journal intime
161 _ mercredi 21 mai 2003

La pression retombe

J'ai l'impression que ma tête va exploser. L'impression que je ne contrôle plus rien et que tout se mélange à l'intérieur. J'ai un souvenir d'enfance en tête depuis ce matin, et je n'arrive pas à savoir s'il m'est réellement arrivé ou si ce n'est pas moi qui l'ai inventé, à force d'imaginer des choses. Voilà :
Quand j'étais petite, j'entendais des voix. Oh ! Pas comme Jeanne d'Arc, non, ça ne durait jamais plus d'une seconde et ce n'était pas des messages de Dieu. Mais parfois, quand j'étais seule dehors, en train de m'amuser, j'étais soudainement interrompue par un appel, une sorte d'écho qui venait de loin. Ca me disait " Eh oh " ou bien ça prononçait mon prénom. Et c'était la voix de ma sœur, comme si elle venait de très loin. Je tournais alors la tête dans la direction de l'appel et je scrutais : il n'y avait rien. Et je me suis souvent demandée si cette voix était réelle, ou bien si c'était une hallucination de mon esprit.
Mais aujourd'hui la question que je me pose est bien plus grave : les ai-je vraiment entendues ces voix ? Entendre un appel de ma sœur, c'est mon rêve, je donnerais une année de ma vie pour ça. Et Dieu sait qu'une année c'est énorme pour moi qui suis effrayée par le temps qui passe. Alors j'ai tellement rêvé de l'entendre, cet appel de ma sœur, que j'en viens à me demander si la petite histoire que je viens de raconter m'est réellement arrivée. Suis-je folle ? Est-ce grave ?
Heureusement, il y a des choses plus terre à terre. David a bien vu que depuis quelques temps je suis plutôt triste, pas tellement dans mon assiette, et assez déconnectée de la réalité. Quand il me demande ce que j'ai, je réponds que tout va bien. Mais hier, ça m'a échappé et la vérité est sortie. On était invité à un apéro, et au moment de sortir il m'a demandé à quoi je pensais. Et là j'ai répondu : "A Julie". Incroyable… C'est sorti sans que j'y pense, comme ça, direct. Et pire encore, je me suis mise à pleurer comme une fontaine et suis tombée assise sur la chaise. Heureusement qu'il y avait une chaise, sinon si ça se trouve je serais tombée par terre. Comme si la pression retombait, comme si d'un seul coup je relâchais de longues journées de pensées secrètes. Le simple fait de prononcer son prénom à quelqu'un en face de moi m'a mise dans cet état. David n'en revenait pas. Alors on a parlé, parlé, et ça m'a fait un bien fou. Bien sûr je pleurais, mais c'était des larmes de soulagement, de vidage de sac. Mais j'ai été malhonnête avec David, car je ne lui ai rien avoué, dans le fond…
Il n'a pas compris ce que je ressentais pour Julie, que j'étais amoureuse. Parce que bon je peux bien le dire, c'est de l'amour. Ou alors je ne sais pas comment ça s'appelle, je n'ai jamais ressenti ça pour qui que ce soit d'autre. Même du temps ou je sortais avec Alain ou David (je veux dire au début), ça n'arrivait pas à la cheville. Ca y est je l'ai dit, je suis amoureuse. Et pis allez j'en remets une couche au cas où ce serait encore ambigu (pour moi) : j'aime Julie. Ouf ! Ca fait du bien ! ! !
Bon… David n'a rien vu. Car je lui ai simplement expliqué que je me faisais du souci pour elle, pour sa vie de famille, son lycée, tout ça… Il a donc cru que je m'inquiétais pour elle comme une simple amie, certes une très bonne amie, mais juste une amie quand même. Avec le recul je m'en veux, c'est encore très malhonnête d'avoir fait ça. Surtout qu'il m'a consolée tellement gentiment que quand je vais le quitter, ce sera encore plus difficile. Car oui, ça aussi c'est décidé : je vais le quitter. Ben ouais… j'en peux plus d'être assise entre deux chaises. Ca ne résoudra rien pour Julie, mais au moins j'y verrai peut-être un peu plus clair. J'espère. Je redoute le moment où je vais lui dire, il ne va pas bien comprendre… Je lui dirai la vérité, c'est la moindre des choses. Enfin si je peux.
Allez, il faut que j'arrête de parler de choses tristes. Je voulais vous remercier pour tous les mails que vous m'avez envoyés à propos de ma chanson. Ca m'a fait très plaisir. Hélas je ne réponds pas, en ce moment… La motivation me manque, il ne faut pas m'en vouloir… Je ne réponds qu'à ceux qui me posent une question claire et précise, éventuellement urgente. Et puis il y en a qui m'écrivent de jolis mails mais à qui il m'est impossible de répondre. Surtout avec ceux qui sont chez AOL. Si vous êtes chez eux et que je ne vous ai pas répondu, ben il faut recommencer. Ca m'attriste d'ailleurs… Il y a un mois, une jeune lectrice m'a écrit un mail splendide, avec des couleurs, une jolie police, des petits dessins qu'elle avait faits rien que pour moi, j'étais toute émue… Et quand j'ai répondu, ben j'ai reçu une erreur. Et j'en suis profondément désolée, elle y a mis du cœur dans son message, et je ne peux même pas la remercier. Je l'imagine pourtant derrière son clavier à composer ses phrases si gentilles pour moi… Bouh… ça aussi ça va me faire pleurer. Un rien me casse le moral, aujourd'hui.
Il vaut mieux que j'arrête là. Et mine de rien ça fait une heure que je suis sur ce texte qui n'est qu'un gros bric à brac. Une heure que je cherche la concentration pour écrire, et que mes pensées partent inévitablement dans les nuages. Bonne soirée.

Douces pensées
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