journal intime
109 _ Lundi 24 février 2003

Retour à la capitale

Les touristes qui viennent à La Rochelle arrivent dans l'après-midi, garent leur voiture près du centre-ville, se choisissent un petit restaurant de fruits de mer sur le vieux port, puis font le tour du bassin à pied. L'été ils en profitent pour regarder les artistes qui jouent leur numéro au bord de l'eau. Puis ils regagnent leur hôtel, avant de s'en aller le lendemain matin pour l'île de Ré.
Tout ça c'est bien joli mais ils passent à côté de l'essentiel : le port de commerce, qu'on appelle La Pallice. Après deux mois de vie parisienne il me manquait, alors on y est allé hier matin avec mon père, mon petit frère et mon chien. C'est un très bel endroit, enfin selon les goûts… C'est mort, il y a quelques usines si immobiles qu'elles paraissent mortes alors qu'elles tournent jour et nuit, de grandes étendues de pelouse jaunie, des chaussées en béton où il ne passe jamais personne, des rails par-ci par-là pour le transport des marchandises, la mer en bas et le vent. En face on a la grande plate-forme en eaux profondes qui est le cœur du port, et derrière le pont immense et très haut qui va sur l'île. La route du pont est hyper fréquentée, et pourtant à sa base il n'y a que deux hôtels qui se battent en duel, et puis plus rien. Pas une mobylette, pas un bistrot, la zone. Et moi j'adore. Certains lecteurs me demandent parfois ce que je veux faire plus tard, et je suis bien embêtée car je n'en sais rien. Mais hier j'ai trouvé : quand je serai grande je voudrais travailler au port. Enfin pas sûr, j'hésite entre ça, infirmière, poétesse, ou gangster. Il va falloir que je me décide. Merci de ne plus me poser la question, elle m'ennuie beaucoup.
Plus tard dans l'après-midi mon père m'a emmenée à la gare afin de prendre mon train pour la capitale. D'habitude quand on va tous les deux à la gare, c'est lui qui a un train à prendre. Ca fait bizarre quand c'est l'inverse, mais c'est normal, le temps passe et la roue tourne, je suis adulte maintenant.
Le train. J'étais en seconde classe, avec un bon bouquin, que je n'ai pas ouvert, tranquille. Je crois que j'ai dormi car le temps a passé très vite, malgré un changement.
Paris-Montparnasse. J'étais en queue de TGV : trois bornes de marche à pied. Heureusement David m'attendait au bout du quai. On s'est serré dans les bras l'un de l'autre et il m'a fait des bisous dans le cou en me disant " tu sens bon ". La soirée commençait enfin. Il a fallu récupérer mon chien qui voyageait dans le wagon spécial animaux. D'ailleurs il n'aime pas du tout ça et je le comprends, moi non plus je n'aimerais pas voyager dans le wagon spécial animaux : il est entièrement non fumeur.
Le métro. Encore une fois avec mon chien, un jour ou l'autre je vais me chopper une amende. Mais hier ça allait, il y avait énormément de monde alors Adonis passait complètement inaperçu. On est allé se blottir dans un coin et avec David on s'est embrassé pendant tout le trajet. C'est marrant, à chaque arrêt on manquait de tomber à la renverse, mais ça ne faisait que nous rapprocher l'un contre l'autre, déjà qu'il y avait peu d'espace…
On est allé directement à l'appartement. En fait ce n'était que provisoire : en principe je devais y déposer mon sac avant de repartir chez lui pour la nuit, juste le temps de laisser un petit mot à mon cousin. Mais j'ai posé mon sac et je me suis allongée sur mon lit, histoire de prendre quelques forces après ce voyage épuisant. David s'est allongé à côté de moi, on s'est embrassé, et bien malgré nous, nous avons plongé dans le stupre et la fornication (quelle phrase !) Il faut dire qu'après deux journées d'abstinence la tentation est forte, surtout allongés sur un lit, surtout le soir. Mon Dieu pardonnez-nous de ne pas freiner nos instincts, comme nous vous pardonnons toutes vos saloperies dans le monde.
Epuisés mais ravis, on s'est endormis (eh ça rime !). C'est la porte qui m'a réveillée : mon cousin qui arrivait. J'ai passé un peignoir rapidement pour aller l'accueillir. Il était crevé de chez crevé, il m'a regardée difficilement après m'avoir fait la bise et m'a dit " excuse-moi j'ai fait nuit blanche faut que j'aille dormir ". Et je l'ai vu s'éloigner. J'ai juste eu le temps de lui annoncer : " David est là ". Il m'a regardée, a rassemblé ses forces pour comprendre ma phrase puis a laissé échapper " où ça ? " " Dans ma chambre " je lui ai dit. Alors il est entré dans ma chambre sans frapper, heureusement que David était sous les draps. Il lui a serré la main et est parti se coucher, et on ne l'a plus revu de la soirée.
Puisque j'étais en peignoir je suis allée sous la douche. David m'a rejoint et encore une fois, nous avons plongé dans le stupre et la fornication. Mon Dieu pardonnez-nous, cependant on a mis une capote, enfin surtout David, ce qui dans la douche et dans l'excitation relève de l'exploit.
On s'est rhabillés et nous voilà dans la rue, en direction de chez David. Avec quelques détours histoire de promener mon chien qui avait bien besoin de se dégourdir les pattes.
Arrivés chez David…… non, nous n'avons pas replongé dans le stupre, on a mangé, normal. Je lui ai vaguement raconté mon week-end, il m'a vaguement raconté le sien, finalement ces deux jours n'ont été joyeux ni de son côté ni du mien.
Puis on est allé au lit, on a forniqué un petit peu et on s'est endormi. Epuisés pour de bon.
Je relis ce texte et je m'aperçois que c'est un enchaînement de faits. Pourtant je n'aime pas faire ça, j'aime mieux me concentrer sur un petit événement marquant. Mais bon, c'est vrai qu'hier c'était dimanche, et que le dimanche il y a rarement quelque chose de marquant.
J'ai rendez-vous avec David et mon cousin à 20H00 à la piscine. Eh oui, vous avez bien lu, je vais faire du sport. J'ai même ramené mon maillot de bain de La Rochelle exprès. Grand moment, je le sens déjà. Je crois que je vais rester dans le petit bassin avec les mioches, je préfère quand j'ai pied. Je sais nager mais bon… si je peux éviter c'est aussi bien.
A demain.

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