journal intime
106 _ Mercredi 19 février 2003

Chez Sophie

Hier soir, c'était apéro à l'appartement. On était sept ou huit, neuf avec mon chien, mais lui il ne boit pas, et il fume encore moins. Ou alors pas volontairement, parce qu'avec toute cette fumée qui envahissait la pièce il en a forcément respiré un peu. Mais je crois qu'il n'aime pas ça. C'est ainsi, il y a des gens qui aiment et d'autres non, mon chien il n'aime pas.
En principe, cet apéro n'était sensé être qu'un avant-goût de la soirée, un petit point de rencontre histoire de se mettre en jambes et bouche avant de tous nous retrouver chez Sophie. Rappelez-vous, Sophie c'est cette fille qui nous avait montré ses magnifiques photos de vacances au ski, ce qui lui avait valu bien des moqueries. Ainsi on était sept ou huit à attendre que l'heure arrive de partir chez elle. On devait y aller pour neuf heures, mais minuit était passé qu'on était encore là. Et l'ambiance était bonne ! Qu'est ce qu'ils ont bu ! J'ai halluciné. Surtout mon cousin et David, une bouteille et demi de rhum à eux deux. Et ils étaient contents, plus ils buvaient plus ils parlaient, mais moins leurs propos n'avaient de sens bien entendu. On a quand même bien rigolé.
Il y avait parmi nous un gars terrible qui nous a fait son moonwalker (la danse de Mickaël Jackson). C'est mon cousin qui lui a demandé, à un moment : " tu nous fais le moonwalker ? " Il ne s'est pas fait prier, s'est levé en rigolant pour se mettre dans un coin de la pièce où il y avait un peu d'espace. Le but de l'exercice consistait à frapper dans les mains en faisant un pas, puis faire un petit saut en tournant sur lui-même. Le problème c'est que comme il avait beaucoup bu, dix fois il a fait le petit saut, dix fois il s'est écroulé sur le sol. On sentait qu'il savait le faire, et même très bien, mais il aurait fallu qu'il soit à jeun. C'était marrant, on le voyait préparer son coup, sauter en l'air, se rétablir, puis son corps s'inclinait doucement sur le côté, puis de plus en plus vite et hop ! il disparaissait dans le couloir dans un gros boum. Sauf le dernier coup, il s'était avancé alors ce n'est pas dans le couloir qu'il a disparu : il s'est carrément écroulé contre le mur. Quel spectacle !
Les heures passaient et on ne décollait toujours pas. Ce n'est que vers minuit que la plupart sont rentrés chez eux, oubliant le rendez-vous chez Sophie. Il ne restait plus que mon cousin, David et moi, plus mon chien. On a hésité à y aller. Mon cousin disait " ils abusent ils s'en vont alors qu'on a rendez-vous chez Sophie ". Et David " Ouais mais le rendez-vous il était à neuf heures, là il est une heure quand même ". Mon cousin " C'est pas grave ils sont au moins vingt là-bas c'est sûrement pas fini ! " David hésitait. Finalement il a dit " ouais on n'a qu'a à y aller, mais on va quand même finir le rhum regarde il reste un fond ". Un quart d'heure plus tard on a enfin décollé.
Nous voilà dans les rues de Paris, on marchait sans trop parler, la ville est plutôt calme, beaucoup plus que dans la journée en tous cas. J'aime bien marcher comme ça, la nuit.
On est enfin arrivé dans la rue de Sophie. Et là, plutôt que de sonner, ils sont allés pisser contre le mur ! Je ne pensais qu'il n'y avait que mon chien pour se comporter ainsi… Même lui il avait plus de tenue, hier soir.
Devant la sonnette, mon cousin s'est un peu senti gêné, il nous demandait : " je lui dis quoi ? Pourquoi on est en retard ? " David : " beh on verra bien ". Mon cousin : " je sonne ou pas ? " David : " mais c'est bon ça y est je viens de sonner ". Mon cousin : " ah j'avais pas vu ". Hou la la… ils étaient complètement à la rue tous les deux, pas un pour rattraper l'autre.
Les dernier invités de Sophie s'en allaient au moment pile où nous on arrivait. Ce fut donc des " salut" et des " à bientôt ", avant de nous asseoir à la table, dans le studio de Sophie. En fait elle nous a très bien accueillis, pour elle il n'y avait aucun problème pour le retard. " Vous voulez boire quelque chose ? " qu'elle nous demande. David regarde les bouteilles… " beh ouais un p'tit ricard j'veux bien ". Et c'était reparti. Sophie, qui était décidément beaucoup plus sympathique qu'elle n'en avait eu l'air en nous montrant ses photos de ski, avait même une cargaison d'herbe : elle a roulé un pétard.
Avec David on s'est dirigé vers la caisse de disques pour faire notre choix. Il y avait deux boîtes de CD : à droite ce n'était que des truc tout vieux et démodés, David disait en les regardant " putain que de la bonne ", ironique. Il exagère, dans la boîte de gauche il y en avait quelques-uns uns excellents, à commencer par les Doors d'ailleurs. Mais lui il regardait à droite. D'un seul coup il s'écrie " Daniel Gérard ! ! " Eh oui, le has been par excellence dont il m'avait parlé l'autre jour, celui qui a enregistré deux succès puis dont on n'a plus jamais entendu parler. Il a dit " c'est trop beau je vais le mettre ". Puis il s'est rappelé qu'il n'était pas chez lui et a demandé à Sophie " je peux passer Daniel Gérard ? " Sophie a rigolé car elle avait très bien compris sa motivation par rapport à ce disque.
Là j'ai eu comme un coup de barre. La journée commençait à se tirer en longueur. Je n'avais presque rien bu, mais alors le pétard il m'a achevée. Je me suis allongée sur le lit, David s'est assis à côté de moi et m'a caressé les cheveux. C'était plus qu'il n'en fallait pour me plonger dans un doux sommeil bien agréable. Surtout avec Daniel Gérard en fond.
Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, certainement une bonne heure. Parfois je me réveillais et je voyais David, mon cousin et Sophie discuter à la table. J'ai entendu des trucs bizarres d'ailleurs. Mon cousin parlait de sa participation à des raves, d'extasy et tout le fourbis. Je ne savais pas du tout qu'il allait dans ses trucs-là. Mais j'ai peut-être rêvé, je dormais à moitié… L'air frais de la rue m'a bien réveillée, en sortant de chez Sophie Paris était encore plus calme et plus doux.
Ce matin, le réveil à 7H00 fut difficile. Mais je me suis forcée, je ne veux pas prendre l'habitude de faire des grasses matinées en semaine, je me dis que si je le fais une fois je ne pourrai pas m'empêcher de recommencer. Alors je me suis levée et j'ai travaillé, comme d'habitude, mais plus difficilement.
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