal, mais il avait l'air sceptique. Moi
qui serai dans la salle, eh bien je croiserai
les doigts pour lui, car il est vraiment sympathique.
Allez Alban, courage !
Demain soir, j'assisterai à une répétition
du second atelier, car j'ai enfin réussi
à contacter son responsable. Je suis très
impatiente, je vais pouvoir faire une comparaison.
Enfin, pour ce qui est de mon apprentissage de
SPIP, j'avance doucement. J'arrive à faire
à peu près tout ce dont j'aurai
besoin pour mon site.
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