Ce matin, le réveil
fut mythique. L'alarme a sonné sur le coup
des six heures et demi, David a appuyé
dessus pour l'éteindre et quinze secondes
après il était prêt à
s'envoler pour son université. " Attends
un peu ! " lui ai-je dit
Y a pas le
feu
Alors il est resté en me disant
" faut pas que je traîne quand même
". On s'est réveillé doucement
en s'amusant sous les draps, c'était doux
comme le matin. J'avais les épaules un
peu courbaturées à cause du sport
de la veille. Enfin du " sport ", tout
est relatif, je devrais plutôt dire de la
" trempade " dans la piscine. D'ailleurs
je vais la raconter rapidement, cette trempade.
J'ai rejoint David et mon cousin sur le coup des
vingt heures. C'était grand là-bas,
il y avait non seulement une piscine, mais encore
un gymnase, un booling et une cafétéria.
C'est pour la piscine qu'on était là.
On a eu droit à un joli bracelet rouge
en plastique avec une clé dessus pour le
casier à vêtements, puis on s'est
séparé, les gentlemen d'un côté,
la lady de l'autre (les pancartes étaient
vraiment en anglais !) Si c'est ça qu'ils
appellent un vestiaire
y'avait même
pas de cabine pour se changer ! Heureusement,
j'étais toute seule dedans.
J'ai retrouvé les gentlemen dans le bassin.
Mon cousin nous annonce " je vais faire quelques
longueurs ". J'aime bien le " quelques
" : il a nagé trois quarts d'heure
! avec David on est allé se mettre dans
un coin tranquille de la piscine, loin des criards,
et on s'est embrassé pendant tout ce temps.
On n'avait pas pied mais on se tenait au bord,
et l'un à l'autre. On se faisait aussi
des petites caresses discrètes, mais pas
trop, l'eau est transparente ne l'oublions pas.
Au bout d'un moment mon cousin nous a rejoints
: " putain j'ai fait trente longueurs ! "
David lui répond : " Eh beh bravo.
On sort ? " Et on est sorti. Mouais
la piscine c'est marrant cinq minutes, mais au
bout de trois quarts d'heure ça devient
assez gonflant. Je ne pense pas qu'on y retournera.
Mon cousin est venu chez nous, je veux dire chez
David. La clope aux lèvres, en remplissant
son verre avec du rhum, il a clamé "
après l'effort le réconfort ! "
Eh eh
il nous a quittés une heure
plus tard, à moitié bourré.
Le sport, ça fatigue son homme !
Conclusion : ce matin j'avais les épaules
un peu courbaturées. Alors j'ai dit à
David " tu veux pas me masser l'épaule
? j'ai mal
" Il a soupiré gentiment
mais s'est accompli. L'épaule, mais aussi
la nuque et le dos. Après cinq minutes
il s'apprête à se lever " allez
cette fois je me lève sinon je vais être
à la bourre " Ah non ! lui dis-je
encore. J'avais envie de le retenir. D'une part
parce que je voulais le garder, mais aussi par
jeu, c'était presque un défi : le
faire rester rien que pour moi, me montrer que
j'étais capable de lui faire rater son
cours. Je lui ai carrément dit que j'avais
envie de lui. Il me répond " ah ouais
mais je peux pas. _ Pourquoi ? Parce que t'es
pressé ? _ Ouais pis même le matin
je suis pas efficace, je vais me rater, allez
j'y vais ". Non ! Allez viens
Il est
venu, et effectivement il s'est complètement
raté : une minute trente à tout
casser. Beh mince alors. Je lui ai dit "
c'est tout ? " Là il s'est levé
pas mal énervé : " beh c'est
mieux que rien, et au moins je s'rai pas à
la bourre ". Et il est parti de la chambre
en coup de vent. Je suis restée à
somnoler un petit peu, puis je suis allée
faire couler le café pendant qu'il prenait
sa douche. Il est sorti de l'eau au moment où
je remplissais les tasses. Je n'étais même
pas encore assise qu'il avait déjà
tout bu, debout. Puis il est parti en coup de
vent vers la chambre. En buvant mon café
je l'entendais s'énerver, apparemment il
cherchait quelque chose qu'il ne trouvait pas.
Je l'ai donc rejoint et en me voyant rentrer il
me fait " je paume tous mes papiers ça
me casse les couilles ! " Je lui ai demandé
ce qu'il cherchait, il m'a répondu que
c'était une petite feuille avec écrit
" convocation " dessus. Dans le coin
du bureau j'ai vu une feuille jaune, je lui ai
demandé si par hasard ce n'était
pas ça. Il l'a prise, l'a parcourue : "
ah ouais c'est ça
j'croyais qu'elle
était bleue. Bon j'y vais. " Ah non
! Je voulais absolument lui faire manquer son
cours, pas par méchanceté, je ne
veux pas lui faire louper ses devoirs, mais c'était
un défi. Et là j'ai trouvé
LA technique infaillible. Je lui ai demandé
" ça te casse quoi ? " en lui
mettant la main au bon endroit. Là il m'a
dit " t'abuses merde
" On s'est
embrassés, il m'a caressé sous la
chemise de nuit, s'est re-déshabillé
il n'est pas allé en cours. On a fait l'amour,
et cette fois-ci il ne s'est pas raté,
bien au contraire.
Un peu plus tard on discutait tranquillement,
allongés. C'est marrant, j'avais ma tête
sur son torse alors ses paroles résonnaient
en moi, je lui posais des questions exprès.
Et en plus il me caressait les cheveux. Vers huit
heures il me dit " ça y est le cours
est commencé. " Eh eh
Il a fini
par se lever, il n'y avait plus aucune nervosité
dans ses gestes, il m'a juste annoncé qu'il
allait essayer d'arriver pour la pause de neuf
heures. Vers huit heures et quart, il a enfin
quitté l'appartement.
Je suis restée encore un peu au lit. Je
ne dormais pas mais je savourais ce moment, et
même je pensais déjà à
la façon dont je le raconterais dans mon
journal. Ca m'arrive parfois
Et la cerise sur le gâteau de cette matinée,
c'est que j'ai reçu une nouvelle lettre
de Julie. Il faut dire que toutes les deux, sitôt
qu'on a des nouvelles l'une de l'autre, on se
répond dans la minute. D'ailleurs ma réponse
est déjà postée à
l'heure qu'il est. Mais chaque chose en son temps,
je parlerai de cette lettre demain.
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