journal intime
175 _ mercredi 11 juin 2003

Baignade

"Aglaia, il faut que tu travailles, Aglaia, il faut que tu travailles". Voilà ce que je me répète en boucle depuis ce matin sans y parvenir. Pour une veille de bac, ce n'est vraiment pas sérieux. Je me suis levée bien plus tard que prévu et je me suis baignée dans l'océan, voilà ce que fut ma journée.
J'avais soigneusement programmé le réveil pour attaquer la philo de bon matin. Mais quand il a sonné j'ai décidé d'attendre un peu, dix minutes, quinze maximum… Trois heures plus tard, j'étais enfin debout. Alors j'ai appelé Noémie histoire qu'on se revoit un peu, et qu'on révise à deux, c'est quand même plus motivant que chacune dans son coin. Elle qui est toujours en retard, dix minutes après elle était déjà chez moi, et moi toujours en chemise de nuit. J'étais contente de la retrouver, ça faisait un petit moment… On avait tellement de choses à se raconter que le temps passait et qu'on n'abordait toujours pas le sujet numéro un : le bac. On a finalement convenu de réviser ensemble à partir de midi. Ah mais non, il faut manger, alors ce sera pour 1H00. Ah oui, mais moi la ville me manquait et j'avais bien envie d'aller me balader un peu avant de commencer. Ok, alors à 3H00 on s'y met sans faute.
A midi je me suis enfin habillée et on a mangé. Ma mère était là, il n'y a pas école le mercredi. Au lieu de nous motiver, elle nous disait plutôt : "la veille d'un examen ça ne sert plus à rien de réviser ! Au contraire, changez-vous les idées ! Amusez-vous !" Ah ben puisque tu nous le conseilles Maman on va le faire. Allez, on se mettra au boulot à 4H00 dernier délai. Mais c'est bien pour te faire plaisir.
Et finalement on n'a rien fait de tout cela car mon téléphone a sonné. J'ai tellement peu l'habitude de me faire appeler que j'ai mis longtemps avant de réagir et comprendre que c'était pour moi. C'était une copine de La Rochelle, c'est à dire d'ici, que je n'avais pas vu depuis que je suis partie. Quelle bonne surprise ! La dernière fois c'est quand elle était venue me voir à l'hôpital pendant mon appendicite, à Noël. Pour les besoins de mon journal je vais la surnommer Josette (Josette : désolée pour mon manque d'imagination). Noémie lui avait filé mon numéro, et Josette était presque certaine qu'à un jour du bac je devais être de retour au pays, et elle avait raison. Alors bien sûr je l'ai invitée. On se mettrait au travail à 6H00, on n'est plus à une heure près.
Trente minutes plus tard Josette est arrivée. Elle avait un sac en bandoulière. Sans doute des bouquins pour réviser, ai-je pensé. Je n'y étais pas : elle avait emmené son maillot de bain et une serviette. Car elle s'en allait à la plage juste après et nous a proposé de la suivre. Avec plaisir ! Je n'aime pas trop me baigner. Mais là, aujourd'hui, j'en avais très envie. Il faut dire que le soleil est écrasant, et qu'en juin la plage n'est pas encore noire de monde. Et puis se baigner la veille du bac, ça a un petit côté philosophique je trouve. Et hop j'ai enfilé mon maillot et une jupe, et nous voilà parties, en passant par chez Noémie pour qu'elle aussi prenne son maillot.
Nous voilà rendues peu après à la plage. Il y avait Josette, Noémie, et moi. Nous étions donc trois. Eh oui, je sais compter jusqu'à trois, c'est plutôt bon signe pour l'épreuve de maths. Quatre avec mon chien. Le soleil était de plomb, on accélérait le pas en s'approchant. On a étendu les serviettes et on est parties direct à l'eau. J'étais la seule pour qui c'était le premier bain de l'année, j'ai donc mis un peu plus de temps à rentrer dans l'eau que Josette et Noémie. Mais le plus rapide c'était quand même mon chien, il est trop fort Adonis. Et puis nous sommes restées une bonne demi-heure dans les vagues. Josette est partie nager bien loin, mais moi je reste là où j'ai pied car je suis loin d'être une experte en natation. Très loin, même. Alors je suis prudente. Ca nous a fait beaucoup de bien.
Après ça on s'est allongées sur nos serviettes histoire de glander un peu. Ca non plus ce n'est pas trop mon truc, de me laisser bronzer au soleil, mais cet après-midi ça m'a fait très plaisir. Et puis on rigolait bien, je ne sais plus de quoi on parlait mais c'était marrant. Au bout d'un moment, Noémie a sorti le bouquin de philo qu'elle avait emmené avec elle, car c'est bien joli tout ça, mais n'oublions pas ce qui nous attend demain. Alors on révise ! Elle prenait des chapitres au hasard dans le livre, et nous on devait dire quels grands philosophes avaient traité ce thème et quelles étaient leurs idées. Et je me suis rendue compte que je n'étais pas larguée du tout, bien au contraire. J'en savais autant sinon plus que Josette et Noémie. Ca fait pourtant cinq mois que j'étudie toute seule dans mon coin avec les cours par correspondance, alors qu'elles vont tous les jours au lycée ! Quand ce fut mon tour de les interroger, elles ne savaient rien ! Pourtant, je prenais des chapitres du bouquin, du programme, mais elles m'expliquaient que leur prof avait fait l'impasse dessus, soit disant qu'il y avait infiniment peu de chances pour que ça tombe à l'examen. Ah ben ça, moi je me suis farcie tout le programme de A à Z ! Bon ben dans un sens tant mieux, au moins demain, devant les différents sujets, je n'aurai que l'embarras du choix…
On a fini par rentrer, Josette de son côté, Noémie et moi du nôtre, puis Noémie du sien et moi du mien (ça c'est de la phrase). Je me suis assise sur les marches de la terrasse dans le jardin et là, vous n'allez jamais me croire, mais j'ai revu le papillon d'hier ! Oui, le même ! Enfin je pense que c'était le même car des papillons comme ça j'en vois rarement, et il était précisément la même heure. Encore une fois il a butiné les fleurs à même pas un mètre de moi, les ailes battant à toute vitesse mais lui faisant du surplace, et volant de fleur en fleur avec une très grande agilité. S'il savait que j'ai parlé de lui hier dans mon journal, il n'en reviendrait pas !
Bon, demain matin je serai dans une salle de classe à faire de la philo. J'espère que je ne vais pas m'emmêler les pinceaux, que je ne vais pas confondre Friedrich Descartes avec René Nietzsche, que je me souviendrai des idées de Karl Sartre sur le travail et de Jean-Paul Marx sur l'existence. Voilà mes amis, tout est dit, priez pour moi.

Après la baignade
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