J'ai vu des images
bizarres avant de m'endormir hier soir. Il faut
dire que je me suis couchée plus tôt
que d'habitude, et que donc le sommeil est venu
plus tard. Me coucher alors que je n'ai pas encore
sommeil, c'est comme tendre la main pour me faire
mordre : je savais bien que j'allais me retourner
dans mon lit pas mal de temps avant de fermer
les yeux. Mais j'avais un train à prendre
tôt ce matin, et puis le bac commence dans
deux jours, ce n'est pas le moment d'être
fatiguée.
Pour que ce soit moins insupportable, j'avais
laissé appuyé le bouton de la chaîne,
pour avoir une petite lumière orange. Moi
j'avais les yeux ouverts et les bras en croix,
peu à peu je me suis habituée à
l'obscurité et la petite lumière
a fini par envahir toute la pièce.
Evidemment je me suis mise à penser à
Julie. Mais j'ai fait en sorte que cette pensée
soit la plus légère possible pour
pas qu'elle me rende triste ni nerveuse, et peu
à peu, elle a disparu. Ma préoccupation
numéro deux est arrivée : le bac.
Mais là encore ce fut une pensée
légère et je l'ai vite fait disparaître.
Alors après je me sentais comme sur un
petit nuage, j'entendais mon cur battre
doucement, je ne pensais plus à rien et
j'étais bien. Des moments comme ça
sont extrêmement rares, si je regarde l'année
qui vient de passer je peux les compter sur les
doigts d'une seule main. Et encore, une main de
schtroumpf suffirait.
C'est là que des images bizarres sont arrivées.
Je voyais ma sur qui formait une ombre penchée
en avant, elle était dans la cuisine et
tout était éclairé en orange
derrière elle. Là je me suis mise
à pleurer, mais ce n'était pas de
la tristesse, c'était du bien être.
Je repensais à ma sur et à
tous ces gens que j'ai connus à Paris et
je me disais "s'ils savaient
s'ils
avaient vu ce qui s'est passé
"
Mais il n'y a que moi qui ai tout vu, il y a trois
ans.
Hélas ça n'a pas duré longtemps,
il faisait infiniment chaud, j'ai dû me
sortir de dessous les draps. Déjà
ça allait mieux. Puis je me suis retournée
pas mal de temps avant de dormir, au fur et à
mesure que le temps passait je comptais combien
d'heures il me restait à dormir. Finalement
je me suis levée pour éteindre cette
petite lumière orange désagréable
à la longue. J'ai dû m'endormir peu
après.
Là je suis à La Rochelle, ce soir.
J'ai revu ma mère, mon père et mon
petit frère. Ils vont bien. A moins qu'ils
ne fassent semblant d'aller bien, mais ça
m'étonnerait, je le verrais sinon. Mes
parents m'ont bien sûr encouragée
pour le bac. Ils me demandent si je le sens bien,
je leur réponds que je n'en sais rien.
Alors ils me demandent si je n'ai même pas
une petite idée positive ou négative,
je leur réponds que non, je n'ai même
pas une petite idée positive ou négative.
Je me dirige vers l'inconnu. Deux jours
voilà ce qu'il me reste. Ben mince alors,
j'espérais pourtant y échapper !
Ben oui, quand j'ai commencé cette année
scolaire, quelque chose me disait que je n'irais
pas jusqu'au bac. Qu'il se passerait un événement
hors norme qui me permettrait de l'éviter.
Un événement très grave qui
m'empêcherait de me présenter, ou
un événement magnifique qui le rendrait
inutile. Mais non, il ne s'est rien passé,
du moins rien qui me permette de m'en dispenser.
Et j'attaque jeudi avec la philo.
La philo
moi qui étais impatiente
de commencer cette matière, si j'avais
su ce que c'était j'aurais calmé
ma joie. C'est pourri. Non, la matière
en elle-même est sûrement très
intéressante, j'en suis même certaine,
mais la façon dont on nous l'enseigne la
rend complètement insipide. Insipide
et inutile, ce qui est le comble pour une activité
sensée nous aider à nous développer.
Mais là, à part nous faire perdre
notre temps, elle n'a pas servi à grand
chose.
Je ne suis pas encore allée voir la mer,
et je ne sais pas si j'irai ce soir. Par contre
je l'ai entendue, depuis le jardin, tout à
l'heure. C'était bien agréable d'ailleurs.
J'étais assise sur les marches de la terrasse,
mon père venait de me montrer le fameux
nid de merles dont il m'avait parlé. C'est
vrai qu'il est joli, ce nid, même si depuis
il n'est plus habité et que les petits
se sont barrés. J'étais donc assise
sur les marches, juste à côté
des fleurs. Un papillon est venu. Pas un papillon
coloré, non, vous savez les papillons tout
gris qui battent des ailes très très
vite. Non ? Bon tant pis. Il était à
même pas un mètre de mois. Ce n'est
pas mon genre de m'extasier devant ce genre de
choses, alors si j'en parle, c'est bien parce
que là, franchement, ça valait le
coup d'il. Je crois bien que je n'avais
jamais vu d'aussi près ce genre de papillon.
A ce moment-là j'étais assise et
je ne bougeais pas d'un millimètre, c'est
sans doute pour ça qu'il s'est approché
sans avoir peur. Du coup je n'osais plus bouger,
et j'espérais que mon chien allait rester
calme lui aussi. Et peu à peu le papillon
s'est rapproché encore plus de moi, il
n'était plus qu'à une trentaine
de centimètres de mon visage et je retenais
mon souffle. Qui sait, peut-être allait-il
me prendre pour une fleur et venir me caresser
moi aussi ? Hum, non, je n'aurais pas trop apprécié
je pense, tout ce qui insecte, à voir c'est
bien, à toucher c'est moyen
Il battait
très vite des ailes, il faisait du surplace
en l'air et sa longue trompe allait de fleur en
fleur, je n'en revenais pas
Il a fini par s'en aller. Je ne me rappelle plus
quand car je pensais à autre chose. Ben
oui, je ne suis quand même pas restée
en extase devant lui pendant un quart d'heure
Il est donc parti sans que je m'en rende compte.
J'aimerais bien être un papillon, moi aussi.
Pas éternellement, mais juste pour les
dix jours qui viennent, afin de pouvoir éviter
le bac. Le voilà cet événement
tant attendu qui m'éviterait de passer
les exams ! Pour ma prochaine vie je veux être
réincarnée en papillon. Ah non,
c'est vrai, je veux être réincarnée
en chat de Julie. Bon alors après le chat,
le papillon. Quoique si vraiment j'avais la possibilité
de me réincarner, je choisirais de l'être
en moi-même telle que j'étais il
y a dix ans.
PS : évitez de m'écrire
en ce moment s'il vous plaît, avec le bac,
je n'ai hélas pas le temps de répondre...
Merci, donc, d'attendre les vacances, ce serait
gentil.
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