Il y a encore
une semaine, je n'avais jamais mis les pieds à
Paris de ma vie. Depuis je l'ai parcourue dans
tous les sens, mais je sais bien que je n'en ai
pas encore visité le centième. C'est
incroyable comme c'est grand, ici. A La Rochelle,
si vous vous promenez tout un après-midi,
vous finissez par vous faire une bonne idée
de la ville et de ce qu'on y trouve. Ici chaque
quartier est différent, chaque rue est
pleine de surprises. En l'espace de quelques mètres
vous entrez dans un univers différent,
avec des gens qui ne parlent plus de la même
façon et des maisons qui n'ont plus la
même tête. Je suis en train de tomber
amoureuse d'une ville, c'est bête
Mais peut-être que je vais déchanter
un de ces jours, je ne serais pas la première
Avec Greg on vit dans un appartement près
de la gare Saint Lazare, qui est plus petite,
plus vielle, mais plus jolie que la gare Montparnasse
par laquelle je suis arrivée dimanche.
Le quartier est agréable le jour, enfin
ni plus ni moins qu'ailleurs dans la ville, mais
la nuit c'est bizarre
Jusque là je
ne suis rentrée qu'une seule fois assez
tardivement, toute seule, et je ne le ferai plus.
Il y avait une prostituée tout près,
en bas, des romanichels sur la place, je n'étais
pas rassurée
Des prostituées
il y en a partout ici, cent fois plus qu'à
La Rochelle, mais celle de l'autre soir m'a vraiment
refroidie, elle était très vielle,
et son regard, que j'ai vaguement croisé,
m'a fait un petit peu peur, sans que je sache
vraiment pourquoi. Et puis les romanichels, ils
sont peut-être très gentils, mais
tous regroupés sur cette place à
une heure du matin, et moi toute seule, je n'ai
pas bien aimé. Alors maintenant je rentre
avant minuit.
Je marche énormément, d'une part
pour visiter, et d'autre part pour promener mon
chien, qui en a encore plus besoin maintenant
qu'il vit en appartement. Aussi n'ai-je pas perdu
cette bonne habitude de me promener.
Le matin je me lève tôt, en même
temps que Greg qui part à la fac, vers
sept heures. Je pourrais me lever plus tard mais
je tiens à adopter un bon rythme dès
le début pour ne pas me laisser dépasser
par les évènements, car j'ai quand
même du travail. Et le matin on est plus
dispos, alors je me force, parfois c'est dur,
mais j'y arrive.
Dès que je suis prête, vers huit
heures, je me mets au boulot et ce jusqu'à
13H00, soit cinq heures d'affilée. Je fais
juste deux ou trois (allez
quatre
)
pauses de cinq minutes pour fumer une cigarette
à ma fenêtre. Je n'ai encore pas
reçu les cours et les devoirs par correspondance
car il faut leur laisser le temps de se mettre
en route, mais ça ne m'empêche pas
de lire les leçons dans mes bouquins, de
faire les exercices et de m'auto-corriger. Je
ne travaille que cinq heures par jour de cette
manière, mais j'ai l'impression que c'est
trois fois plus efficace que quand je suivais
huit heures de cours dans la journée au
lycée. De toutes façons je pourrai
le vérifier car j'aurai bientôt des
devoirs à renvoyer. Mais je suis très
confiante quant à ce nouveau système.
Ensuite je mange, soit toute seule soit avec Greg,
quand il est là. Mais le plus souvent il
n'a pas le temps de rentrer car le voyage en métro
est un peu long, d'ici jusqu'à sa fac.
Ensuite je sors et je marche. C'est fou tout ce
que je peux marcher. Des heures et des heures.
Je n'arrête plus, même Greg est très
étonné quand je rentre après
lui le soir, alors que la nuit commence déjà
à tomber. Je me couvre bien car il fait
un sacré froid de chien en ce moment et
je sais que j'ai le rhume facile. Et puis en décembre
j'ai largement assez donné de tout ce qui
est grippe, fièvre, mal au ventre et tout
le reste, pou continuer en janvier. Je fais très
attention à moi.
Ce qui est formidable ici, c'est que chaque monument
rencontré fait appel à une foule
de souvenirs dans ma mémoire. Tout ce que
j'ai appris dans mon enfance et dans mon adolescence
qui se termine bientôt, je les revois ici.
A la Concorde je pense à la guillotine,
au champ de Mars je pense au massacre pendant
la Révolution, au Louvres je pense à
tous les rois qui y ont vécu (sympathique,
comme maison)
Sans parler des romans qui
ressurgissent dans des coins moins connus ou moins
fréquentés. Ainsi le quartier Picpus,
que j'ai découvert par hasard, et qui m'a
rappelé le couvent de Cosette dans Les
Misérables de Victor Hugo. A La Rochelle
aussi, bien sûr, il y a une histoire, mais
elle est cent fois moins longue et moins variée
que celle-ci. A La Rochelle aussi, bien sûr,
on y retrouve les décors de fameux romans,
genre Les Trois mousquetaires, mais rien d'exceptionnel
non plus
Ce week-end je vais être seule, je le suis
déjà d'ailleurs. Greg rentre chez
lui tous les vendredis, et il est fort probable
que je l'imite dans les semaines qui viennent.
Je pense que ce sera agréable de rentrer
à La Rochelle, comme ça, le samedi
et le dimanche, et ça fera plaisir à
ma mère
Puis le voyage en train n'est
pas trop long, donc pas de soucis de ce côté-là.
Mais ce week-end je voulais rester ici, toute
seule, pour vraiment continuer de m'ancrer dans
l'ambiance. Je travaillerai un peu moins que dans
la semaine, je me promènerai encore un
petit plus, et puis je ferai du net avec moins
de modération. Oui, c'est le petit souci
cela, le Net
Maintenant je partage l'ordinateur
avec Greg, alors je fais plus attention à
ne pas laisser traîner les textes de mon
journal, ni les fichiers ni tout ce qui va avec
: j'efface tout systématiquement. Eh oui,
j'efface, dès que ma nouvelle entrée
est expédiée sur le serveur je l'envoie
à la corbeille, puis je vide la corbeille.
En espérant que je ne ferai pas de fausses
manips
Bien, voilà, j'ai raconté mes débuts
à Paris, et à partir de mon prochain
texte je pourrai reprendre mon journal au jour
le jour, sans faire de retour en arrière.
Et il faudra bien sûr que je cause un peu
de Julie
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