Cueillir des fleurs
en plein soleil : tout un programme. Et c'est
ce que j'ai fait hier en pleine campagne. Je n'ai
vraiment pas l'impression de passer le bac en
ce moment, ça ressemble plus à des
vacances qu'à autre chose. Il faut dire
qu'il y a une semaine à peine j'étais
à Paris, je travaillais d'arrache-pied
tous les matins, je faisais les courses, le manger,
le ménage et le linge. Maintenant que je
suis rentrée, ma mère s'occupe de
tout et je n'ai plus rien à faire. Pour
un peu je m'ennuierais presque ! Alors je me fais
de bonnes longues nuits de sommeil, je me baigne
tous les jours dans l'océan, je travaille
juste ce qu'il faut et je cueille des fleurs.
Les fleurs ce n'était pas pour moi, mais
pour mon petit frère, il avait un mini
herbier à faire pour ses cours de biologie.
Le genre d'activité qui sert à meubler
les derniers cours de l'année scolaire,
quand le prof en a assez de suivre le programme
et qu'il n'a plus d'idées pour faire passer
le temps. Et mon petit frère, remplir cet
herbier, ça l'ennuyait au plus haut point.
Alors je lui ai dit "laisse tomber je vais
te le faire, moi, ton herbier". Evidemment
qui dit herbier dit herbes, qui dit herbes dit
prairie, qui dit prairie dit campagne, et qui
dit campagne dit école de ma mère,
là-bas.
Je l'ai donc accompagnée à son école
hier. On est arrivées sur place un peu
avant neuf heures du matin. J'avais prévu
de partir à la cueillette l'après-midi,
et d'occuper ma matinée à réviser
un peu. Je me suis donc assise à une table
au fond de la salle de classe. Quand les enfants
sont entrés ils m'ont regardée avec
de grands yeux : mais qui donc est cette inconnue
au fond de la classe ? Une nouvelle élève
? Ben non elle a au moins dix ans de plus que
nous !
Finalement je n'ai pas révisé grand
chose : j'étais bien trop amusée
à suivre le cours que donnait ma mère.
Les petits, j'avais envie de leur dire : "il
y a dix ans j'étais à votre place,
exactement, avec la même institutrice devant
moi". Mais ce genre de choses n'émeut
pas les enfants. Ma mère n'a rien changé
de ses bonnes habitudes : la journée commence
par une demi-heure de causette sur le tapis, chacun
racontant sa soirée de la veille. C'est
chouette. Et puis elle leur fait prononcer des
syllabes écrites au tableau, faire des
additions, tout ça
Comme la fin de
l'année approche c'était très
relâché, à la fin les enfants
étaient presque libres. Ils jouaient ou
dessinaient. Une petite fille est venue me montrer
un livre qu'elle était en train de lire
depuis plusieurs jours : Cadichon le petit âne,
eh eh
Elle m'a montré la page où
elle était rendue, m'a raconté l'histoire,
et se faisait un plaisir de répondre à
mes questions
Un garçon m'a fait
un joli dessin, j'étais vraiment comblée
! Mon chien se lamentait tout seul dans la cour,
et pendant la récréation il se lamentait
tout seul dans la classe
Eh oui Adonis,
je t'apprendrai à lire un autre jour !
Et puis ce fut l'après-midi et l'heure
pour moi d'aller cueillir des trucs et des machins
dans la nature. Il ma fallait simplement trois
fleurs au choix, trois feuilles au choix, et trois
herbes. Et être capable de les nommer. Je
suis partie sur un petit chemin, et ça
m'a fait bizarre. Il y a entre sept et onze ans
de ça, je ma baladais sur ces mêmes
chemins. Ils ont un peu changé, à
moins que ce ne soit ma mémoire qui les
ait déformés. Mais la nature évolue,
les arbres vieillissent, l'herbe pousse, les fossés
se creusent, etc
Je suis partie sur un chemin
sous un soleil encore plus accablant que les jours
précédents. En plus le chemin était
caillouteux et les cailloux étaient blancs,
la lumière s'y reflétait. J'avais
beau être vêtue très légèrement,
il m'était impossible d'avancer d'avantage
sur ce sentier. Alors j'ai bifurqué, j'ai
emprunté un autre chemin plus petit à
travers le sous-bois, et tout de suite ça
allait mieux, il faisait plus frais. Avec mon
chien on a marché une bonne demi-heure
et je me suis assise dans l'herbe histoire de
feuilleter mon bouquin de fleurs. Car j'avais
pris un petit bouquin afin de reconnaître
mes prises.
J'aime tellement la lecture que je me suis passionnée
sur l'introduction du livre. C'était pourtant
très technique, ça expliquait quel
type de prairies on trouvait en France. Et ça
n'avait rien à voir avec mon herbier. Mais
je suis restée scotchée sur cette
intro et dix pages plus loin je me suis rendue
compte que je n'avais pas non plus toute la journée
pour cueillir des herbes. J'ai posé le
livre, je me suis allongée et j'ai fermé
les yeux. Quel bonheur
A Paris quand il
fait très chaud, l'air est suffocant, oppressant,
sans doute à cause de la pollution. Hier
c'était parfait, je me remplissais les
poumons de cet air de campagne. Pour un peu je
me serais endormie. Mais le travail m'attendait
!
Alors j'ai cueilli une bonne vingtaine de fleurs,
d'herbes et de feuilles d'arbres. Des trèfles,
du mouron, diverses mousses
Et une pâquerette.
Je me disais que cette pâquerette irait
à merveille dans les cheveux blonds de
Julie. Un jour, peut-être que je lui en
mettrai une, qui sait
Finalement j'ai réussi à remplir
mon petit sac d'herbes, je n'étais pas
capable de leur mettre un nom à chacune
même avec le livre, mais pour ça
je comptais sur l'aide de ma mère. Quand
je suis revenue à l'école les enfants
étaient en train de sortir, parents et
nourrices les attendaient. Moi je suis rentrée
et j'ai étalé toutes mes trouvailles
sur une table.
Je me disais que peut-être j'allais retrouver
Mathieu, mais je n'ai vu que sa mère
Voilà donc pour ma journée, une
bonne petite cueillette, et ce en plein milieu
du bac. Lundi, les examens reprennent avec l'histoire-géo.
Ca va, c'est l'une des matières que je
préfère, celle sur laquelle j'ai
passé le plus de temps cette année.
Je ne me fais donc pas trop de soucis. En plus
je n'ai fait l'impasse sur aucun chapitre, et
d'après ce que j'ai compris, mes anciens
collègues de lycée ne peuvent pas
en dire autant
je travaillerai trois ou
quatre heures demain matin et advienne que pourra.
Sur ce, je vais appeler Josette et Noémie
et leur proposer d'aller à la plage !
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