journal intime
102 _ Vendredi 14 février 2003

J'attends

David est au foot en ce moment. Eh oui, il joue au foot. Heureusement il se contente d'y jouer, je veux dire par-là qu'il n'en cause pas à longueur de journées comme certains. Il n'y a que mercredi qu'il a tenu à regarder le match à la télé. D'ailleurs je l'ai regardé avec lui, et je crois bien que c'est la première fois de ma vie que je voyais un match du début à la fin. En plus la France a perdu, ils sont vraiment trop nuls. Mais c'était marrant : Zidane il est tout chauve. Pour une star ça ne fait pas très crédible. Mais c'est vrai qu'on ne le paye pas pour ses cheveux.
J'ai demandé à David quand c'est qu'il jouerait en équipe de France, il m'a répondu " jamais ". Tant mieux, ça ne doit pas être marrant d'avoir un copain footballeur, toujours en déplacement. En plus il paraît que tous les bons jouent en Espagne, et je n'ai pas du tout envie d'aller vivre en Espagne (il fait trop chaud là-bas). David a rajouté " tu me vois en équipe de France avec mes clopes et mon ricard dans le sac ? " Non, c'est vrai que ce ne serait pas très crédible, encore moins que les cheveux de Zidane.
Alors je l'attends et je ne l'envie vraiment pas. Qu'est-ce que j'aimerais pas être en train de me geler sur un terrain ! Je suis quand même mieux ici, à écouter les Stones. Eh oui, j'écoute aussi les Stones. Je les préfère mille fois aux Beatles. Ca les Stones ce sont des hommes, des vrais, pas comme les quatre branleurs dans le vent (je vais me faire des ennemis mais tant pis). C'est marrant mais je préfère leurs chansons calmes à celles plus " violentes ". J'écoute une compile que je m'étais faite il y a au moins un an, et je m'aperçois que je n'ai mis dessus que des douces, des balades. Y en a des vraiment belles. Quand j'écoute Angie, je m'imagine qu'elle a été écrite pour moi. Quel honneur ! Merci ! Je ne comprends pas les paroles, vu que je ne comprends pas l'anglais, ou alors de travers, mais elles sont certainement très belles. J'aimerais bien être la muse d'un artiste. Ca doit être génial, c'est un peu toi qui crées en même temps que lui. Il puise son inspiration en toi, c'est beau. Mais c'est vrai que beaucoup d'artistes, après avoir puisé pendant trente ans dans une muse, la laissent tomber comme un vulgaire chiffon. Enfin… on peut pas tout avoir.
Mais quand même, je préfèrerais mille fois être la femme de Mike Jagger que celle de Zidane, par exemple. Ne serait-ce que pour la carte de visite : Madame Zizou, ça fait un peu con.
En parlant de sport, David en fait deux ou trois fois par semaine, du foot. Parfois même il aura des matchs le dimanche matin. Faut quand même pas déconner, ce n'est pas moi qui me lèverais le dimanche matin pour aller courir sur un terrain. Dimanche matin ou n'importe quand d'ailleurs, je n'aime pas courir, je n'aime pas le sport. La seule fois où j'en ai fait pour mon plaisir je me suis faite arrêter par la police. Non je grossis un peu mais dans le fond c'est ça.
Je devais avoir douze ans je crois, je me baladais à La Rochelle et je suis passée devant une école. Dans cette école : un terrain de sport. Entouré par des grillages. Mais il y avait deux copines qui jouaient à l'intérieur et qui m'ont appelée. Ainsi je suis passée par-dessus le portail avec mon chien et me voilà à l'intérieur, sur le terrain interdit. C'est là qu'un gendarme est arrivé. Il a fait les gros yeux, nous a expliqué que c'était interdit d'entrer ici, il a noté nos nom, prénom, adresse et numéro de téléphone. Par la suite il n'a jamais contacté nos parents, mais ça m'a définitivement coupé l'envie de faire du sport.
Je m'aperçois que ce texte ressemble à une brise : y a rien dedans. Tant pis, en fait je n'ai pas grand chose à raconter. Ou plutôt pas tellement envie, eh oui, parfois il me manque le recul nécessaire pour raconter certains petits évènements. Peut-être d'ici quelques jours, je verrai. Mais je sens que je vais bientôt publier un livre : L'Art de parler pour ne rien dire. Ce texte en est un bon exemple.
Tout à l'heure j'étais allongée sur mon lit, sur le ventre, en travers. Je me sentais seule. C'est bizarre, après toutes ces journées passées à moins de deux mètres de David, à la première occasion où il n'est plus là je sens comme un manque. Je suis presque obligée de me tourner des deux côtés pour être bien certaine qu'il n'est pas là. Il n'y a rien qui fiche plus le bourdon que de se retrouver seul dans une pièce, le soir, à attendre. La nuit je le tiens toujours par la main. Et même plus que ça, je me serre carrément contre lui. Mais avec le sommeil on s'éloigne, c'est inévitable. Alors les petits moments où je me réveille je cherche sa main sous les draps, je la prends et je me sens bien. Je le sens à côté, et de le tenir je sais qu'il ne pourra pas m'échapper. Ainsi je me rendors beaucoup plus vite que d'habitude. Ca me fait penser à la chanson de Cabrel : " entre elle (lui) et moi, plus y a d'espace et moins je respire ". C'est marrant, dès que je pense à une émotion ou un sentiment, je retrouve toujours un bout de chanson qui le décrive. Parce que ce que je ressens, c'est ce que tout le monde ressent, il y a donc forcément quelqu'un pour avoir déjà mis des mots dessus. Tout à l'heure Brassens, maintenant Cabrel. Et si je comprenais l'anglais ça en ferait d'autres.
Je l'imagine très bien en ce moment, mon David. Il doit sûrement bien s'amuser, tant mieux pour lui. Mais moi je me tourne un peu les pouces. Ce n'est pas grave, ce ne sont que des moments à passer, et quand je sors promener mon chien c'est moi qui ne suis plus là. C'est important aussi.
Avec tout ça je n'ai pas beaucoup travaillé cette semaine. Voire pas du tout. Attendez que je me rappelle…non, pas du tout. Je n'ai pas ouvert un seul bouquin. Bah tant pis, ce sont les vacances et je peux bien me reposer. Le mois dernier, je pense à avoir étudié deux mois en un seul. Il est bien plus efficace de travailler seul, j'en suis persuadée. En plus ça évite les cours inutiles (à commencer par le sport).
Mon cousin rentre dimanche soir. Je ne sais pas comment on va s'organiser. Je passerai certainement plusieurs nuits chez David.

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