journal intime
101 _ Mercredi 12 février 2003

Maquillage

On était tranquillement assis dans le canapé, hier soir, avec David. On attendait qu'il soit l'heure de sortir au restaurant. En effet il m'avait invitée, et c'est toujours bien agréable de se faire inviter quelque part. Alors on attendait l'heure tranquillement dans le canapé, devant la télé. Le son était quasiment coupé et à vrai dire on ne regardait pas vraiment, nos yeux se perdaient dans le vague, surtout les miens. Quand je suis serrée contre lui, je ne pense plus à rien. Comme si mon esprit cessait de fonctionner, mes pensées ne peuvent plus s'accrocher sur quoi que ce soit. Ou bien c'est une autre partie de mon esprit qui tourne, et c'est bien plus reposant.
Histoire de parler un peu je lui ai demandé où il m'invitait. Il m'a répondu " oh c'est un truc tranquille, j'y vais souvent avec des potes ". Bon… Je lui ai demandé s'il fallait bien s'habiller, il m'a répondu " bah non on s'en fout ". Dommage… Hier, pour une fois, j'avais envie de bien m'habiller, voire même de me maquiller, ce que je ne fais pourtant jamais. J'ai bien quelques tubes mais ils me servent une fois tous les six mois, pour les réveillons ou des trucs comme ça. J'avais envie de me faire belle. C'est un bien grand mot " me faire belle ", mais voilà, j'avais envie de faire des efforts, enfin je me comprends. Alors je lui ai demandé " Tu veux que je me maquille ? " Il a eu l'air un peu étonné et a répondu " beh ouais si tu veux… " J'étais contente.
Je suis partie vers la petite salle de bain. Effectivement mon matériel se résume au strict minimum, mais au moins je ne perdrais pas mon temps à faire mes choix. J'ai commencé par me passer du vernis sur les ongles, transparent. David a alors frappé à la porte " je peux entrer ? " Bien sûr… En entrant il m'a demandé ce que je faisais debout à attendre. Beh j'attends que ça sèche, avant de passer une deuxième couche. Ah oui pardon. Il s'est adossé au mur.
J'ai attaqué le rouge à lèvres. J'étais un peu intimidée car je voyais David dans la glace derrière moi qui me dévisageait de la tête aux pieds en souriant. En plus comme j'ai peu l'habitude, je me dis que si j'en mets trop je vais avoir les lèvres d'un rouge éclatant, si j'en mets trop peu ça ne sert à rien. Je le voyais derrière moi, il me regardait en souriant gentiment et ce sourire était adorable. Je me suis retournée et lui ai demandé pourquoi il souriait. Il m'a répondu " j'adore ça ". Je lui dis " de quoi ? " Il me répond " te regarder ". Ca m'a fait drôlement plaisir.
Quand j'ai attaqué le pinceau noir pour les cils, David était juste derrière moi et ses mains étaient posées sur mes hanches. Difficile de ne pas me laisser déstabiliser ! Mais j'ai réussi. Je me suis retournée pour essayer de deviner dans son regard comment il me trouvait ainsi maquillée. Il a voulu m'embrasser. Ah non ! Il aurait saccagé tout mon travail ! Enfin saccagé… Peut-être pas mais il ne fallait pas y toucher. Ou juste un tout petit peu…
Il ne me restait plus qu'à m'habiller décemment. Quitte à me maquiller, autant porter autre chose qu'un jean. Là encore le choix fut rapide car je n'ai emmené qu'une seule jupe en venant à Paris, d'ailleurs j'étais persuadée qu'elle resterait au placard. Une jupe et des collants parce qu'il ne faut pas déconner, il fait froid quand même.
J'étais fin prête ! Et fière de l'être. Hélas, j'ai reçu un coup dur… Je me suis rappelée d'un seul coup que les seules chaussures que j'avais ici étaient mes tennis. Ah la la… Je n'avais plus qu'a retirer jupe et collant. Parce que des tennis en collants, ça fait con. A la limite du ridicule. En gros j'avais fait tout ça pour rien…
Avant de tout retirer je suis allée retrouver David qui s'était remis devant la télé, tranquillement, en attendant qu'il soit l'heure de sortir. Il a souri encore plus en me voyant arriver ainsi. Je me suis assise à côté de lui. Il voulait encore m'embrasser, je lui ai dit d'y aller doucement à cause de mon splendide maquillage. Et surtout il me caressait les jambes, par-dessus les collants. C'était bon, surtout à l'arrière des genoux. Je ne connais pas le nom anatomique pour le derrière des genoux, mais c'est un sacré bon endroit pour les caresses, je trouve. En plus je suis très chatouilleuse. J'avais encore plus envie de lui que d'habitude. Je ne sais pas pourquoi, c'était le même, j'étais la même, mais il y avait les vêtements, tout ça… Ah pis zut, je me suis laissée embrasser, tant pis pour le rouge, il y a des choses plus graves dans la vie. Il m'embrassait en me caressant et ce fut un des meilleurs moments de ces trois derniers jours. Peut-être même le meilleur. On a retiré mes collants et on a fait l'amour dans le canapé, tout habillé. C'était bien chouette.
Il devait être 21H30, dans les parages. Je me suis endormie sur lui, dans le canapé devant la télé. En nous réveillant vingt minutes plus tard il était plus que temps de nous sauver au restaurant. Je suis partie en vitesse dans la salle de bain pour défaire tout mon travail et m'arroser le visage. J'ai repassé mon jean et je suis sortie avec David comme ça, naturelle, en tennis.

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