journal intime
128 _ mercredi 26 mars 2003

L'atelier théâtre

Hier soir, j'ai assisté à une séance de l'atelier théâtre sur lequel je dois rédiger un petit article pour le journal. Et j'ai adoré. J'ai surtout été très impressionnée par la responsable, Cécile. Voilà une héroïne de la vie de tous les jours, quelqu'un qui fait avancer le monde à sa manière, à petits pas. Elle est terrible. Déjà elle a vingt et un ans, ce qui est bien jeune pour diriger une association. Mais elle déborde d'énergie et d'enthousiasme. Et puis je ne sais pas si c'est grâce au théâtre ou quoi, mais elle a une façon de parler parfaitement claire, audible, placée comme il faut, qui fait que quand elle parle, eh ben forcément, on écoute. Et malgré toutes ces qualités elle ne se prend pas une seule seconde au sérieux. Bien au contraire, elle est très gentille.
Je suis arrivée au lieu expliqué à huit heures du soir, comme convenu. J'ai composé le code qui m'a permis de franchir le porche, et j'ai rejoint un petit groupe de personnes qui patientaient devant une porte fermée à clé, dans l'arrière-cour. A coup sûr il s'agissait de la troupe. Je leur ai demandé, ils m'ont confirmé. Ils ont cru que j'étais une nouvelle venue, alors j'ai expliqué que non, que j'étais là pour rédiger un petit article sur leur travail. Alors ils étaient contents ! Eh oui, c'est bien agréable d'entendre parler de soi, même venant d'une petite journaliste bénévole qui en est à son tout premier article. En tous cas ils étaient très aimables.
Puis Cécile est arrivée, et l'image que je m'étais faite d'elle au téléphone s'est confirmée, ce qui est rare. Nous sommes entrés. La salle était assez petite et toute encombrée d'objets divers, tabourets, chaises, tables, armoire de déguisements plutôt vilains, etc. Et plutôt vieille, tant mieux, je préfère. Il y avait une estrade, elle aussi très encombrée, mais elle n'a pas servi car il y avait suffisamment de place devant. On a attendu un peu que les autres arrivent, au final on était une bonne douzaine. Cécile m'a présentée, puis m'a proposée de m'asseoir pour observer la séance, et de ne surtout pas hésiter si j'avais la moindre question à poser. J'avais emmené avec moi un petit carnet pour prendre des notes, mais je l'ai posé dans un coin et je l'ai complètement oublié. D'ailleurs il doit toujours y être car je n'ai pas pensé à le reprendre en partant, toute étourdie que je suis. Enfin c'est pas bien grave.
Alors là je dois dire quelque chose : je m'étais complètement trompée sur le théâtre. Sur toute la ligne. J'en avais bien fait quelques séances au collège, mais rien de très sérieux, et puis ça ne me plaisait pas tant que ça. Il faut dire qu'à l'époque je n'étais pas très bien dans ma tête, pas suffisamment bien pour en profiter. Mais là, hier encore, si on me disait théâtre, eh bien je pensais à comédie dramatique, sentiments, discours et monologues emportés et flamboyants. J'exagère un peu mais à peine. Eh bien pas du tout ! Pendant une heure, Cécile leur a fait faire des choses incroyables auxquelles je n'aurais jamais pensé. Par exemple le coup des chaises. Ils devaient marcher à travers la salle, comme ça, l'air de rien, et quand elle frappait dans ses mains, chacun devait s'approcher d'une chaise et s'y installer dans la position la plus incongrue qui soit. Pas forcément assis d'ailleurs. Et certains faisaient preuve de beaucoup d'imagination. Plus tard, ils avaient tous le dos tourné à Cécile et à moi. Puis ils devaient se retourner et prendre l'attitude la plus vulgaire possible. Eh eh… il y a une fille qui expliquait qu'elle ne pouvait pas, elle, prendre une attitude vulgaire, que ce n'était pas dans sa nature, et donc perdu d'avance. Mais Cécile lui expliquait que c'était tout l'intérêt du théâtre, justement, de jouer des rôles différents de ce que l'on est.
Cécile m'a proposé de participer moi aussi. Oh non… je suis trop timide. Je préférais regarder. Tout ceci a bien duré une heure, puis ils ont attaqué la répétition de leur pièce, pendant deux heures. Eh oui, la séance fut très longue mais c'était exceptionnel : lundi soir prochain, ce sera la représentation. Trois fois rien, simplement dix minutes, car les troupes seront nombreuses à donner un petit bout de leur pièce. Mais rien que dix minutes c'est déjà énorme et ça se prépare, alors hier soir ils répétaient leurs rôles. C'est un ensemble de sketches écrits par Rolland Dubillard. Ne me demandez pas qui est ce Rolland Dubillard, hier encore je ne le connaissais pas. Et ses sketches sont très nuls et pas franchement drôles. Mais Cécile expliquait : " Ah oui ils sont nuls ces textes. Il n'y a rien dedans ! C'est creux ! Mais justement, c'est à vous de les rendre drôles dans votre façon de les interpréter. " Dur dur, pensais-je… Mais finalement ils se débrouillaient bien et même moi, qui pourtant observais cela d'un œil professionnel et exercé, objectif et expert, beh j'ai bien rigolé :)
Pour se décontracter, en fin de séance, chacun devait s'exprimer devant les autres pendant une minute ou deux, et expliquer pourquoi il faisait du théâtre. Il y a fort à parier que je n'étais pas innocente dans cette hisoire : Cécile a dû penser que les différentes réponses à la question "pourquoi fais-tu du théâtre" m'intéressaient. Et là je vais parler plus précisément de l'un des comédiens qui m'a bien intriguée. Il était assez timide, et c'est bien dommage car bourré d'imagination. Sur le coup des chaises, c'est toujours lui qui trouvait la position la plus incongrue, celle qui me faisait le plus sourire. Idem pour le coup de l'attitude vulgaire. Seulement voilà, il n'allait pas au bout de ses idées. Comme si quelque chose le retenait. Je vais le nommer Alban, car c'est le nom qu'il porte dans la pièce. Quand ce fut au tour d'Alban d'expliquer ses motivations théâtrales, il a été très franc. Il a expliqué que son but était de se prouver qu'il était capable de s'exprimer devant un public, et de surmonter sa timidité. Alors bravo pour cette honnêteté. Ce qui n'est vraiment pas de chance, c'est que son stress le fait oublier son texte. Et ça doit être dramatique, pour un acteur, d'oublier ses répliques sur scène. Pourtant il est étudiant en histoire, alors de la mémoire, il doit en avoir. Il était un peu inquiet à l'idée de se produire en public lundi soir. Peur du trou de mémoire. Cécile a essayé de le rassurer tant bien que mal, mais il avait l'air sceptique. Moi qui serai dans la salle, eh bien je croiserai les doigts pour lui, car il est vraiment sympathique. Allez Alban, courage !
Demain soir, j'assisterai à une répétition du second atelier, car j'ai enfin réussi à contacter son responsable. Je suis très impatiente, je vais pouvoir faire une comparaison.
Enfin, pour ce qui est de mon apprentissage de SPIP, j'avance doucement. J'arrive à faire à peu près tout ce dont j'aurai besoin pour mon site.

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