journal intime
149 _ vendredi 2 mai 2003

Mon anniversaire

Hier, ce fut ma fête ! Mais on n'a pas tous les jours dix-huit ans… Moi je pensais que ce serait une journée normale, comme les autres, avec juste un petit cadeau de la part de mon copain, rien de plus. Eh bien je m'étais trompée : j'ai été comblée à tel point que je devrais en avoir honte. L'avantage de fêter son anniversaire un jour férié, c'est que tout le monde est là pour vous faire plaisir, que dis-je, pour vous servir.
Tout a commencé le matin par un petit déjeuner sur plateau, directement au lit. Eh oui, après nous être fait du bien pendant une heure sous les draps, David s'est levé, s'est habillé, a ouvert les volets pour me faire du jour, puis est parti acheter du pain. Quand il est rentré, je l'ai entendu traficoter un moment dans la cuisine, puis il est venu m'apporter le petit déj' au lit. Comme c'est agréable ! En plus sur le plateau, il y avait un petit bouquet de muguet acheté dans la rue. Puis il m'a offert mon cadeau : un ravissant petit collier. Mais le plus beau cadeau qu'il m'a fait, c'est une phrase qu'il a prononcée sans faire attention. C'était spontané, pas préparé, d'ailleurs je crois bien qu'il ne s'est même pas rendu compte de ce qu'il disait. En me voyant toute contente devant le collier il m'a dit : " ce que j'aime bien chez toi, c'est que quand tu souris, tu souris aussi avec les yeux ". Eh beh… Lui qui est tout sauf poète, sur ce coup il s'est surpassé.
Puis jusqu'au soir, les choses se sont passées normalement, rien à signaler. D'ailleurs David était absent une partie de l'après-midi car il devait s'occuper d'un tournoi de foot, enfin rien d'important. C'est le soir, vers 9H00, que les choses ont repris avec le repas. Nous étions quatre ici : David, mon cousin Greg, sa copine Mathilde et moi-même. Et chacun avait un cadeau pour moi. Mon cousin, ce fut un livre. Comme il ne lit que des trucs bizarres, des trucs qui font le même effet qu'un bon pétard me dit-il, des trucs écrits par des auteurs fous ou devenus fous, eh bien j'ai eu un bouquin de cet acabit. Un truc sur la pataphysique, qui est, je cite, la " science des solutions imaginaires ", ce qui ne veut rien dire. Mathilde m'a fait un cadeau d'une valeur inestimable : huit vieux posters des Doors et de Jim Morisson. Elle les avait à traîner dans une malle et tout le monde s'en foutait. Ils étaient condamnés à disparaître tôt ou tard. Sachant que j'adorais, elle me les a offerts. J'en ai accroché trois au mur, et j'en accrocherai encore trois dans ma chambre à La Rochelle. Je garde les autres précieusement.
Mais le clou, c'est que Mathilde avait un cadeau pour moi de la part de son père. Son père, dois-je le rappeler, tient un bar-tabac. Et j'avais essayé de lui marchander le prix des cigarettes, afin de les payer moins chères. Mais il n'avait jamais voulu, pensant que ça m'inciterait à consommer d'avantage. Eh bien son cadeau, figurez-vous que c'était… des cigarettes. Oui, mais des cigarettes en chocolat ! Ah ! Ah ! Ah ! J'ai adoré la blague.
Ensuite j'ai eu droit au gâteau. A mon préféré : le mille-feuilles. Je me demande comment Mathilde le savait, que c'était mon gâteau préféré. Sans doute mon cousin lui avait-il dit. Avec dix-huit bougies. Eh oui, dix-huit… Puis vers dix heures, d'autres personnes sont arrivées à ma grande surprise. Et toutes avec un petit cadeau ! Marine, Caroline… c'est fou. Quand je pense que je suis arrivée à Paris à début janvier. Qu'à l'époque je ne connaissais que mon cousin, que j'étais désespérément seule. Voir tous ces gens autour de moi, et pour moi, hier soir, m'a remplie de bonheur. J'ai été comblée comme une princesse.
Et le pire, c'est que je remets ça ce soir. En effet, je rentre passer le week-end à La Rochelle. Ma mère m'a dit en rigolant au téléphone : " tu n'es pas rentrée pour les vacances, tu vas quand même bien rentrer pour ton anniversaire ". Elle rigolait, mais je sais bien qu'elle en mourait d'envie. Et puis moi aussi, j'ai envie de les revoir. Je ne suis rentrée qu'une petite fois en quatre mois, c'est très peu… J'ai proposé à David de m'accompagner chez mes parents, mais il n'a pas trop voulu. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois. Je sens que je vais avoir encore quelques cadeaux, ainsi qu'un autre mille-feuilles. Et peut-être que mes grands-parents seront là aussi, qui sait…
Mais le meilleur moment de la journée, je le sais d'avance, ce sera vers dix heures du soir, quand je pousserai la porte et que je partirai me promener. Je m'en irai dans tous les quartiers et dans toutes les rues de cette bonne vieille ville. A coup sûr je croiserai d'anciennes connaissances, alors on discutera un petit peu, ils me raconteront leur vie et je leur raconterai la mienne, et ce sera passionnant. Puis je m'en irai m'allonger sur le sable de la plage de la Concurrence, je regarderai les étoiles au-dessus de ma tête et mon chien ira se jeter à l'eau. J'en meurs déjà d'impatience.
Et puis demain je passerai la journée avec Noémie, comme dans l'ancien temps.
Ainsi donc, j'ai dix-huit ans. Bah, ça ne change pas grand chose. Je me regarde dans la glace, je vois la même fille qu'avant-hier. Pas plus adulte, pas moins enfant. C'est peut-être le moment de faire le point sur cette année passée. La chose dont je suis la plus contente, c'est d'avoir réussi à me faire une nouvelle vie à Paris. J'en suis contente, et surtout j'en suis fière. Je pense avoir gagné en maturité et en expérience. Déjà que les lecteurs trouvaient que j'en avais beaucoup avant, je vous dis pas maintenant ! Le point négatif de l'année, c'est le mauvais coup que j'ai fait à Noémie, et qui lui a causé tant de soucis. Et puis dans mon inventaire des nouvelles choses il ne faut pas que j'oublie ce journal, qui a quand même pris une sacrée place dans ma vie. Tellement de place que j'oublie de le citer, comme s'il était trop gros pour être vu. Je me baigne dans ce que j'écris. Et puis pour clore cette conclusion sur mon année, il y a ma rencontre de David, et celle de Julie. Seule personne qui manquait hier…

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