journal intime
137 _ mardi 8 avril 2003

Bon accueil

Quand je suis rentrée hier soir, vers 11h00, David était à la fenêtre, il fumait sa cigarette. Moi j'ai appuyé sur le bouton, je ne l'avais pas vu… Il m'a dit "Salut ma chérie…" Je l'ai vu au-dessus de ma tête, à l'étage. Je lui ai dit comme ça "David ! La clé !" Comme dans La vie est belle. Il a rigolé un peu et m'a demandé comment s'était passée ma soirée à l'atelier théâtre. Super, ai-je répondu. Mon chien, qui avait tout compris de ce qui se passait, est venu rejoindre David à la fenêtre et m'a regardée en aboyant. J'ai demandé à David : "Allez s'te plaît ouvre moi !" Il m'a fait : "Alors moi t'en as rien à foutre mais ton chien il te manque ! _ Meuh non ! C'est pas ça…" Il a pris son mégot et a visé la grille d'égout sur le trottoir. Il l'a jeté en plein dedans. J'ai applaudi, il est trop fort mon copain.
Puis il a quitté la fenêtre pour aller appuyer sur le bouton. J'ai ouvert la porte et suis montée. Il m'attendait là-haut, sur le pallier. Je me suis collée à lui et l'ai serré contre moi de toutes mes forces, c'est à dire pas beaucoup car des forces, je dois bien reconnaître que j'en ai peu. Y a pas à tortiller, dans la vie, on ne peut pas vivre seul. Nous autres les êtres humains, on a besoin de contact physique et sentimental. Bien sûr c'est agréable de se balader seul dans les rues, bien sûr c'est agréable de s'asseoir sur un banc pour lire un livre, ou fumer une cigarette en regardant les gens. Mais sept jours sur sept, c'est impossible. Ne venez pas me dire le contraire, je ne pourrai pas le croire.
Ma sœur c'était pire encore, la solitude la rendait malade. Ah elle en a connu, des gars ! Chaque fois c'était le grand amour, l'homme de sa vie. Elle a eu énormément de désillusions. Elle en a pourtant connu de tous les genres. Sauf dans la dernière année de sa vie, car son état physique était bien trop lamentable pour qu'un homme veuille bien d'elle. Allez, j'arrête là le come-back dans mes souvenirs. Je crois que je parle beaucoup d'elle, depuis quelques temps.
Nous sommes rentrés là l'intérieur de l'appartement. Il avait tout préparé pour manger, je n'avais plus rien d'autre à faire de que de m'asseoir à la table et de croiser les pieds dessous. Ca c'est vraiment gentil, j'apprécie beaucoup. Enfin il a quand même fallu que je remplisse la gamelle d'Adonis, parce que ça il n'y pense jamais. De toutes façons, mon chien trouve ça toujours meilleur quand c'est moi qui lui mets, allez savoir pourquoi. Et puis David ne sait pas faire, il en met toujours soit trop soit trop peu.
Puis je me suis brossée les dents et suis allée m'allonger sur le lit, dans sa chambre. C'était bien agréable, il a enfin changé la lampe vive et éclatante qui faisait si mal aux yeux. Désormais la lumière est douce et reposante, comme mon esprit à ce moment-là. Le vide dans ma tête, ce genre de moments est rare, il ne faut pas les laisser passer. J'étais allongée sur le dos, les mains sous la tête, et j'attendais que David me rejoigne.
Il est venu, s'est assis à côté de moi et m'a proposé de me retourner sur le ventre, afin de me caresser le dos. Ce que j'ai fait. Voilà le contact physique dont je parlais tout à l'heure. Comment peut-on s'en passer ? C'est si agréable une main qui se balade sur la peau, dans le dos et partout ailleurs. Il s'est allongé sur moi. Là j'ai dit inquiète : "Eh oh ! Ne t'allonge pas complètement !" Parce que mon corps sous le sien, je n'aurais pas fait le long feu, la respiration aurait été difficile. Il m'a dit "Mais non t'inquiète repose ta tête". J'ai reposé ma tête sur l'oreiller et il m'a embrassée dans le cou. Moi je suis extrêmement chatouilleuse. Il lui a fallu longtemps, à David, avant de trouver la technique du bisou dans le cou sans me faire éclater de rire. Mais maintenant c'est bon, il maîtrise. Et puis il suffit de ne pas souffler, ou alors souffler chaud. C'est pas compliqué, mais il faut y penser.
Je ne vais pas raconter la suite, on la devine. Hou c'était bon ! Je crois que ce fut l'un des plus grands actes d'amour physique de ma vie. Le plus grand. Je ne sais pas pourquoi, toutes les conditions étaient réunies. Ne me demandez pas de les énumérer, ces conditions, j'en serais bien incapable. C'est du feeling, ça ne s'explique pas. Avec le recul, je m'aperçois que j'étais pas mal coincée à ce niveau-là, avant de rencontrer David. Mais lui il me met tellement en confiance que tout devient un jeu. Et on s'amuse bien, lui et moi, toutes les nuits. Chaque fois c'est différent, chaque fois c'est nouveau. Ca tient pourtant à rien du tout. Sans rentrer dans les détails, par exemple le moment où il était sur moi. Il ne faisait bien sûr pas reposer tout son corps, ça m'aurait fait mal. Mais je sentais le frottement des parties délicates en bas, c'est tout bête mais c'était nouveau et incroyablement bon. On fait des choses que je n'aurais même pas imaginées, il est toujours plein de surprises. Et même si à côté il avait tous les défauts du monde, rien que pour ça je resterais avec lui. Je me demande si je ne vais pas m'occuper de prendre la pilule. Je ne voulais pas le faire, mais j'ai l'impression de rater quelque chose, quand même… Enfin il faut d'abord attendre un peu, pour faire le test du VIH. Je verrai ensuite. Ou plutôt on verra, lui et moi.
Dans les premiers temps, j'étais toute contente d'être avec lui, toute enflammée. Maintenant je me suis bien calmée, mais c'est dix fois mieux. Je suis carrément amoureuse. Et j'ai l'impression que ça va durer longtemps. Ce qui n'était pas le cas avec les autres, avant. Evidemment, ça ne durera longtemps que si c'est réciproque, parce qu'au fond je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête à lui. Mais je crois qu'il m'aime bien. De toutes façons il me le dirait sinon, car il dit toujours ce qu'il pense. J'aimerais vraiment que ma sœur soit encore là pour le lui présenter. Je suis sûre qu'elle l'aurait trouvé bien.
Pour en revenir à nos ébats nocturnes, je me demande où il a appris tout ça. Est-ce inné, ou bien l'a-t-il appris d'une autre fille ou femme avant moi ? Je ne sais pas… Je pourrais lui demander, mais ce serait peut-être déplacé. Et puis c'est agréable de ne pas savoir, ça laisse planer le mystère…

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