Hier, ce fut ma
fête ! Mais on n'a pas tous les jours dix-huit
ans
Moi je pensais que ce serait une journée
normale, comme les autres, avec juste un petit
cadeau de la part de mon copain, rien de plus.
Eh bien je m'étais trompée : j'ai
été comblée à tel
point que je devrais en avoir honte. L'avantage
de fêter son anniversaire un jour férié,
c'est que tout le monde est là pour vous
faire plaisir, que dis-je, pour vous servir.
Tout a commencé le matin par un petit déjeuner
sur plateau, directement au lit. Eh oui, après
nous être fait du bien pendant une heure
sous les draps, David s'est levé, s'est
habillé, a ouvert les volets pour me faire
du jour, puis est parti acheter du pain. Quand
il est rentré, je l'ai entendu traficoter
un moment dans la cuisine, puis il est venu m'apporter
le petit déj' au lit. Comme c'est agréable
! En plus sur le plateau, il y avait un petit
bouquet de muguet acheté dans la rue. Puis
il m'a offert mon cadeau : un ravissant petit
collier. Mais le plus beau cadeau qu'il m'a fait,
c'est une phrase qu'il a prononcée sans
faire attention. C'était spontané,
pas préparé, d'ailleurs je crois
bien qu'il ne s'est même pas rendu compte
de ce qu'il disait. En me voyant toute contente
devant le collier il m'a dit : " ce que j'aime
bien chez toi, c'est que quand tu souris, tu souris
aussi avec les yeux ". Eh beh
Lui qui
est tout sauf poète, sur ce coup il s'est
surpassé.
Puis jusqu'au soir, les choses se sont passées
normalement, rien à signaler. D'ailleurs
David était absent une partie de l'après-midi
car il devait s'occuper d'un tournoi de foot,
enfin rien d'important. C'est le soir, vers 9H00,
que les choses ont repris avec le repas. Nous
étions quatre ici : David, mon cousin Greg,
sa copine Mathilde et moi-même. Et chacun
avait un cadeau pour moi. Mon cousin, ce fut un
livre. Comme il ne lit que des trucs bizarres,
des trucs qui font le même effet qu'un bon
pétard me dit-il, des trucs écrits
par des auteurs fous ou devenus fous, eh bien
j'ai eu un bouquin de cet acabit. Un truc sur
la pataphysique, qui est, je cite, la " science
des solutions imaginaires ", ce qui ne veut
rien dire. Mathilde m'a fait un cadeau d'une valeur
inestimable : huit vieux posters des Doors et
de Jim Morisson. Elle les avait à traîner
dans une malle et tout le monde s'en foutait.
Ils étaient condamnés à disparaître
tôt ou tard. Sachant que j'adorais, elle
me les a offerts. J'en ai accroché trois
au mur, et j'en accrocherai encore trois dans
ma chambre à La Rochelle. Je garde les
autres précieusement.
Mais le clou, c'est que Mathilde avait un cadeau
pour moi de la part de son père. Son père,
dois-je le rappeler, tient un bar-tabac. Et j'avais
essayé de lui marchander le prix des cigarettes,
afin de les payer moins chères. Mais il
n'avait jamais voulu, pensant que ça m'inciterait
à consommer d'avantage. Eh bien son cadeau,
figurez-vous que c'était
des cigarettes.
Oui, mais des cigarettes en chocolat ! Ah ! Ah
! Ah ! J'ai adoré la blague.
Ensuite j'ai eu droit au gâteau. A mon préféré
: le mille-feuilles. Je me demande comment Mathilde
le savait, que c'était mon gâteau
préféré. Sans doute mon cousin
lui avait-il dit. Avec dix-huit bougies. Eh oui,
dix-huit
Puis vers dix heures, d'autres
personnes sont arrivées à ma grande
surprise. Et toutes avec un petit cadeau ! Marine,
Caroline
c'est fou. Quand je pense que je
suis arrivée à Paris à début
janvier. Qu'à l'époque je ne connaissais
que mon cousin, que j'étais désespérément
seule. Voir tous ces gens autour de moi, et pour
moi, hier soir, m'a remplie de bonheur. J'ai été
comblée comme une princesse.
Et le pire, c'est que je remets ça ce soir.
En effet, je rentre passer le week-end à
La Rochelle. Ma mère m'a dit en rigolant
au téléphone : " tu n'es pas
rentrée pour les vacances, tu vas quand
même bien rentrer pour ton anniversaire
". Elle rigolait, mais je sais bien qu'elle
en mourait d'envie. Et puis moi aussi, j'ai envie
de les revoir. Je ne suis rentrée qu'une
petite fois en quatre mois, c'est très
peu
J'ai proposé à David de
m'accompagner chez mes parents, mais il n'a pas
trop voulu. Tant pis, ce sera pour une prochaine
fois. Je sens que je vais avoir encore quelques
cadeaux, ainsi qu'un autre mille-feuilles. Et
peut-être que mes grands-parents seront
là aussi, qui sait
Mais le meilleur moment de la journée,
je le sais d'avance, ce sera vers dix heures du
soir, quand je pousserai la porte et que je partirai
me promener. Je m'en irai dans tous les quartiers
et dans toutes les rues de cette bonne vieille
ville. A coup sûr je croiserai d'anciennes
connaissances, alors on discutera un petit peu,
ils me raconteront leur vie et je leur raconterai
la mienne, et ce sera passionnant. Puis je m'en
irai m'allonger sur le sable de la plage de la
Concurrence, je regarderai les étoiles
au-dessus de ma tête et mon chien ira se
jeter à l'eau. J'en meurs déjà
d'impatience.
Et puis demain je passerai la journée avec
Noémie, comme dans l'ancien temps.
Ainsi donc, j'ai dix-huit ans. Bah, ça
ne change pas grand chose. Je me regarde dans
la glace, je vois la même fille qu'avant-hier.
Pas plus adulte, pas moins enfant. C'est peut-être
le moment de faire le point sur cette année
passée. La chose dont je suis la plus contente,
c'est d'avoir réussi à me faire
une nouvelle vie à Paris. J'en suis contente,
et surtout j'en suis fière. Je pense avoir
gagné en maturité et en expérience.
Déjà que les lecteurs trouvaient
que j'en avais beaucoup avant, je vous dis pas
maintenant ! Le point négatif de l'année,
c'est le mauvais coup que j'ai fait à Noémie,
et qui lui a causé tant de soucis. Et puis
dans mon inventaire des nouvelles choses il ne
faut pas que j'oublie ce journal, qui a quand
même pris une sacrée place dans ma
vie. Tellement de place que j'oublie de le citer,
comme s'il était trop gros pour être
vu. Je me baigne dans ce que j'écris. Et
puis pour clore cette conclusion sur mon année,
il y a ma rencontre de David, et celle de Julie.
Seule personne qui manquait hier
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