Hier soir, je
suis sortie en boîte pour la première
fois de ma vie. Enfin j'y étais déjà
allée mais ce n'était pas de vraies
boîtes, ça ressemblait plus à
des bars musicaux, sans videur à l'entrée
et avec du sirop de grenadine à consommer
(j'exagère à peine). Alors qu'hier,
c'était pour de bon.
Il a fallu commencer par m'acheter des chaussures
car avec mes pauvres tennis j'aurais certainement
été recalée à l'entrée.
Eh oui, c'est ça le critère pour
entrer en boîte : les chaussures. Ainsi
que la couleur de la peau mais ça c'est
une autre histoire. En se promenant avec David
du côté de Beaubourg, on en a donc
profité pour m'acheter une jolie paire
de chaussures de ville toutes noires. Je ne sais
pas si j'aurai l'occasion de les reporter un jour,
mais au moins je les ai.
On est entré en boîte vers minuit
avec David et d'autres personnes de sa connaissance,
dont Marine. C'était très grand.
Il y avait un rez-de-chaussée et un étage.
Au début l'étage était fermé,
puis quand il a commencé à y avoir
beaucoup de monde, et qu'il ne devenait plus possible
de se déplacer de dix centimètres
sans heurter quelqu'un, l'étage a été
ouvert. Puis les heures passant, les gens ont
peu à peu déserté le rez-de-chaussée
pour finalement envahir l'étage. Pour notre
part, on est monté dès que ce fut
possible.
En effet, en bas c'était surtout pour les
gens qui aimaient danser. Alors qu'en haut c'était
plus pour discuter
et surtout pour boire.
Ils ont pas mal bu, David y compris. Mais moins
que lors de nos apéros à l'appartement,
car vu le prix des boissons on y réfléchit
à deux fois avant de consommer. Pour ma
part j'ai goûté à la tequila.
Mouais
sans plus la tequilla.
La musique tapait très fort et ça
faisait des boums-boums dans mon ventre. Ca crée
l'ambiance, avec les gens qui s'agitent, qui boivent,
les lumières qui tournent dans tous les
sens, et le DJ qui dit trois mots de temps en
temps. A l'étage il y avait encore une
arrière salle, qui hélas était
réservée aux homosexuels. Je ne
comprends pas bien l'intérêt de réserver
un endroit aux homosexuels d'ailleurs. Pourtant
j'aurais bien aimé y entrer, ça
avait l'air amusant. De ma place j'apercevais
deux hommes torse-nu qui dansaient dans une cage
en se caressant. Au début je trouvais ça
bizarre mais avec la tequila j'avais envie d'en
savoir plus. Tant pis.
Je regardais les gens danser. Il y avait un jackie
au milieu de la piste, il se croyait à
New-York celui-là ! Déjà
il portait des lunettes de soleil, alors je me
demande bien s'il voyait quelque chose autour
de lui vu qu'il faisait très sombre. Il
avait bien sûr le haut de la chemise ouverte
et des poils en sortaient. Certains n'ont vraiment
pas peur du ridicule.
Il y avait de ces garces aussi
Genre une
fille qui dansait, à un moment un gars
arrive derrière elle, lui pose la main
sur une hanche, elle se retourne et lui roule
une pelle sans même l'avoir regardé
! Ah la salope ! Au début j'étais
sciée mais bon, après réflexion
je me disais qu'au moins elle était honnête
avec elle-même : elle venait pour se faire
plaisir et n'y allait pas par quatre chemins.
Mais bon, ce n'est pas quelque chose que je ferais.
Les seules pelles que j'ai roulées, ce
fut avec David. Mais il y en a eu un paquet. L'ambiance
s'y prêtait.
La présence de certaines personnes était
un peu incongrue. Par exemple trois hommes, qui
devaient avoir la cinquantaine. En costard-cravate
un peu négligés, ils fumaient de
longues cigarettes en parlant très fort.
Deux d'entre eux étaient grands et gros,
le troisième plus petit mais avec un vrai
regard de pervers. Il n'arrêtait pas de
mater le cul de toutes les filles qui passaient
à moins de deux mètre. Si encore
il l'avait fait discrètement
Mais
non, il matait ouvertement. A un moment une fille
est passée et il l'a interpellée.
Elle s'est retournée en lui souriant. Normal
elle était payée pour ça
: c'était l'une des danseuses-barwomen
de la boîte. Puis l'homme lui a dit trois
mots que je n'ai pas entendus et d'un seul coup
la fille a fait la gueule et s'est éloignée.
L'homme avait l'air très fier de son coup
car il rigolait bêtement avec ses compères.
La fille est allée retrouver un barman
et lui a dit quelque chose à l'oreille.
Le barman a hoché la tête en regardant
dans la direction des trois hommes, pensivement
Je ne saurai jamais ce qu'ils se sont dit. Dommage,
j'aurais bien aimé.
Une fille est venue s'adresser à moi. Son
visage était plutôt désagréable,
elle avait beaucoup bu je crois. Elle s'est mise
à me parler. En deux minutes j'ai su que
son père était archéologue,
sa mère prof d'anglais, et qu'elle était
bisexuelle. Elle m'a demandé si moi aussi
j'étais bisexuelle en posant sa main sur
mon épaule. David l'a repoussée
en lui disant " on n'en a rien à branler
de ta vie ". La fille lui a dit " c'est
ça mec " et elle est partie.
La soirée continuait. La danseuse qui s'était
faite interpeller par l'un des trois hommes est
montée sur une espèce de gros spot
lumineux et s'est mise à bouger. Elle faisait
ça très bien, c'est sûr. Plein
de gars se sont regroupés autour d'elle
en rigolant et en tenant des propos pas très
catholiques. Elle se déhanchait, elle avait
un piercing sur le nombril. C'est vrai qu'elle
était agréable à regarder.
Elle a fait son numéro pendant dix bonnes
minutes puis est redescendue retrouver son copain,
qui était dans la salle. Désormais
plus personne ne la regardait sauf moi. Elle m'intriguait,
j'essayais d'imaginer quelle vie elle pouvait
avoir dans la journée. La même que
tout le monde sans doute. Et le soir elle se transforme,
c'est beau. Par contre son copain ne me plaisait
pas du tout.
On a quitté la boîte à l'heure
de la fermeture. L'un des gars nous a ramenés
ici, à l'appartement. On a fait l'amour
avec le peu d'énergie qu'il nous restait.
Mais pour faire l'amour il reste toujours un petit
peu d'énergie. Puis on s'est endormi.
David s'est levé trois heures plus tard
pour son match de foot. C'est beau d'être
sportif ! Jamais je n'aurais pu décoller
du lit
D'ailleurs je ne me rappelle même
pas l'avoir vu partir. Non moi je me suis levée
vers 11 heures, tranquille
Greg est rentré de vacances ce soir. Je
voulais être ici pour l'accueillir, c'est
pourquoi cette nuit je la passerai sans mon homme,
toute seule dans mes draps. Je n'ai donc pas du
tout envie d'aller me coucher.
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