journal intime
103 _ Dimanche 16 février 2003

Sortie en boîte

Hier soir, je suis sortie en boîte pour la première fois de ma vie. Enfin j'y étais déjà allée mais ce n'était pas de vraies boîtes, ça ressemblait plus à des bars musicaux, sans videur à l'entrée et avec du sirop de grenadine à consommer (j'exagère à peine). Alors qu'hier, c'était pour de bon.
Il a fallu commencer par m'acheter des chaussures car avec mes pauvres tennis j'aurais certainement été recalée à l'entrée. Eh oui, c'est ça le critère pour entrer en boîte : les chaussures. Ainsi que la couleur de la peau mais ça c'est une autre histoire. En se promenant avec David du côté de Beaubourg, on en a donc profité pour m'acheter une jolie paire de chaussures de ville toutes noires. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de les reporter un jour, mais au moins je les ai.
On est entré en boîte vers minuit avec David et d'autres personnes de sa connaissance, dont Marine. C'était très grand. Il y avait un rez-de-chaussée et un étage. Au début l'étage était fermé, puis quand il a commencé à y avoir beaucoup de monde, et qu'il ne devenait plus possible de se déplacer de dix centimètres sans heurter quelqu'un, l'étage a été ouvert. Puis les heures passant, les gens ont peu à peu déserté le rez-de-chaussée pour finalement envahir l'étage. Pour notre part, on est monté dès que ce fut possible.
En effet, en bas c'était surtout pour les gens qui aimaient danser. Alors qu'en haut c'était plus pour discuter…et surtout pour boire. Ils ont pas mal bu, David y compris. Mais moins que lors de nos apéros à l'appartement, car vu le prix des boissons on y réfléchit à deux fois avant de consommer. Pour ma part j'ai goûté à la tequila. Mouais… sans plus la tequilla.
La musique tapait très fort et ça faisait des boums-boums dans mon ventre. Ca crée l'ambiance, avec les gens qui s'agitent, qui boivent, les lumières qui tournent dans tous les sens, et le DJ qui dit trois mots de temps en temps. A l'étage il y avait encore une arrière salle, qui hélas était réservée aux homosexuels. Je ne comprends pas bien l'intérêt de réserver un endroit aux homosexuels d'ailleurs. Pourtant j'aurais bien aimé y entrer, ça avait l'air amusant. De ma place j'apercevais deux hommes torse-nu qui dansaient dans une cage en se caressant. Au début je trouvais ça bizarre mais avec la tequila j'avais envie d'en savoir plus. Tant pis.
Je regardais les gens danser. Il y avait un jackie au milieu de la piste, il se croyait à New-York celui-là ! Déjà il portait des lunettes de soleil, alors je me demande bien s'il voyait quelque chose autour de lui vu qu'il faisait très sombre. Il avait bien sûr le haut de la chemise ouverte et des poils en sortaient. Certains n'ont vraiment pas peur du ridicule.
Il y avait de ces garces aussi… Genre une fille qui dansait, à un moment un gars arrive derrière elle, lui pose la main sur une hanche, elle se retourne et lui roule une pelle sans même l'avoir regardé ! Ah la salope ! Au début j'étais sciée mais bon, après réflexion je me disais qu'au moins elle était honnête avec elle-même : elle venait pour se faire plaisir et n'y allait pas par quatre chemins. Mais bon, ce n'est pas quelque chose que je ferais. Les seules pelles que j'ai roulées, ce fut avec David. Mais il y en a eu un paquet. L'ambiance s'y prêtait.
La présence de certaines personnes était un peu incongrue. Par exemple trois hommes, qui devaient avoir la cinquantaine. En costard-cravate un peu négligés, ils fumaient de longues cigarettes en parlant très fort. Deux d'entre eux étaient grands et gros, le troisième plus petit mais avec un vrai regard de pervers. Il n'arrêtait pas de mater le cul de toutes les filles qui passaient à moins de deux mètre. Si encore il l'avait fait discrètement… Mais non, il matait ouvertement. A un moment une fille est passée et il l'a interpellée. Elle s'est retournée en lui souriant. Normal elle était payée pour ça : c'était l'une des danseuses-barwomen de la boîte. Puis l'homme lui a dit trois mots que je n'ai pas entendus et d'un seul coup la fille a fait la gueule et s'est éloignée. L'homme avait l'air très fier de son coup car il rigolait bêtement avec ses compères. La fille est allée retrouver un barman et lui a dit quelque chose à l'oreille. Le barman a hoché la tête en regardant dans la direction des trois hommes, pensivement… Je ne saurai jamais ce qu'ils se sont dit. Dommage, j'aurais bien aimé.
Une fille est venue s'adresser à moi. Son visage était plutôt désagréable, elle avait beaucoup bu je crois. Elle s'est mise à me parler. En deux minutes j'ai su que son père était archéologue, sa mère prof d'anglais, et qu'elle était bisexuelle. Elle m'a demandé si moi aussi j'étais bisexuelle en posant sa main sur mon épaule. David l'a repoussée en lui disant " on n'en a rien à branler de ta vie ". La fille lui a dit " c'est ça mec " et elle est partie.
La soirée continuait. La danseuse qui s'était faite interpeller par l'un des trois hommes est montée sur une espèce de gros spot lumineux et s'est mise à bouger. Elle faisait ça très bien, c'est sûr. Plein de gars se sont regroupés autour d'elle en rigolant et en tenant des propos pas très catholiques. Elle se déhanchait, elle avait un piercing sur le nombril. C'est vrai qu'elle était agréable à regarder. Elle a fait son numéro pendant dix bonnes minutes puis est redescendue retrouver son copain, qui était dans la salle. Désormais plus personne ne la regardait sauf moi. Elle m'intriguait, j'essayais d'imaginer quelle vie elle pouvait avoir dans la journée. La même que tout le monde sans doute. Et le soir elle se transforme, c'est beau. Par contre son copain ne me plaisait pas du tout.
On a quitté la boîte à l'heure de la fermeture. L'un des gars nous a ramenés ici, à l'appartement. On a fait l'amour avec le peu d'énergie qu'il nous restait. Mais pour faire l'amour il reste toujours un petit peu d'énergie. Puis on s'est endormi.
David s'est levé trois heures plus tard pour son match de foot. C'est beau d'être sportif ! Jamais je n'aurais pu décoller du lit… D'ailleurs je ne me rappelle même pas l'avoir vu partir. Non moi je me suis levée vers 11 heures, tranquille…
Greg est rentré de vacances ce soir. Je voulais être ici pour l'accueillir, c'est pourquoi cette nuit je la passerai sans mon homme, toute seule dans mes draps. Je n'ai donc pas du tout envie d'aller me coucher.

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