Quand je suis
rentrée hier soir, vers 11h00, David était
à la fenêtre, il fumait sa cigarette.
Moi j'ai appuyé sur le bouton, je ne l'avais
pas vu
Il m'a dit "Salut ma chérie
"
Je l'ai vu au-dessus de ma tête, à
l'étage. Je lui ai dit comme ça
"David ! La clé !" Comme dans
La vie est belle. Il a rigolé un peu et
m'a demandé comment s'était passée
ma soirée à l'atelier théâtre.
Super, ai-je répondu. Mon chien, qui avait
tout compris de ce qui se passait, est venu rejoindre
David à la fenêtre et m'a regardée
en aboyant. J'ai demandé à David
: "Allez s'te plaît ouvre moi !"
Il m'a fait : "Alors moi t'en as rien à
foutre mais ton chien il te manque ! _ Meuh non
! C'est pas ça
" Il a pris son
mégot et a visé la grille d'égout
sur le trottoir. Il l'a jeté en plein dedans.
J'ai applaudi, il est trop fort mon copain.
Puis il a quitté la fenêtre pour
aller appuyer sur le bouton. J'ai ouvert la porte
et suis montée. Il m'attendait là-haut,
sur le pallier. Je me suis collée à
lui et l'ai serré contre moi de toutes
mes forces, c'est à dire pas beaucoup car
des forces, je dois bien reconnaître que
j'en ai peu. Y a pas à tortiller, dans
la vie, on ne peut pas vivre seul. Nous autres
les êtres humains, on a besoin de contact
physique et sentimental. Bien sûr c'est
agréable de se balader seul dans les rues,
bien sûr c'est agréable de s'asseoir
sur un banc pour lire un livre, ou fumer une cigarette
en regardant les gens. Mais sept jours sur sept,
c'est impossible. Ne venez pas me dire le contraire,
je ne pourrai pas le croire.
Ma sur c'était pire encore, la solitude
la rendait malade. Ah elle en a connu, des gars
! Chaque fois c'était le grand amour, l'homme
de sa vie. Elle a eu énormément
de désillusions. Elle en a pourtant connu
de tous les genres. Sauf dans la dernière
année de sa vie, car son état physique
était bien trop lamentable pour qu'un homme
veuille bien d'elle. Allez, j'arrête là
le come-back dans mes souvenirs. Je crois que
je parle beaucoup d'elle, depuis quelques temps.
Nous sommes rentrés là l'intérieur
de l'appartement. Il avait tout préparé
pour manger, je n'avais plus rien d'autre à
faire de que de m'asseoir à la table et
de croiser les pieds dessous. Ca c'est vraiment
gentil, j'apprécie beaucoup. Enfin il a
quand même fallu que je remplisse la gamelle
d'Adonis, parce que ça il n'y pense jamais.
De toutes façons, mon chien trouve ça
toujours meilleur quand c'est moi qui lui mets,
allez savoir pourquoi. Et puis David ne sait pas
faire, il en met toujours soit trop soit trop
peu.
Puis je me suis brossée les dents et suis
allée m'allonger sur le lit, dans sa chambre.
C'était bien agréable, il a enfin
changé la lampe vive et éclatante
qui faisait si mal aux yeux. Désormais
la lumière est douce et reposante, comme
mon esprit à ce moment-là. Le vide
dans ma tête, ce genre de moments est rare,
il ne faut pas les laisser passer. J'étais
allongée sur le dos, les mains sous la
tête, et j'attendais que David me rejoigne.
Il est venu, s'est assis à côté
de moi et m'a proposé de me retourner sur
le ventre, afin de me caresser le dos. Ce que
j'ai fait. Voilà le contact physique dont
je parlais tout à l'heure. Comment peut-on
s'en passer ? C'est si agréable une main
qui se balade sur la peau, dans le dos et partout
ailleurs. Il s'est allongé sur moi. Là
j'ai dit inquiète : "Eh oh ! Ne t'allonge
pas complètement !" Parce que mon
corps sous le sien, je n'aurais pas fait le long
feu, la respiration aurait été difficile.
Il m'a dit "Mais non t'inquiète repose
ta tête". J'ai reposé ma tête
sur l'oreiller et il m'a embrassée dans
le cou. Moi je suis extrêmement chatouilleuse.
Il lui a fallu longtemps, à David, avant
de trouver la technique du bisou dans le cou sans
me faire éclater de rire. Mais maintenant
c'est bon, il maîtrise. Et puis il suffit
de ne pas souffler, ou alors souffler chaud. C'est
pas compliqué, mais il faut y penser.
Je ne vais pas raconter la suite, on la devine.
Hou c'était bon ! Je crois que ce fut l'un
des plus grands actes d'amour physique de ma vie.
Le plus grand. Je ne sais pas pourquoi, toutes
les conditions étaient réunies.
Ne me demandez pas de les énumérer,
ces conditions, j'en serais bien incapable. C'est
du feeling, ça ne s'explique pas. Avec
le recul, je m'aperçois que j'étais
pas mal coincée à ce niveau-là,
avant de rencontrer David. Mais lui il me met
tellement en confiance que tout devient un jeu.
Et on s'amuse bien, lui et moi, toutes les nuits.
Chaque fois c'est différent, chaque fois
c'est nouveau. Ca tient pourtant à rien
du tout. Sans rentrer dans les détails,
par exemple le moment où il était
sur moi. Il ne faisait bien sûr pas reposer
tout son corps, ça m'aurait fait mal. Mais
je sentais le frottement des parties délicates
en bas, c'est tout bête mais c'était
nouveau et incroyablement bon. On fait des choses
que je n'aurais même pas imaginées,
il est toujours plein de surprises. Et même
si à côté il avait tous les
défauts du monde, rien que pour ça
je resterais avec lui. Je me demande si je ne
vais pas m'occuper de prendre la pilule. Je ne
voulais pas le faire, mais j'ai l'impression de
rater quelque chose, quand même
Enfin
il faut d'abord attendre un peu, pour faire le
test du VIH. Je verrai ensuite. Ou plutôt
on verra, lui et moi.
Dans les premiers temps, j'étais toute
contente d'être avec lui, toute enflammée.
Maintenant je me suis bien calmée, mais
c'est dix fois mieux. Je suis carrément
amoureuse. Et j'ai l'impression que ça
va durer longtemps. Ce qui n'était pas
le cas avec les autres, avant. Evidemment, ça
ne durera longtemps que si c'est réciproque,
parce qu'au fond je ne sais pas ce qui se passe
dans sa tête à lui. Mais je crois
qu'il m'aime bien. De toutes façons il
me le dirait sinon, car il dit toujours ce qu'il
pense. J'aimerais vraiment que ma sur soit
encore là pour le lui présenter.
Je suis sûre qu'elle l'aurait trouvé
bien.
Pour en revenir à nos ébats nocturnes,
je me demande où il a appris tout ça.
Est-ce inné, ou bien l'a-t-il appris d'une
autre fille ou femme avant moi ? Je ne sais pas
Je pourrais lui demander, mais ce serait peut-être
déplacé. Et puis c'est agréable
de ne pas savoir, ça laisse planer le mystère
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