journal intime
110 _ Mardi 25 février 2003

Réveil mythique

Ce matin, le réveil fut mythique. L'alarme a sonné sur le coup des six heures et demi, David a appuyé dessus pour l'éteindre et quinze secondes après il était prêt à s'envoler pour son université. " Attends un peu ! " lui ai-je dit… Y a pas le feu… Alors il est resté en me disant " faut pas que je traîne quand même ". On s'est réveillé doucement en s'amusant sous les draps, c'était doux comme le matin. J'avais les épaules un peu courbaturées à cause du sport de la veille. Enfin du " sport ", tout est relatif, je devrais plutôt dire de la " trempade " dans la piscine. D'ailleurs je vais la raconter rapidement, cette trempade.
J'ai rejoint David et mon cousin sur le coup des vingt heures. C'était grand là-bas, il y avait non seulement une piscine, mais encore un gymnase, un booling et une cafétéria. C'est pour la piscine qu'on était là. On a eu droit à un joli bracelet rouge en plastique avec une clé dessus pour le casier à vêtements, puis on s'est séparé, les gentlemen d'un côté, la lady de l'autre (les pancartes étaient vraiment en anglais !) Si c'est ça qu'ils appellent un vestiaire… y'avait même pas de cabine pour se changer ! Heureusement, j'étais toute seule dedans.
J'ai retrouvé les gentlemen dans le bassin. Mon cousin nous annonce " je vais faire quelques longueurs ". J'aime bien le " quelques " : il a nagé trois quarts d'heure ! avec David on est allé se mettre dans un coin tranquille de la piscine, loin des criards, et on s'est embrassé pendant tout ce temps. On n'avait pas pied mais on se tenait au bord, et l'un à l'autre. On se faisait aussi des petites caresses discrètes, mais pas trop, l'eau est transparente ne l'oublions pas. Au bout d'un moment mon cousin nous a rejoints : " putain j'ai fait trente longueurs ! " David lui répond : " Eh beh bravo. On sort ? " Et on est sorti. Mouais… la piscine c'est marrant cinq minutes, mais au bout de trois quarts d'heure ça devient assez gonflant. Je ne pense pas qu'on y retournera.
Mon cousin est venu chez nous, je veux dire chez David. La clope aux lèvres, en remplissant son verre avec du rhum, il a clamé " après l'effort le réconfort ! " Eh eh… il nous a quittés une heure plus tard, à moitié bourré. Le sport, ça fatigue son homme !
Conclusion : ce matin j'avais les épaules un peu courbaturées. Alors j'ai dit à David " tu veux pas me masser l'épaule ? j'ai mal… " Il a soupiré gentiment mais s'est accompli. L'épaule, mais aussi la nuque et le dos. Après cinq minutes il s'apprête à se lever " allez cette fois je me lève sinon je vais être à la bourre " Ah non ! lui dis-je encore. J'avais envie de le retenir. D'une part parce que je voulais le garder, mais aussi par jeu, c'était presque un défi : le faire rester rien que pour moi, me montrer que j'étais capable de lui faire rater son cours. Je lui ai carrément dit que j'avais envie de lui. Il me répond " ah ouais mais je peux pas. _ Pourquoi ? Parce que t'es pressé ? _ Ouais pis même le matin je suis pas efficace, je vais me rater, allez j'y vais ". Non ! Allez viens… Il est venu, et effectivement il s'est complètement raté : une minute trente à tout casser. Beh mince alors. Je lui ai dit " c'est tout ? " Là il s'est levé pas mal énervé : " beh c'est mieux que rien, et au moins je s'rai pas à la bourre ". Et il est parti de la chambre en coup de vent. Je suis restée à somnoler un petit peu, puis je suis allée faire couler le café pendant qu'il prenait sa douche. Il est sorti de l'eau au moment où je remplissais les tasses. Je n'étais même pas encore assise qu'il avait déjà tout bu, debout. Puis il est parti en coup de vent vers la chambre. En buvant mon café je l'entendais s'énerver, apparemment il cherchait quelque chose qu'il ne trouvait pas. Je l'ai donc rejoint et en me voyant rentrer il me fait " je paume tous mes papiers ça me casse les couilles ! " Je lui ai demandé ce qu'il cherchait, il m'a répondu que c'était une petite feuille avec écrit " convocation " dessus. Dans le coin du bureau j'ai vu une feuille jaune, je lui ai demandé si par hasard ce n'était pas ça. Il l'a prise, l'a parcourue : " ah ouais c'est ça… j'croyais qu'elle était bleue. Bon j'y vais. " Ah non ! Je voulais absolument lui faire manquer son cours, pas par méchanceté, je ne veux pas lui faire louper ses devoirs, mais c'était un défi. Et là j'ai trouvé LA technique infaillible. Je lui ai demandé " ça te casse quoi ? " en lui mettant la main au bon endroit. Là il m'a dit " t'abuses merde… " On s'est embrassés, il m'a caressé sous la chemise de nuit, s'est re-déshabillé… il n'est pas allé en cours. On a fait l'amour, et cette fois-ci il ne s'est pas raté, bien au contraire.
Un peu plus tard on discutait tranquillement, allongés. C'est marrant, j'avais ma tête sur son torse alors ses paroles résonnaient en moi, je lui posais des questions exprès. Et en plus il me caressait les cheveux. Vers huit heures il me dit " ça y est le cours est commencé. " Eh eh… Il a fini par se lever, il n'y avait plus aucune nervosité dans ses gestes, il m'a juste annoncé qu'il allait essayer d'arriver pour la pause de neuf heures. Vers huit heures et quart, il a enfin quitté l'appartement.
Je suis restée encore un peu au lit. Je ne dormais pas mais je savourais ce moment, et même je pensais déjà à la façon dont je le raconterais dans mon journal. Ca m'arrive parfois…
Et la cerise sur le gâteau de cette matinée, c'est que j'ai reçu une nouvelle lettre de Julie. Il faut dire que toutes les deux, sitôt qu'on a des nouvelles l'une de l'autre, on se répond dans la minute. D'ailleurs ma réponse est déjà postée à l'heure qu'il est. Mais chaque chose en son temps, je parlerai de cette lettre demain.

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